Introduction
Au maghada
Voyage à vesali
Fin du désir de vie
Le dernier repas
A kusinara
Disparition
Hommage
Notes
MAHA-PARINIBBANA
SUTTA
Digha Nikaya 16
Introduction
Des trente-quatre
discours (suttas) que comprend le Digha Nikaya (Collection des Longs
Discours), le nôtre, le seizième, est le plus long, et occupe donc la
première place en tout et pour tout, par rapport à la longueur.
Il préserve l'aspect
principal du sutta bouddhiste, en ceci qu'il est, tout comme d'autres, une
répétition d'événements tels qu'ils ont été observés. Considérant sa
composition spécifique, cependant, il est, plus que d'autres suttas,
capable non seulement de gagner l'affection des bouddhistes pieux, ainsi
qu'il le fait naturellement, mais également d'attirer le lecteur en
général, puisqu'il est effectivement un superbe spécimen de littérature
sacrée universelle.
Il donne également
une bonne idée générale des enseignements du Bouddha, même s'il offre bien
peu de choses qu'on ne trouve pas -- et dont on traite souvent de façon
plus détaillée -- dans d'autres suttas.
A la fin de sa vie,
après presqu'un demi-siècle de ministère, le Maître avait depuis longtemps
enseigné tout ce qui était nécessaire pour atteindre l'idéal. Au cours de
la dernière période, sa première préoccupation fut donc de persuader ses
disciples de la nécessité de mettre en pratique sans broncher ces
enseignements mêmes: prière qui pouvait difficilement, certes, manquer à
exciter leurs coeurs plus que jamais auparavant.
Le Sangha en vint,
effectivement, à observer le plus grand événement de son histoire, et en
fut très nettement conscient, surtout parce que le Maître avait annoncé
son Parinibbâna trois mois à l'avance. L'impression sur les bhikkhus se
rassemblèrent autour de lui en grand nombre alors qu'il se pressait vers
le nord fut énorme, et ne put manquer d'être reflété de façon éclatante
dans les compte-rendus oraux. (Le Canon bouddhiste fut, à l'origine, ainsi
qu'on le sait bien, entièrement oral.) A cause de son importance
particulière et de son abondance, ce matériau fut rapidement assemblé en
un seul corpus, et ce fut là l'origine de notre sutta.
A cet égard, il est
difficilement possible de ne pas se rappeler avec gratitude le Vénérable
Ananda. Sa part dans la préservation des paroles du Maître est supérieure
à celle de tout autre bhikkhu, et sa figure est inséparable de nos textes.
Cela devait devenir manifeste à tout moment dans le Maha-parinibbana Sutta,
qui est carrément inimaginable sans lui. Car c'est à Ananda, et toujours à
Ananda, que s'adresse le Maître, ayant vérifié pendant vingt-cinq années
son écoute sûre et sa brillante mémoire ainsi que son infatigable dévotion
personnelle. Mais c'est Ananda aussi, ici plus que ailleurs, qui, par ses
demandes constantes, se soucis, et ses étonnements, qui devient sans le
vouloir la figure centrale à côté du Maître lui-même, ce qui sans doute
augmente l'attrait du texte. C'est donc ainsi qu'Ananda, gentil et
agréable ainsi que le veut son nom, et se méritant pourtant à travers
presque toute sa carrière les reproches de ses frères, fut immortalisé
avec son Maître bien-aimé, et -- ainsi que nous pourrions ajouter -- avec
son étrange position entre louange et blâme, assuma un caractère mystique
dans le troisième chapitre.
Ce troisième chapitre
est presque entièrement consacré à la description des circonstances en
rapport avec l'abandonner de la vie par Maître, qui est le point culminant
d'une série d'événements. Il fait irrésistiblement comprendre la
signification purement métaphysique du Parinibbâna, ou du moins le devrait.
Car le Bouddha n'a ni succombé à sa fatale maladie ni n'a cédé à l'appel
de Mara (qui est identique au non-appel d'Ananda), mais a souverainement
laissé filer son existence à l'heure appropriée, tout comme quarante-cinq
années plus tôt, en devenant pleinement éveillé, il avait pris sur lui
l'épuisante tâche d'enseigner aux hommes. Ceci fait beaucoup réfléchir, et
entraîne logiquement la conclusion que par son Parinibbâna, le Bouddha a
effectivement porté le dernier et le plus élevé des témoignages qu'il fut
possible en faveur de son Enseignement, ce qui ne permet pas de se laisser
aller à une dernière inclination à la préservation et la continuation de
soi, mais au contraire atteint la fin la plus jubilatoire de toutes. Le
Parinibbâna du Maître est donc cet événement le plus triste de l'histoire
du Bouddhisme qui se révèle, en définitive, de par son sens réel, être le
plus heureux.
Soeur Vajira Ceylan
Mai 1961
1. Ainsi l'ai-je
entendu. Un jour le Béni du Ciel [1] demeurait à Rajagaha, sur la colline
appelée Pic du Vautour. A cette époque, le roi de Magadha, Ajatasattu,
fils de la reine Videhi, [2] voulut faire la guerre aux Vajjis. Il parla
de la sorte: "Ces Vajjis, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais
les annihiler, je vais les faire périr, je vais complètement les détruire."
2. Et Ajatasattu, le
roi de Magadha, s'adressa à son premier ministre, le brahmane Vassakara,
en disant: "Allons, brahmane, va trouver le Béni du Ciel, rends-lui
hommage en mon nom à ses pieds, souhaite lui bonne santé, force, aisance,
vigueur, et réconfort, et dis-lui ceci: 'O Seigneur, Ajatasattu, le roi de
Magadha, désire faire la guerre aux Vajjis. Il a dit de la sorte: "Ces
Vajjis, puissants et glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je
vais les faire périr, je vais complètement les détruire."' Et quoi que te
réponde le Béni du Ciel, garde-le bien à l'esprit et informe m'en; car les
Tathagatas [3] ne parlent pas faussement."
3. "Très bien, sire,"
dit le brahmane Vassakara en assentiment à Ajatasattu, roi de Magadha. Et
il ordonna qu'un grand nombre de voitures magnifiques fut préparé, en
monta un lui-même, et accompagné par le reste, sortit de Rajagaha en
direction du Pic du Vautour. Il poursuivit aussi loin que put aller la
voiture, puis, en étant descendu de voiture, il s'approcha du Béni du Ciel
à pied. Après avoir échangé de courtoises salutations avec le Béni du Ciel,
de même que bien des paroles agréables, il s'assit d'un côté et s'adressa
comme suit au Béni du Ciel: "Vénérable Gotama, Ajatasattu, le roi de
Magadha, rend hommage aux pieds du Vénérable Gotama et lui souhaite bonne
santé, force, aisance, vigueur, et réconfort. Il désire faire la guerre
aux Vajjis, et il s'est prononcé de la sorte: 'Ces Vajjis, puissants et
glorieux comme ils le sont, je vais les annihiler, je vais les faire périr,
je vais complètement les détruire.'"
condition du bien être d'une nation
4. A ce moment le
Vénérable Ananda [4] se tenait derrière le Béni du Ciel, en train de
l'éventer, et le Béni du Ciel s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: "Qu'as-tu
entendu, Ananda: est-ce que les Vajjis se rassemblent fréquemment, et
est-ce que leurs rassemblement sont bien courus?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, qu'il en est ainsi."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis s'assemblent et se dispersent en paix et
s'occupent de leurs affaires en concorde?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, que c'est ce qu'ils font."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis n'ont ni promulgué de nouveaux décrets ni
aboli ceux qui existent, mais procèdent en accord avec leurs antiques
constitutions?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, que c'est ce qu'ils font."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis honorent, estiment, montrent du respect, et
de la vénération envers leurs anciens et pensent qu'il vaut la peine des
écouter?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, que c'est ce qu'ils font."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis évitent d'enlever les femmes et les jeunes
filles de bonne famille et des détenir?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, qu'ils évitent du faire."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis honorent, estiment, montrent du respect, et
de la vénération envers leurs sanctuaires, autant ceux qui sont à
l'intérieur de la cité que ceux qui sont à l'extérieur, et ne les privent
pas des justes offrandes ainsi données et précédemment à eux faites?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, qu'ils vénèrent effectivement leurs sanctuaires, et qu'ils ne
les privent pas de leurs offrandes."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin.
"Qu'as-tu entendu,
Ananda: est-ce que les Vajjis protègent et gardent dûment les arahats, de
sorte que ceux qui ne sont pas venus en leur royaume pourraient le faire,
et que ceux qui y sont déjà puissent y vivre en paix?"
"J'ai entendu dire,
Seigneur, que c'est ce qu'ils font."
"Pour le moment,
Ananda, comme c'est le cas, on peut s'attendre à la croissance des Vajjis,
pas à leur déclin."
5. Et le Béni du Ciel
s'adressa au brahmane Vassakara en ces paroles: "Un jour, brahmane, je
demeurais à Vesali, au sanctuaire Sarandada, et ce fut là que j'enseignai
aux Vajjis ces sept conditions qui mènent au bien-être (d'une nation). [5]
Pour le moment, brahmane, ces conditions perdurent toujours chez les
Vajjis, et les Vajjis sont connus pour elles, on peut donc s'attendre à
leur croissance, pas à leur déclin."
Là-dessus le brahmane
Vassakara parla ainsi au Béni du Ciel: "Si les Vajjis, Vénérable Gotama,
n'étaient dotés que d'une seule ou d'une autre de ces qui conduisent au
bien-être, on pourrait s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Alors toutes les sept? Aucun mal, effectivement, ne peut être fait aux
Vajjis au combat par le roi de Magadha, Ajatasattu, à part par traîtrise
ou discorde. Bien, dans ce cas, Vénérable Gotama, nous allons prendre
congé, car nous avons beaucoup à faire, beaucoup de travail à effectuer."
"Fais comme bon te
semble, brahmane." Et le brahmane Vassakara, premier ministre de Magadha,
approuvant les paroles du Béni du Ciel et ravi par elles, se leva de son
siège et partit.
condition du bien être des bikkhus
6. Alors, peu après
le départ de Vassakara, le Béni du Ciel s'adressa comme suit au Vénérable
Ananda: "Va maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous
les bhikkhus qui vivent aux alentours de Rajagaha."
"Très bien,
Seigneur." Et le Vénérable Ananda fit comme on lui avait demandé et
informa le Béni du Ciel: "La communauté des bhikkhus est rassemblée,
Seigneur. Que le Béni du Ciel fasse maintenant comme il le désire."
Là-dessus le Béni du
Ciel se leva de son siège, monta à la salle d'audience, y prit sa place,
et s'adressa ainsi aux bhikkhus: "Je vais exposer sept conditions qui
conduisent au bien-être, bhikkhus. et soyez attentifs à ce que je vais
dire." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils
s'assembleront fréquemment et en grand nombre; se rencontreront et se
disperseront en paix et s'occuperont des affaires du Sangha en concorde;
tant qu'ils ne promulgueront pas de nouvelles règles, et n'aboliront pas
celles qui existent, mais procéderont en accord avec le code
d'entraînement (Vinaya); tant qu'ils honoreront, estimeront, montreront du
respect, et de la vénération envers les anciens bhikkhus, ceux de longue
pratique, depuis longtemps passés, les pères et chefs du Sangha, et
penseront qu'il vaut la peine des écouter; tant qu'ils ne tomberont pas au
pouvoir de l'envie insatiable qui conduit à un nouveau devenir; tant
qu'ils chériront les profondeurs de la forêt pour leur demeure; tant
qu'ils s'établiront dans l'attention, de sorte que les frères vertueux de
l'Ordre qui n'y sont pas encore venus puissent le faire, et que ceux qui y
sont déjà venus puissent vivre en paix; tant et si longtemps, bhikkhus,
que ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les
bhikkhus et que les bhikkhus seront connus pour elles, on pourra
s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
7. "Je vais exposer
sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. et
soyez attentifs à ce que je vais dire." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils ne se
régaleront pas, ne se complairont pas, et n'apprécieront pas les activités,
la conversation, le sommeil, et la compagnie; tant qu'ils n'hébergeront
pas..., ne tomberont pas sous l'emprise des, mauvais désirs; n'auront pas
de mauvais amis, associés, ou compagnons; et tant qu'ils ne s'arrêteront
pas à mi-chemin en raison de quelque résultat mineur. Dans cette mesure,
bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au bien-être
perdureront parmi les bhikkhus et que les bhikkhus seront connus pour cela,
on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Sept bonnes
qualités [6]
8. Je vais exposer
sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. et
soyez attentifs à ce que je vais dire." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils
auront foi, tant qu'ils auront de la pudeur et la crainte de l'inconduite,
qu'ils seront compétents dans l'étude, résolus, attentifs, et sages. Dans
cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions qui conduisent au
bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront
connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur
déclin.
Sept facteurs de
l'Éveil [7]
9. Je vais exposer
sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus.
Écoutez et soyez attentifs à ce que je vais dire." "Qu'il en soit ainsi,
Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils
cultiveront les sept facteurs de l'Éveil, c'est-à-dire: l'attention,
l'investigation des phénomènes, l'énergie, la béatitude, la tranquillité,
la concentration, et l'équanimité. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que
ces sept conditions qui conduisent au bien-être perdureront parmi les
bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour cela, on pourra
s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Sept perceptions
10. Je vais exposer
sept conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. et
soyez attentifs à ce que je vais dire." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils
cultiveront la perception de l'impermanence, du non-soi, de l'impureté (du
corps), de la misère (du corps), de l'abandonner, du dépassionnement, et
de la cessation. Dans cette mesure, bhikkhus, tant que ces sept conditions
qui conduisent au bien-être perdureront parmi les bhikkhus, et que les
bhikkhus seront connus pour cela, on pourra s'attendre à leur croissance,
pas à leur déclin.
Six conditions à
se rappeler [8]
11. "Je vais exposer
six conditions supplémentaires qui conduisent au bien-être, bhikkhus. et
soyez attentifs à ce que je vais dire." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
"On peut s'attendre à
la croissance des bhikkhus, pas à leur déclin, bhikkhus, tant qu'ils
auront mutuellement soin les uns des autres avec bonté en faits, en
paroles et en pensées, autant en public qu'en privé; tant qu'ils
respecteront ce qu'ils reçoivent dûment comme offrandes, même le contenu
de de leurs bols à aumônes, qu'ils n'en feront pas usage sans en partager
avec des membres vertueux de la communauté; tant que, en compagnie de
leurs frères, ils s'entraîneront, autant en public qu'en privé, aux règles
de conduite, qui sont complètes et parfaites, sans tache et pures,
libératoires, louées par les sages, non-influencées (par des
préoccupations mondaines), et favorables à la concentration de l'esprit;
et en compagnie de leurs frères, préserveront, autant en public qu'en
privé, la pénétration qui est noble et libératoire, et conduit celui qui
agit dessus à la totale destruction de la souffrance. Dans cette mesure,
bhikkhus, tant que ces six conditions qui conduisent au bien-être
perdureront parmi les bhikkhus, et que les bhikkhus seront connus pour
cela, on pourra s'attendre à leur croissance, pas à leur déclin.
Conseil aux
bhikkhus
12. Et le Béni du
Ciel, lorsqu'il vivait à Rajagaha, sur la colline appelée Pic du Vautour,
souvent donnait ainsi conseil aux bhikkhus:
"Telle et telle est
la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la
sagesse. [9] Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration
lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand
devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est
pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement
développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions [10] de
la luxure, du devenir, et de l'ignorance."
13. Quand le Béni du
Ciel eut resté à Rajagaha aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: "Allons, Ananda, allons à
Ambalatthika." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
Et le Béni du Ciel
prit ses quartiers à Ambalatthika, de même qu'une grande communauté des
bhikkhus.
14. A Ambalatthika le
Béni du Ciel vint demeurer dans la maison de repos du roi; et là, aussi,
le Béni du Ciel souvent donnait ainsi conseil aux bhikkhus:
"Telle et telle est
la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la
sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration
lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand
devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est
pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement
développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la
luxure, du devenir, et de l'ignorance."
15. Quand le Béni du
Ciel eut resté à Ambalatthika aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda ainsi: "Allons, Ananda, allons à Nalanda." "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur."
Et le Béni du Ciel
prit ses quartiers à Nalanda de même qu'une grande communauté des bhikkhus,
et vint demeurer dans le bosquet de manguiers de Pavarika.
le rugissement de lion
de Sariputta
16. Alors le
Vénérable Sariputta alla trouver le Béni du Ciel, les salua
respectueusement, s'assit d'un côté, et lui parla comme suit:
"J'ai, Seigneur,
cette foi dans le Béni du Ciel, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y aura pas,
ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté dans
l'Éveil que le Béni du Ciel."
"Noble effectivement
est ce discours que tu fais, Sariputta, et seigneurial! Fiers propos, et
véritable rugissement d'un lion! Mais comment est-cela, Sariputta? Ces
Arahats, Pleinement Éveillés du passé -- as-tu connaissance directe et
personnelle de tous ces Bénis du Ciel, ainsi que de leurs vertus, de leur
méditation, [12] de leur sagesse, de leurs demeures, et de leur
émancipation?" [13] "Ce n'est pas le cas, Seigneur."
"Alors comment
est-cela, Sariputta? Ces Arahats, Pleinement Éveillés du futur -- as-tu
connaissance directe et personnelle de tous ces Bénis du Ciel, ainsi que
de leurs vertus, de leur méditation, de leur sagesse, de leurs demeures,
et de leur émancipation?" "Ce n'est pas le cas, Seigneur."
"Alors comment
est-cela, Sariputta? De moi, qui suis à présent l'Arhat, le Pleinement
Éveillé, as-tu connaissance directe et personnelle, ainsi que de ma vertu,
de ma méditation, de ma sagesse, de mes demeures, et de mon
émancipation?"Ce n'est pas le cas, Seigneur."
"Alors il est clair,
Sariputta, que tu n'a pas une telle connaissance directe et personnelle
des Arahats, des Pleinement Éveillés du passé, du futur, et du présent.
Comment oses-tu donc prononcer un discours aussi noble et seigneurial, des
propos aussi fiers, un véritable rugissement de lion, en disant: 'J'ai,
Seigneur, cette foi dans le Béni du Ciel, qu'il n'y a pas été, qu'il n'y
aura pas, ni y a-t-il maintenant, d'autre reclus ou brahmane plus exalté
dans l'Éveil que le Béni du Ciel.?"
17. "Je n'ai
effectivement pas une telle connaissance directe et personnelle, Seigneur,
des Arahats, des Pleinement Éveillés du passé, du futur, et du présent; et
pourtant j'en suis venu à reconnaître la légitimité du Dhamma. Supposons,
Seigneur, qu'une forteresse frontalière d'un roi soit fortement fortifiée,
avec de forts remparts et tourelles, et qu'elle n'avait qu'une seule porte,
et qu'il y avait là un portier, intelligent, expérimenté, et prudent, qui
empêcherait l'étranger d'entrer mais permettrait à l'ami d'entrer. En
patrouillant le sentier qui fait le tour de la forteresse, il ne perçoit
pas de trou ou de fissure dans les remparts même assez grands pour
permettre à un chat de s'y glisser. Il en vient donc à la conclusion: 'Quelles
que soient les choses vivantes qui doivent entrer ou quitter cette cité,
elles devront toutes passer par cette porte.' De même, Seigneur, j'en suis
venu à connaître la légitimité du Dhamma.
"Car, Seigneur, tous
les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Éveillés du passé avaient abandonné
les cinq empêchements, [14] les souillures mentales qui affaiblissent la
sagesse; avaient bien établi leurs esprits dans les quatre fondations de
l'attention; [15] avaient dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et
étaient pleinement éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé.
"Et, Seigneur, tous
les Bénis du Ciel, Arahats, Pleinement Éveillés du futur vont abandonner
les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent la
sagesse; vont bien établir leurs esprits dans les quatre fondations de
l'attention; vont dûment cultiver les sept facteurs de l'éveil, et vont
être pleinement éveillés dans l'Éveil suprême insurpassé.
"Et le Béni du Ciel
aussi, Seigneur, étant à présent l'Arhat, le Pleinement Eveillé, a
abandonné les cinq empêchements, les souillures mentales qui affaiblissent
la sagesse; a bien établi son esprit dans les quatre fondations de
l'attention; a dûment cultivé les sept facteurs de l'éveil, et est
pleinement éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé."
18. Et aussi à
Nalanda, dans le bosquet de manguiers de Pavarika, le Béni du Ciel souvent
donnait conseil aux bhikkhus ainsi:
"Telle et telle est
la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle est la
sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la concentration
lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite vertueuse; grand
devient le fruit, grand est le gain de la sagesse lorsqu'elle est
pleinement développée par la concentration; l'esprit qui est pleinement
développé dans la sagesse est complètement libéré des pollutions de la
luxure, du devenir, et de l'ignorance.."
19. Lorsque le Béni
du Ciel eut resté à Nalanda aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda ainsi: "Allons, Ananda, allons à Pataligama."
"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à
Pataligama de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
20. Alors les dévots
de Pataligama vinrent à savoir: "Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à
Pataligama." Et ils approchèrent le Béni du Ciel, le saluèrent
respectueusement, s'assirent d'un côté, et s'adressèrent à lui ainsi: "Puisse
le Béni du Ciel, Seigneur, nous faire la bonté de visiter notre salle du
conseil." Et le Béni du Ciel consentit par son silence.
21. Connaissant le
consentement du Béni du Ciel, les dévots de Pataligama se levèrent de
leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en gardant leur côté
droit tourné vers lui, partirent pour la salle du conseil. Alors ils
préparèrent la salle du conseil en couvrant le sol de partout, en
disposant des sièges et de l'eau, et en installant une lampe à huile. Cela
fait, ils retournèrent auprès du Béni du Ciel, le saluèrent
respectueusement, et debout d'un côté, annoncèrent: "Seigneur, la salle du
conseil est prête, avec le sol recouvert de partout, des sièges et de
l'eau ont été disposés, et qu'une lampe à huile a été préparée. Que vienne
le Béni du Ciel, Seigneur, à son gré.
22. Et le Béni du
Ciel se prépara, et prenant son bol et sa robe, il s'en alla à la salle du
conseil en compagnie de plusieurs bhikkhus. Après s'être lavé les pieds,
le Béni du Ciel entra dans la salle du conseil et prit place tout près du
pilier du milieu, face à l'est. La communauté des bhikkhus, après s'être
lavé les pieds, entra elle aussi dans la salle du conseil et prit place
près du mur ouest, face à l'est, de sorte que le Béni du Ciel se trouva
devant eux. Et les dévots de Pataligama, après s'être lavé les pieds et
être entrés dans la salle du conseil, s'assirent près du mur est, face à
l'ouest, de sorte que le Béni du Ciel se trouva face à eux.
les fruits d'une vie morale et d'une vie
immorale
23. Là-dessus le Béni
du Ciel s'adressa ainsi aux dévots de Pataligama: "L'homme immoral,
maîtres de maison, en s'éloignant de la vertu, va à l'encontre de cinq
périls: de grandes pertes de fortune à cause de l'insouciance; une
mauvaise réputation; un comportement timide et troublé dans toute société,
que ce soit celle des nobles, des brahmanes, des maîtres de maison, ou des
ascètes; la mort dans l'hébétude; et, à la dissolution du corps après la
mort, à une renaissance dans un domaine de misère, dans un état malheureux,
dans le monde inférieur, en enfer.
24. "Cinq
bénédictions, maîtres de maison, échoient à l'homme honnête à cause de sa
pratique de la vertu: grande augmentation de fortune à cause de sa
diligence; une réputation favorable; une prestance assurée, sans timidité,
dans toute société, que ce soit celle de nobles, de brahmanes, de maîtres
de maison, ou d'ascètes; une mort sereine; et, à la dissolution du corps
après la mort, une renaissance dans un état heureux, dans un monde céleste."
25. Et le Béni du
Ciel passa une grande partie de la nuit à instruire les dévots de
Pataligama dans le Dhamma, les incitant, les édifiant, et les réjouissant,
après quoi il leur donna congé, en disant: "La nuit est très avancée,
maîtres de maison. Vous pouvez y aller à votre gré. "Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et les dévots de Pataligama se levèrent de leurs sièges,
saluèrent respectueusement le Béni du Ciel, et tout en gardant leur côté
droit tourné vers lui, partirent. Et le Béni du Ciel, peu après leur
départ, se retira dans ses quartiers.
26. A ce moment-là
Sunidha et Vassakara, les principaux ministres de Magadha, étaient à
construire une forteresse à Pataligama en défense contre les Vajjis. Et
des devas en grand nombre, comptés par milliers, avaient pris possession
de sites à Pataligama. Dans la région où des devas de grand pouvoir
prévalaient, des officiels de grand pouvoir s'occupaient à construire des
édifices; et là où des devas de moyen et de moindre pouvoirs prévalaient,
des officiels de moyen et de moindre pouvoirs s'occupaient à construire
des édifices.
27. Et le Béni du
Ciel vit avec l'oeil céleste, pur et transcendant la faculté des hommes,
des devas, comptés par milliers, là où ils avaient pris possession de
sites dans Pataligama. Et se levant avant que la nuit fut passée, avant
l'aube, le Béni du Ciel s'adressa ainsi au Vénérable Ananda: "Qui est-ce,
Ananda, qui est en train de construire une cité à Pataligama?" "Sunidha et
Vassakara, Seigneur, les principaux ministres de Magadha, sont en train de
construire une forteresse à Pataligama, en défense contre les Vajjis."
28. "C'est, Ananda,
comme si Sunidha et Vassakara avaient pris conseil avec les dieux des
Trente-trois. Car j'ai observé, Ananda, avec l'oeil céleste, pur et
transcendant la faculté des hommes, un grand nombre de devas, comptés par
milliers, qui ont pris possession de sites à Pataligama. Dans la région où
des devas de grand pouvoir prévalent, des officiels de grand pouvoir
s'occupent de construire des édifices; et là où des devas de moyen et
moindre pouvoirs prévalent, des officiels de moyen et moindre pouvoirs
s'occupent de construire des édifices. En vérité, Ananda, aussi loin que
s'étendent la race aryenne et les routes commerciales, cela sera la très
importante cité de Pataliputta, un centre du commerce. [16] Mais
Pataliputta, Ananda, va être assailli par trois périls -- le feu, l'eau,
et les dissensions."
29. Alors Sunidha et
Vassakara allèrent trouver le Béni du Ciel, et après avoir courtoisement
salué le Béni du Ciel, et avoir échangé beaucoup de paroles agréables, ils
se tinrent d'un côté et s'adressèrent à lui ainsi: "Puisse le Vénérable
Gotama daigner accepter notre invitation au repas de demain, ensemble avec
la communauté des bhikkhus." Et le Béni du Ciel consentit par son silence.
30. Connaissant le
consentement du Béni du Ciel, Sunidha et Vassakara partirent pour leurs
propres demeures, où ils firent préparer des mets de choix, durs et
tendres. Et quand il fut temps, ils annoncèrent au Béni du Ciel: "Il est
temps, Vénérable Gotama; le repas est prêt." Là-dessus le Béni du Ciel se
prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit
ensemble avec la communauté des bhikkhus chez Sunidha et Vassakara, où il
prit le siège préparé pour lui. Et Sunidha et Vassakara eux-mêmes
servirent la communauté des bhikkhus conduite par le Bouddha, et les
servirent avec des mets de choix, durs et tendres. Lorsque le Béni du Ciel
eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, ils prirent des
sièges bas et s'assirent d'un côté.
31. Et le Béni du
Ciel les remercia avec ces stances:
"Partout où il habite,
l'homme prudent
Pourvoit aux besoins
du chaste et du vertueux;
Et ayant fait des
dons à ces dignes personnes,
Il partage ses
mérites avec les devas locaux.
Et ainsi honorés, ils
l'honorent en retour,
Ils lui sont gracieux
ainsi qu'une mère
L'est envers son
propre fils unique;
Et qui jouit ainsi de
la grâce des devas,
Et est aimé par eux,
il voit sa bonne fortune."
Après ceci, le Béni
du Ciel se leva de son siège et partit.
la traversée du gange
32. Alors Sunidha et
Vassakara suivirent derrière le Béni du Ciel, pas à pas, en disant: "Quelle
que soit la porte par laquelle sortira l'ermite Gotama aujourd'hui, on
l'appellera la Porte Gotama; et le gué par lequel il traversera le Gange,
on l'appellera le gué de Gotama." Et il en fut ainsi, en ce qui concerne
la porte.
33. Mais quand le
Béni du Ciel arriva au Gange, ce dernier était en pleine crue, de sorte
que les corneilles pouvaient en boire. Et des gens partirent à la
recherche d'un bateau ou d'un bac, cependant que d'autres assemblaient un
radeau, parce qu'ils désiraient traverser. Mais le Béni du Ciel, aussi
vite qu'un homme fort pourrait étendre son bras plié, ou replier son bras
étendu, disparut de ce côté du Gange, et se retrouva de l'autre côté.
34. Et le Béni du
Ciel vit les gens qui désiraient traverser chercher un bateau ou un bac,
cependant que d'autres assemblaient des radeaux. Et alors le Béni du Ciel,
les voyant ainsi, prononça cette phrase solennelle:
"Ceux qui ont franchi
le vaste océan,
Laissant loin
derrière les terres basses,
Alors que d'autres
attachent encore leurs frêles radeaux,
Sont sauvés par la
sagesse sans pareille."
les quatre Nobles Vérités
1. Alors le Béni du
Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, allons à
Kotigama." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses
quartiers à Kotigama de même qu'une grande communauté de bhikkhus.
2. Et le Béni du Ciel
s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Bhikkhus, c'est par défaut de
réalisation, par défaut de pénétration des Quatre Nobles Vérités que vous
et moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la
naissance et de la mort.
Que sont ces quatre?
Ce sont la noble
vérité de la souffrance;
la noble vérité de
l'origine de la souffrance;
la noble vérité de la
cessation de la souffrance;
et la noble vérité du
chemin de la cessation de la souffrance.
Mais maintenant,
bhikkhus, que ces vérités ont été réalisées et pénétrées, tranché est le
désir insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au
renouvellement du devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir."
3. Ainsi fut dit par
le Béni du Ciel. Et le Béni du Ciel, le Maître, dit encore:
"De n'avoir pas vu
les Quatre Nobles Vérités,
Long fut le dur
chemin de naissance à naissance.
Dès qu'on les connaît,
saute la cause de la renaissance,
Arrachée la racine du
chagrin; alors prend fin la renaissance."
4. Et à Kotigama
aussi le Béni du Ciel donnait souvent ainsi conseil aux bhikkhus: "Telle
et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et
telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la
concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite
vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse
lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui
est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des
pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance.."
5. Lorsque le Béni du
Ciel eut resté à Kotigama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, allons à Nadika."
"Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Nadika de même qu'une
grande communauté de bhikkhus, demeurant dans la Maison de Briques.
les quatre réussites spécifiques
6. Alors le Vénérable
Ananda s'approcha du Béni du Ciel et, après l'avoir salué respectueusement,
s'assit d'un côté. Et il dit au Béni du Ciel: "Ici à Nadika, Seigneur,
sont décédés le bhikkhu Salha et la bhikkhuni Nanda. De même sont décédés
le laïc Sudatta et la laïque Sujata; de même les laïcs Kakudha, Kalinga,
Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda, et Subhadda. Quel est leur
destin, Seigneur? Quel est leur futur état?"
7. "Le bhikkhu Salha,
Ananda, grâce à la destruction des pollutions a atteint en cette vie-même
à la délivrance sans tache de l'esprit et à la délivrance grâce à la
sagesse, l'ayant connu directement et l'ayant réalisé par lui-même. [17]
"La bhikkhuni Nanda,
Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les
êtres au monde des sens), est montée spontanément (dans le Suddhavasa des
devas) et arrivera à la cessation finale dans en cet endroit-même, non
susceptible de revenir de ce monde (anagami).
"Le laïc Sudatta,
Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes (l'auto-persuasion, le
doute, et la foi dans l'efficacité des rituels et des observances), et
l'amoindrissement de la luxure, de la haine, et de l'illusion, est devenu
un ne-revient-qu'une-fois (sakadagami) et il est en mesure de mettre fin à
la souffrance après n'être revenu qu'une fois de plus à ce monde.
"La laïque Sujata,
Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, est devenue une entrée-dans-le-courant
(sotapanna), et ne risque plus de tomber dans les états de misère, assurée
qu'elle est, et partie pour l'Éveil.
"Le laïc Kakudha,
Ananda, grâce à la destruction des cinq chaînes inférieures (qui lient les
êtres au monde des sens), est monté spontanément (parmi les Suddhavasa des
devas), et arrivera à la cessation finale en cet endroit-même, non
susceptible de revenir de ce monde.
"Il est ainsi de
Kalinga, Nikata, Katissabha, Tuttha, Santuttha, Bhadda, et Subhadda, et de
plus de cinquante laïcs à Nadika. Plus de quatre-vingt-dix laïcs qui sont
décédés à Nadika, Ananda, grâce à la destruction des trois chaînes, et
l'amoindrissement de la luxure, de la haine, et de l'illusion, sont
devenus des ne-revient-qu'une-fois et sont en mesure de mettre fin à la
souffrance après n'être revenus qu'une fois de plus à ce monde.
"Plus de cinq cent
laïcs qui sont décédés à Nadika, Ananda, grâce à la complète destruction
des trois chaînes sont devenus des entrés-dans-le-courant, et ne risquent
plus de tomber dans les états de misère, assurés qu'ils sont, et partis
pour l'Éveil.
le Miroir du Dhamma
8. "Mais en vérité,
Ananda, il n'est en rien étrange que les êtres humains doivent mourir.
Mais si tu dois venir trouver le Tathâgata à chaque fois que cela se
produit et l'interroger à leur propos de la sorte, cela le dérangerait
effectivement. En conséquence, Ananda, je vais te donner l'enseignement
appelé le Miroir du Dhamma, dont le noble disciple lorsqu'il le possède,
et s'il devait en avoir l'envie, peut déclarer de lui-même: 'Il n'y a plus
de renaissance pour moi en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni
dans aucun domaine de malheur. Je suis en entré-dans-le-courant, ne
risquant plus de tomber dans les états de misère, assuré que je suis et
parti pour l'Éveil.'"
9. "Et quel est, ô
Ananda, cet enseignement appelé le Miroir du Dhamma, en possession dont le
noble disciple peut ainsi se déclarer?
"En ce cas, Ananda,
le noble disciple possède une foi inébranlable dans le Bouddha de cette
manière: 'Le Béni du Ciel est un Arahat, un Pleinement Eveillé, parfait en
connaissance et en conduite, le Bienheureux, le connaisseur du monde, le
suprême entraîneur des êtres, l'enseignant des dieux et des hommes,
l'Éveillé, le Béni du Ciel.'
"Il possède une foi
inébranlable dans le Dhamma de cette manière: 'Bien exposé par le Béni du
Ciel est le Dhamma, évident, hors du temps, [18] il invite à l'examen, il
conduit à l'émancipation, pour que les sages le comprennent, chacun pour
lui-même.'
"Il possède une foi
inébranlable dans l'Ordre des Disciples du Béni du Ciel de cette manière:
'Bien portant est l'Ordre des Disciples du Béni du Ciel, correctement,
sagement, et selon le devoir: c'est à dire, les quatre paires des hommes,
les huit classes de personnes. L'Ordre des Disciples du Béni du Ciel est
digne d'honneur, d'hospitalité, d'offrandes, de vénération -- le champ
suprême d'actes méritoires dans le monde.'
"Et il possède des
vertus qui sont chères aux Personnes Nobles, qui sont complètes et
parfaites, sans tache et pures, qui sont libératoires, louées par les
sages, non-influencées (par des préoccupations mondaines), et favorable à
la concentration de l'esprit.
10. "Ceci, Ananda,
est l'enseignement appelé le Miroir du Dhamma, par où le noble disciple
peut ainsi savoir de lui-même: 'Il n'y aura plus pour moi de renaissance
en enfer, ni en tant qu'animal ou que fantôme, ni dans aucun domaine de
malheur. Je suis un entré-dans-le-courant, qui ne risque plus de tomber
dans les états de misère, assuré que je suis et parti pour l'Éveil.'"
11. Et à Nadika aussi,
dans la Maison de Briques, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux
bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la
concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit,
grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement
développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le
gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la
concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est
complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de
l'ignorance.."
12. Lorsque le Béni
du Ciel eut resté à Nadika aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, allons à Vesali."
"Qu'il en soit ainsi,
ô seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers dans Vesali de même
qu'une grande communauté des bhikkhus, et il demeura dans le bosquet
d'Ambapali.
attention et claire compréhension
13. Alors le Béni du
Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Il faudrait que vous demeuriez
attentifs, bhikkhus, en état de comprendre clairement; je vous y exhorte.
14. "Et comment,
bhikkhus, un bhikkhu se montre-t-il attentif? Lorsqu'il demeure dans la
contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état de comprendre
clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par
rapport au monde; et quand il demeure dans la contemplation des sensations
dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets mentaux dans
les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre clairement, et
attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par rapport au
monde, alors dit-on de lui qu'il est attentif.
15. "Et comment,
bhikkhus, un bhikkhu a-t-il une claire compréhension? Lorsqu'il reste
pleinement conscient de ses allées et venues, de ses actions de regarder
devant lui ou de détourner le regard, de se plier ou de s'étirer, de
porter sa robe et son bol, de manger ou de boire, de mastiquer et de
savourer, de déféquer et d'uriner, de marcher, de rester debout, d'être
assis ou couché, d'aller dormir ou de rester éveillé, de parler ou de
garder le silence, alors dit-on de lui qu'il a une claire compréhension.
"Il faudrait que vous
demeuriez attentifs, bhikkhus, en état de comprendre clairement; je vous y
exhorte."
Ambapali et les Licchavis
16. Alors Ambapali la
courtisane vint à savoir: "Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Vesali et
demeure maintenant dans mon bosquet de manguiers." Et elle ordonna de
préparer un grand nombre de magnifiques voitures, monta dans l'une d'elles,
et accompagnée par le reste, sortit de Vesali vers son parc. Elle alla en
voiture aussi loin que celle-ci put aller, avant de descendre; et
s'approchant du Béni du Ciel à pied, elle le salua respectueusement et
s'assit d'un côté. Et le Béni du Ciel instruisit Ambapali la courtisane
dans le Dhamma et la stimula, l'édifia, et la réjouit.
17. Après cela
Ambapali la courtisane s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Puisse le
Béni du Ciel, ô seigneur, avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le
repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus." Et par son
silence le Béni du Ciel consentit. Assurée, dès lors, de l'assentiment du
Béni du Ciel, Ambapali la courtisane se leva de son siège, le salua
respectueusement, et tournant son côté droit vers lui, prit congé.
18. Alors les
Licchavi de Vesali vinrent à savoir: "Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé
à Vesali et demeure maintenant dans le bosquet d'Ambapali." Et ils
ordonnèrent de préparer un grand nombre de magnifiques voitures, chacun en
prit une, et accompagné par le reste, sortit de Vesali. Or, de ces
Licchavis, certains étaient en bleu, avec des vêtements et des ornements
tout bleus, cependant que d'autres étaient en jaune, rouge, et blanc.
19. Et Ambapali la
courtisane en vint donc à croiser les jeunes Licchavis, essieu par essieu,
roue par roue, et joug par joug. Là-dessus les Licchavis s'exclamèrent: "Pourquoi
viens-tu ainsi à notre rencontre, Ambapali?" "C'est ainsi, effectivement,
mes princes, et pas autrement! Car le Béni du Ciel est invité par moi pour
le repas de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus!" "Laisse
tomber le repas, Ambapali, pour cent mille!" Mais elle répliqua: "Même si
vous deviez me donner Vesali, messeigneurs, ensemble avec ses terres
tributaires, je ne laisserais pas tomber un repas d'une telle importance."
Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: "Voyez, les amis!
Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes
complètement surpassés par cette fille aux manguiers!" Mais ils
continuèrent leur route jusqu'au bosquet d'Ambapali.
20. Et le Béni du
Ciel vit venir de loin les Licchavis. Alors il s'adressa aux bhikkhus, en
disant: "Ceux d'entre vous, bhikkhus, qui n'ont pas encore vu les
Trente-trois dieux, peuvent regarder l'assemblée des Licchavis, et peuvent
les contempler, car ils sont comparables à l'assemblée des Trente-trois
dieux."
21. Alors les
Licchavis allèrent en voiture aussi loin que celles-ci purent aller, avant
de descendre; et s'approchant du Béni du Ciel à pied, ils le saluèrent
respectueusement et s'assit d'un côté. Le Béni du Ciel instruisit les
Licchavis dans le Dhamma, et les stimula, les édifia, et les réjouit.
22. Après cela les
Licchavis s'adressèrent au Béni du Ciel, en disant: "Puisse le Béni du
Ciel, ô seigneur, avoir la bonté d'accepter notre invitation pour le repas
de demain, ensemble avec la communauté des bhikkhus." "L'invitation pour
le repas de demain, Licchavis, je l'ai acceptée d'Ambapali la courtisane."
Alors les Licchavis claquèrent des doigts de déplaisir: "Voyez, les amis!
Nous sommes vaincus par cette fille aux manguiers! Nous sommes
complètement surpassés par cette fille aux manguiers!" Et alors les
Licchavis, approuvant les paroles du Béni du Ciel et s'en régalant, se
levèrent de leurs sièges, le saluèrent respectueusement, et tout en
gardant leur côté droit tourné vers lui, prirent congé.
23. Alors, après
qu'ait passé la nuit, Ambapali la courtisane fit préparer des mets de
choix, durs et tendres, dans son parc, et l'annonça au Béni du Ciel: "Il
est temps, ô seigneur; le repas est prêt." Là-dessus le Béni du Ciel se
prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, il partit
ensemble avec la communauté des bhikkhus pour la demeure d'Ambapali, et là
il prit le siège préparé pour lui. Et Ambapali elle-même servit la
communauté des bhikkhus conduite par le Bouddha, et les servit avec des
mets de choix, durs et tendres.
24. Et quand le Béni
du Ciel eut fini son repas et eut enlevé sa main de son bol, Ambapali la
courtisane prit un siège bas, et se plaçant d'un côté, s'adressa au Béni
du Ciel, en disant: "Ce parc, ô seigneur, je l'offre la communauté des
bhikkhus conduite par le Bouddha." Et le Béni du Ciel accepta le parc. Il
instruisit alors Ambapali dans le Dhamma, et l'ayant stimulé, édifié, et
réjoui, il se leva de son siège et partit.
25. Et à Vesali aussi,
dans le bosquet d'Ambapali, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux
bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la
concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit,
grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement
développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le
gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la
concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est
complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de
l'ignorance.."
26. Lorsque le Béni
du Ciel eut resté dans le bosquet d'Ambapali aussi longtemps qu'il lui
avait plu, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda,
allons au village de Beluva." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni
du Ciel prit ses quartiers dans le village de Beluva de même qu'une grande
communauté des bhikkhus
la maladie mortelle du Béni du Ciel
27. A ce moment, le
Béni du Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Allez maintenant,
bhikkhus, et trouvez refuge n'importe où dans les environs de Vesali où ou
vous soyez les bienvenus, parmi vos connaissances et amis, et passez là la
saison des pluies. Quant à moi, je vais passer la saison des pluies ici
même, dans le village de Beluva." "Qu'il en soit ainsi, ô seigneur,"
répondirent les bhikkhus.
28. Mais quand le
Béni du Ciel fut entré dans la saison des pluies, surgit en lui une sévère
maladie, et des douleurs aiguës et mortelles lui vinrent. Et le Béni du
Ciel les supporta avec attention, en état de comprendre clairement et
imperturbable.
29. Alors il apparut
au Béni du Ciel que: "Il ne serait pas convenable que j'en arrive à mon
décès final sans m'adresser à ceux qui m'ont servi, sans prendre congé de
la communauté des bhikkhus. Alors il faudra donc que je supprime cette
maladie par force de volonté, que je me résolve à maintenir le processus
de la vie, et que je survive."
30. Et le Béni du
Ciel supprima la maladie par force de volonté, se résolut à maintenir le
processus de la vie, et survécut. C'est ainsi que la maladie du Béni du
Ciel fut soulagée.
31. Et le Béni du
Ciel se remit de cette maladie; et peu après son rétablissement il sortit
de sa demeure et s'assit à l'ombre de l'immeuble, sur un siège préparé
pour lui. Alors le Vénérable Ananda s'approcha du Béni du Ciel, le salua
respectueusement, et s'assit d'un côté, puis il s'adressa au Béni du Ciel,
en disant: "Il est heureux pour moi, ô Seigneur, que je puisse voir le
Béni du Ciel à l'aise à nouveau! Il est heureux pour moi, ô seigneur, que
je puisse voir le Béni du Ciel se remettre! Car en vérité, Seigneur, quand
j'ai vu la maladie du Béni du Ciel ce fut comme si mon propre corps était
devenu aussi faible qu'un ver, toute chose tout autour m'était devenue
floue, et mes sens m'ont trahi. Et pourtant, Seigneur, il me restait
encore un peu de réconfort à l'idée que le Béni du Ciel n'arriverait pas à
son décès final avant d'avoir donné de dernières instructions à propos de
la communauté des bhikkhus."
32. Ainsi parla le
Vénérable Ananda, mais le Béni du Ciel lui répondit en disant: "Qu'est-ce
que la communauté des bhikkhus attend de plus de moi, Ananda? J'ai
prononcé le Dhamma sans faire de distinction de doctrine ésotérique et
exotérique; il n'y a rien, Ananda, par rapport aux enseignements que le
Tathâgata retienne jusqu'à la fin du poing fermé d'un enseignant qui
retient des choses [secrètes]. Quiconque croit qu'il est celui qui doit
mener la communauté des bhikkhus, ou que la communauté dépend de lui, est
celui qui devrait laisser de dernières instructions par rapport à eux.
Mais, Ananda, le Tathâgata n'a aucune idée à l'effet que ce devrait être
lui qui devrait mener la communauté des bhikkhus, ou que la communauté
dépendrait de lui. Quelles instructions devrait-il donc donner par rapport
à la communauté des bhikkhus?
"Je suis frêle
désormais, Ananda, vieux, âgé, très avancé en années. Ceci est ma
quatre-vingtième année, et ma vie est passée. De même qu'une vieille
charette, Ananda, n'est plus maintenue ensemble qu'avec beaucoup de
difficulté, de même le corps du Tathâgata ne continue à fonctionner
qu'avec des soutiens. Ce n'est, Ananda, que lorsque le Tathâgata, ne
tenant plus compte des objets extérieurs, avec la cessation de certaines
sensations, atteint et demeure dans la concentration de l'esprit sans
signes, [19] que son corps est plus confortable.
33. "En conséquence,
Ananda, soyez des îles pour vous-mêmes, des refuges pour vous-mêmes, et ne
cherchez aucun refuge extérieur; avec le Dhamma pour votre île, le Dhamma
pour votre refuge, ne cherchez aucun autre refuge.
"Et comment, Ananda,
un bhikkhu est-il une île pour lui-même, un refuge pour lui-même, et ne
cherche-t-il aucun autre refuge; avec le Dhamma pour son île, le Dhamma
pour son refuge, ne cherche--t-il aucun autre refuge?
34. "Lorsqu'il
demeure dans la contemplation du corps dans le corps, sincèrement, en état
de comprendre clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le
chagrin par rapport au monde; quand il demeure dans la contemplation des
sensations dans les sensations, de l'esprit dans l'esprit, des objets
mentaux dans les objets mentaux, sincèrement, en état de comprendre
clairement, et attentif, après avoir surmonté le désir et le chagrin par
rapport au monde, alors, en vérité, il est une île pour lui-même, un
refuge pour lui-même, ne cherchant pas de refuge extérieur; ayant le
Dhamma pour son île, le Dhamma pour son refuge, il ne cherche aucun autre
refuge.
35. "Ces miens
bhikkhus, Ananda, qui maintenant ou après mon départ, seront ainsi une île
pour eux-mêmes, un refuge pour eux-mêmes, ne chercheront aucun autre
refuge; qui, ayant le Dhamma pour leur île et refuge, ne chercheront aucun
autre refuge: ce sont eux qui deviendront les plus hauts, [20] s'ils ont
le désir d'apprendre."
Fin du désir de vie
son abandon de l'envie de vivre
la suggestion du Béni du Ciel
1. Alors le Béni du
Ciel, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit
pour Vesali pour demander l'aumône. Après sa tournée d'aumônes et son
repas, à son retour, il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Prend
une natte, Ananda, et allons passer la journée au sanctuaire de Capala." "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable Ananda prit une natte et suivit
le Béni du Ciel, pas à pas.
2. Et le Béni du Ciel
alla au sanctuaire de Capala et s'assit sur le siège préparé pour lui. Et
quand le Vénérable Ananda se fut lui-même assis de côté après avoir
respectueusement salué le Béni du Ciel, le Seigneur lui dit: "Agréable,
Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires de Udena, Gotamaka,
Sattambaka, Bahuputta, Sarandada, et Capala."
3. Et le Béni du Ciel
dit: "Quiconque, Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé,
maintenu, scruté, et amené à perfection les quatre composantes des
pouvoirs psychiques pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une
période-monde ou jusqu'à sa fin. [21] Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait.
En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant
toute une période-monde ou jusqu'à sa fin."
4. Mais le Vénérable
Ananda fut incapable de saisir la perche qu'on lui tendait, l'importante
suggestion , donnée par le Béni du Ciel. Comme si son esprit avait été
influencé par Mara, [22] il n'implora pas le Béni du Ciel: "Puisse le Béni
du Ciel demeurer, ô seigneur!. Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô
seigneur, tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le
bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice,
le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!"
5. Et quand pour une
seconde et troisième fois le Béni du Ciel répéta ses paroles, le Vénérable
Ananda garda le silence.
6. Alors le Béni du
Ciel dit au Vénérable Ananda: "Va maintenant, Ananda, et fais comme bon te
semble." "Comme vous voudrez, ô seigneur." Et le Vénérable Ananda, se
levant de son siège, salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son
côté droit envers lui, prit place assis sous un arbre à quelque distance
de là.
l'appel de Mara
7. Et quand le
Vénérable Ananda se fut éloigné, Mara, le Malin, s'approcha du Béni du
Ciel. Et debout d'un côté il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Maintenant,
ô seigneur, que le Béni du Ciel en vienne à son décès final; que le Béni
du Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du
Seigneur.
"Car le Béni du Ciel,
ô seigneur, m'a dit ces paroles: 'je ne vais pas arriver à mon décès
final, ô Malin, tant que mes bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, ne
seront pas devenus de vrais disciples -- sages, bien disciplinés, aptes et
instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le Dhamma, s'en tenant au
comportement approprié, et ayant appris les paroles du Maître, capables de
l'exposer, la prêcher, la proclamer, l'établir, la révéler, l'expliquer en
détail, et la rendre claire; jusqu'à ce que, quand surgissent des opinions
adverses, ils puissent être en mesure des réfuter totalement et bien, et
de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.' [23]
8. "Et maintenant, ô
seigneur, bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, sont devenus les
disciples du Béni du Ciel exactement de cette manière. Donc, ô seigneur,
que le Béni du Ciel arrive à son décès final! Le temps est venu pour le
Parinibbâna du Seigneur.
"Car le Béni du Ciel,
ô seigneur, m'a dit ces paroles: 'je ne vais pas arriver à mon décès
final, ô Malin, tant que cette vie sainte enseignée par moi n'aura pas été
couronnée de succès, ne sera pas prospère, très renommée, populaire, et
très répandue, tant qu'elle n'aura pas été bien proclamée parmi les dieux
et les hommes.' Et ceci aussi est arrivé exactement de cette manière. Donc,
ô seigneur, que le Béni du Ciel arrrive à son décès final, que le Béni du
Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du
Seigneur."
le Béni
du Ciel abandonne son envie de vivre
9. Lorsque ceci fut
dit, le Béni du Ciel s'adressa à Mara, le Malin, en disant: "Ne te
préoccupe pas, ô Malin. D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra.
Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître."
10. Et au sanctuaire
de Capala le Béni du Ciel ainsi attentif et en état de comprendre
clairement renonça à sa volonté de survivre. Et au moment où le Seigneur
renonça à sa volonté de survive, survint un terrible tremblement de terre,
épouvantable et abassourdissant, et le tonnerre gronda à travers les cieux.
Et le Béni du Ciel l'observa en comprenant, et fit cette déclaration
solennelle:
"Ce qui cause la vie,
illimitée ou confinée [24] --
Son processus du
devenir [25] -- à cela le Sage Renonce. Avec calme et joie intérieurs il
rompt, Comme une cotte de mailles, la cause de sa propre vie." [26]
11. Alors il vint à
l'esprit du Vénérable Ananda: "C'est effectivement merveilleux, et très
extraordinaire! La terre tremble puissamment, terriblement! C'est
épouvantable et abassourdissant, comme le tonnerre gronde à travers les
cieux! Que pourrait être la raison, que pourrait-être la cause, qu'un si
puissant tremblement de terre survienne?"
huit causes de tremblement de terre
12. Et le Vénérable
Ananda s'approcha du Béni du Ciel, et le saluant respectueusement, s'assit
d'un côté. Alors il s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "C'est
effectivement merveilleux, et très extraordinaire! La terre tremble
puissamment, terriblement! C'est épouvantable et abasourdissant, comme le
tonnerre gronde à travers les cieux! Que pourrait être la raison, que
pourrait-être la cause, qu'un si puissant tremblement de terre survienne?"
13. Alors le Béni du
Ciel dit: "Il y a huit raisons, Ananda, huit causes, pour que se produise
un puissant tremblement de terre. Que sont ces huit?
14. "Cette grande
terre, Ananda, est établie sur du liquide, ce liquide sur l'atmosphère, et
l'atmosphère sur l'espace. Et quand, Ananda, de puissantes perturbations
atmosphériques ont lieu, le liquide est agité. Et avec l'agitation du
liquide, se produisent des secousses de la terre. Ceci est la première
raison, la première cause pour que se produisent de puissant tremblements
de terre.
15. "Encore une fois,
Ananda, quand un ascète ou un saint homme de grand pouvoir, un qui est
arrivé à la maîtrise de son esprit, ou une divinité qui est puissante et
efficace, développe une concentration intense sur l'aspect limité de la
terre-élément, et à un degré illimité sur l'élément liquide, eux, aussi,
sont cause que la terre tremble, frémisse, et secoue. Ceci est la seconde
raison, la seconde cause pour que se produisent de puissants tremblements
de terre.
16-21. "Encore une
fois, Ananda, quand le Bodhisatta quitte le domaine Tusita et descend dans
la matrice de sa mère, attentif et en état de comprendre clairement; et
quand le Bodhisatta sort de la matrice de sa mère, attentif et en état de
comprendre clairement; et quand le Tathâgata devient pleinement éveillé
dans l'Éveil suprême et insurpassé; quand le Tathâgata met en mouvement
l'excellente Roue du Dhamma; quand le Tathâgata renonce à sa volonté de
survivre; et quand le Tathâgata arrive à passer dans l'état de Nibbana
dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement -- alors, là aussi,
Ananda, cette grande terre tremble, frémit, et secoue.
"Ce sont là, Ananda,
les huit raisons, les huit causes pour que se produise un grand
tremblement de terre. [27]
huit assemblées
22. "Or il y a là
huit sortes d'assemblées, Ananda, c'est à dire, des assemblées de nobles,
de brahmanes, de maîtres de maison, d'ascètes, des Quatre Grand Rois, des
Trente-trois dieux, des Maras, et des Brahmas.
23. "Et je me
rappelle, Ananda, comme j'ai assisté à chacune de ces huit sortes
d'assemblées, par centaines. [28] Et avant de m'asseoir et de commencer la
conversation ou la discussion, j'ai fait en sorte que mon apparence
ressemble à la leur, que ma voix ressemble à la leur. Et ainsi je leur ai
enseigné le Dhamma, et je les ai stimulé, édifié, et réjoui. Et pourtant
cependant que je leur parlais ainsi ainsi, ils ne me connaissaient pas, et
ils se demandaient les uns aux autres, demandant: 'Qui était-ce qui nous
parle ? Etait-ce un homme ou un dieu?'
"Et telles, Ananda,
sont les huit sortes d'assemblées.
huit champs de maîtrise
24. "Or il y a là
huit champs de la maîtrise, [29] Ananda. Que sont ces huit?
25. "Lorsque,
percevant subjectivement les formes, [30] on voit de petites formes,
belles ou laides, extérieures à soi-même, [31] et qu'on les maîtrise,
qu'on est conscient des percevoir et des connaître comme elles sont --
ceci est le premier champ de la maîtrise.
26. "Lorsque,
percevant subjectivement les formes, on voit de grandes formes, belles ou
laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est conscient
des percevoir et des connaître comme elles sont -- ceci est le second
champ de la maîtrise.
27. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, [32] on voit de petites formes,
belles ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est
conscient des percevoir et des connaître comme elles sont -- ceci est le
troisième champ de la maîtrise.
28. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, on voit de grandes formes, belles
ou laides, extérieures à soi-même, et qu'on les maîtrise, qu'on est
conscient des percevoir et des connaître comme elles sont -- ceci est le
quatrième champ de la maîtrise.
29. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à
soi-même qui sont bleues, bleues en couleur, d'un lustre bleu comme les
fleurs de lin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie sur
autant de côtés, est bleue, bleue en couleur, d'un lustre bleu -- quand
une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont bleues,
et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et des
connaître comme elles sont -- ceci est le cinquième champ de la maîtrise.
30. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à
soi-même qui sont jaunes, jaunes en couleur, d'un lustre jaune comme la
fleur de Kanikara, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie
sur autant de côtés, est jaune, jaune en couleur, d'un lustre jaune --
quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont
jaunes, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et
des connaître comme elles sont -- ceci est le sixième champ de la maîtrise.
31. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à
soi-même qui sont rouges, rouges en couleur, d'un lustre rouge comme la
fleur de Bandhujivaka, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui,
polie sur autant de côtés, est rouge, rouge en couleur, d'un lustre rouge
-- quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui
sont rouges, et qu'elle les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir
et des connaître comme elles sont -- ceci est le septième champ de la
maîtrise.
32. "Lorsque, ne
percevant pas subjectivement les formes, on voit des formes extérieures à
soi-même qui sont blanches, blanches en couleur, d'un lustre blanc comme
l'étoile du matin, ou comme de la fine mousseline de Bénarès qui, polie
sur autant de côtés, est blanche, blanche en couleur, d'un lustre blanc --
quand une telle personne voit des formes extérieures à soi-même qui sont
blanches, et qu'on les maîtrise, qu'elle est consciente des percevoir et
des connaître comme elles sont -- ceci est le huitième champ de la
maîtrise.
"Et tels, Ananda,
sont les huit champs de la maîtrise
huit libérations
33. "Or il y a là
huit libérations, Ananda. Que sont ces huit? [33]
34. "Ayant soi-même
une forme, [34] on perçoit des formes; ceci est la première libération.
35. "Sans avoir
conscience de sa propre forme, on perçoit des formes extérieures à
soi-même; ceci est la seconde libération.
36. "En ressentant la
beauté, on y est résolu; [35] ceci est la troisième libération.
37. "En transcendant
complètement les perceptions de la matière, par la disparition des
perceptions de la réaction sensorielle, et en n'accordant aucune attention
aux perceptions de la diversité, on devient conscient de, on atteint à, et
on demeure dans la sphère de l'espace infini; ceci est la quatrième
libération.
38. "En transcendant
complètement la sphère de l'espace infini, on devient conscient de, on
atteint à, et on demeure dans la sphère de la conscience infinie; ceci est
la cinquième libération.
39. "En transcendant
complètement la sphère de la conscience infinie, on devient conscient de,
on atteint à, et on demeure dans la sphère de la vacuité; ceci est la
sixième libération.
40. "En transcendant
complètement la sphère de la vacuité, on atteint à, et on demeure dans la
sphère de ni-perception-ni-non-perception; ceci est la septième libération.
41. "En transcendant
complètement la sphère de ni-perception-ni-non-perception, on atteint à,
et on demeure dans la cessation de perception et sensation; ceci est la
huitième libération.
"Et telles, Ananda,
sont les huit libérations
la première tentation de Mara
42. "Il fut un temps,
Ananda, où je demeurais à Uruvela, sur la berge de la rivière Nerañjara,
au pied du banyan du chevrier, peu après mon Eveil suprême. Et Mara, le
Malin, s'approcha de moi, en disant: 'Maintenant, ô seigneur, que le Béni
du Ciel arrive à son décès final! Que le Béni du Ciel disparaisse
complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du Seigneur.'
43. "Alors, Ananda,
j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant: 'je ne vais pas arriver à mon
décès final, ô Malin, tant que mes bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et
laïques, ne seront pas devenus de vrais disciples -- sages, bien
disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma, vivant selon le
Dhamma, s'en tenant au comportement approprié et, ayant appris la parole
du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la proclamer, l'établir, la
révéler, l'expliquer en détail, et la rendre claire; jusqu'à ce que, quand
surgissent des opinions adverses, ils puissent être capables des réfuter
totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et libératoire.
44. "'Je ne vais pas
arriver à mon décès final, ô Malin, tant que cette vie sainte enseignée
par moi n'aura pas été couronnée de succès, ne sera pas devenue prospère,
très renommée, populaire, et très répandue, jusqu'à ce qu'elle soit bien
proclamée parmi les dieux et les hommes.'
45. "Et encore
aujourd'hui, Ananda, au sanctuaire de Capala, Mara, le Malin, s'est
approché de moi, en disant: 'Maintenant, ô seigneur, bhikkhus et
bhikkhunis, laïcs et laïques, sont devenus de vrais disciples du Béni du
Ciel -- sages, bien disciplinés, aptes et instruits, protecteurs du Dhamma,
vivant selon le Dhamma, s'en tenant au comportement approprié, et ayant
appris la parole du Maître, capables de l'exposer, la prêcher, la
proclamer, l'établir, la révéler, l'expliquer en détail, et la rendre
claire; et quand surgissent des opinions adverses, désormais capables des
réfuter totalement et bien, et de prêcher ce Dhamma convainquant et
libératoire.
" Et maintenant, ô
seigneur, cette vie sainte enseignée par le Béni du Ciel a été couronnée
de succès, est devenue prospère, très renommée, populaire et très répandue,
et bien proclamée parmi les dieux et les hommes. En conséquence, ô
seigneur, que le Béni du Ciel arrive à son décès final! Que le Béni du
Ciel disparaisse complètement! Le temps est venu pour le Parinibbâna du
Seigneur. "
46. "Et alors, Ananda,
j'ai répondu à Mara, le Malin, en disant: 'Ne te préoccupe pas, ô Malin.
D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Dans trois mois le
Tathâgata va complètement disparaître.'
47. "Et c'est ainsi,
Ananda, qu'aujourd'hui au sanctuaire de Capala le Tathâgata a renoncé à sa
volonté de survivre."
l'appel d' Ananda
48. A ces paroles le
Vénérable Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Puisse le Béni du
Ciel demeurer, ô seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur,
tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le bonheur de la
multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être,
et le bonheur des dieux et les hommes!"
49. Et le Béni du
Ciel répondit, en disant: "Suffit, Ananda. N'implore pas le Tathâgata, car
le moment est passé, Ananda, de telles supplications."
50-51. Mais une
seconde et une troisième fois, le Vénérable Ananda dit au Béni du Ciel: "Puisse
le Béni du Ciel demeurer, ô seigneur! Puisse le Béni du Ciel demeurer, ô
seigneur, tout au long de la période-monde, pour le bien-être et le
bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice,
le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes!"
52. Alors le Béni du
Ciel dit: "As-tu foi, Ananda, dans l'Éveil du Tathâgata?" Et le Vénérable
Ananda répliqua: "Oui, ô seigneur, j'ai foi." "Alors comment, Ananda,
peux-tu persister contre le Tathâgata même une troisième fois?"
53. Alors le
Vénérable Ananda dit: "Ceci, ô seigneur, je l'ai entendu dire et je l'ai
appris du Béni du Ciel lui-même quand le Béni du Ciel m'a dit: 'Quiconque,
Ananda, a développé, pratiqué, employé, renforcé, maintenu, scruté, et
amené à perfection les quatre composantes des pouvoirs psychiques pourrait,
s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa
fin. Le Tathâgata, Ananda, a ainsi fait. En conséquence le Tathâgata
pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou
jusqu'à sa fin.'"
54. "Et l'as-tu cru,
Ananda?" "Oui, ô seigneur, je l'ai cru." "Alors, Ananda, la faute est
tienne. C'est là que tu as failli, en ce que tu as été ainsi incapable de
saisir la perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait
le Tathâgata, et tu n'as pas alors supplié le Tathâgata de demeurer. Car
si tu l'avais fait, Ananda, le Tathâgata aurait pu décliner deux fois,
mais à la troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la
faute est tienne; c'est là que tu as failli.
55. "A Rajagaha,
Ananda, quand j'étais au Pic du Vautour, je me suis adressé à toi, en
disant: 'Agréable, Ananda, est Rajagaha; agréable est le Pic du Vautour.
Quiconque, Ananda, a développé... En conséquence le Tathâgata pourrait,
s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa
fin.'
56. "De même dans le
Bosquet de Banyans, à la Falaise de Voleurs, à la Caverne de Sattapanni
sur le mont Vebhara, au Rocher Noir d' Isigili, au Bassin des Serpents
dans la Fraîche Forêt, au Bosquet de Tapoda, à la Forêt des Bambous dans
le Nourrissoir des Ecureuils, à la Forêt de Manguiers de Jivaka, et au
Petit Refuge dans le Parc aux Daims, je me suis adressé à toi avec les
mêmes paroles, en disant: 'Agréable, Ananda, est Rajagaha, agréables sont
ces endroits. Quiconque, Ananda, a développé... En conséquence le
Tathâgata pourrait, s'il le voulait, demeurer durant toute une période-monde
ou jusqu'à sa fin. " "Mais toi, Ananda, tu as été incapable de saisir la
perche qu'on te tendait, l'importante suggestion que te faisait le
Tathâgata, et tu n'as pas supplié le Tathâgata de demeurer. Car si tu
l'avais fait, Ananda, deux fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la
troisième fois il aurait consenti. En conséquence, Ananda, la faute est
tienne; c'est là que tu as failli.
57. "Donc à Vesali
aussi, Ananda, à différentes reprises le Tathâgata t'a parlé, en disant: 'Agréable,
Ananda, est Vesali; agréables sont les sanctuaires de Udena, Gotamaka,
Sattambaka, Bahuputta, Sarandada, et Capala. Quiconque, Ananda, a
développé... En conséquence le Tathâgata pourrait, s'il le voulait,
demeurer durant toute une période-monde ou jusqu'à sa fin.' "Mais toi,
Ananda, tu as été incapable de saisir la perche qu'on te tendait,
l'importante suggestion que te faisait le Tathâgata, et tu n'as pas
imploré le Tathâgata de demeurer. Car si tu l'avais fait, Ananda, deux
fois le Tathâgata aurait pu décliner, mais la troisième fois il aurait
consenti. En conséquence, Ananda, la faute est tienne; c'est là que tu as
failli.
58. "Et pourtant,
Ananda, n'ai-je pas enseigné dès le tout début qu'avec tout ce qui est
cher et bien-aimé, il y un nécessairement changement, séparation et
rupture? De ce qui est né, qui est venu à être, qui est un être composé et
sujet à flétrissure, comment peut-on dire: 'Puisse cela ne jamais en venir
à dissolution!' Il ne peut y avoir un tel état de choses. Et de cela,
Ananda, dont le Tathâgata en a fini, ce qu'il a mis de côté, laissé tomber,
abandonné, et rejeté -- sa volonté de survivre -- la parole du Tathâgata a
été prononcée une fois pour toutes: 'D'ici peu le Parinibbâna du Tathâgata
surviendra. Dans trois mois le Tathâgata va complètement disparaître.' Et
que le Tathâgata retire sa parole pour continuer à vivre -- ceci est une
impossibilité.
dernière admonition
59. "Donc, Ananda,
allons à la salle de la Maison aux Pignons, dans la Grande Forêt." Et le
Vénérable Ananda répliqua: "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
60. Alors le Béni du
Ciel, avec le Vénérable Ananda, partit à la salle de la Maison aux Pignons,
dans la Grande Forêt. Et là il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Va
maintenant, Ananda, et rassemble dans la salle d'audience tous les
bhikkhus qui demeurent aux environs de Vesali."
"Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et le Vénérable Ananda rassembla tous les bhikkhus qui
demeuraient aux environs de Vesali, et les rassembla dans la salle
d'audience. Et alors, en saluant respectueusement le Béni du Ciel, et
debout d'un côté, il dit: "La communauté des bhikkhus est rassemblée,
Seigneur. Que le Béni du Ciel fasse maintenant à son gré."
61. Là-dessus le Béni
du Ciel pénétra dans la salle d'audience, et prenant le siège préparé pour
lui, il exhorta les bhikkhus, en disant: "Maintenant, ô bhikkhus, je vous
dis que ces enseignements dont j'ai une connaissance directe et que je
vous ai fait connaître -- il faut que vous les appreniez, les cultiviez,
les développiez totalement et que vous les pratiquiez fréquemment, que la
vie de pureté puisse être établie et durer longtemps, pour le bien-être et
le bonheur de la multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice,
le bien-être, et le bonheur des dieux et les hommes.
62. "Et que sont,
bhikkhus, ces enseignements? Ce sont les quatre fondations de l'attention,
les quatre efforts corrects, les quatre composantes des pouvoirs
psychiques, les cinq facultés, les cinq pouvoirs, les sept facteurs de
l'éveil, et le Noble Octuple Sentier. Ce sont là, bhikkhus, les
enseignements dont j'ai une connaissance directe, que je vous ai fait
connaître, et que vous devriez apprendre, cultiver et développer
totalement, et pratiquer fréquemment, que la vie de pureté puisse être
établie et durer longtemps, pour le bien-être et le bonheur de la
multitude, par compassion pour le monde, pour le bénéfice, le bien-être,
et le bonheur des dieux et les hommes."
63. Alors le Béni du
Ciel dit aux bhikkhus: "Donc, bhikkhus, je vous y exhorte: Toutes choses
composées sont sujettes à la disparition. Efforcez-vous avec sincérité. Le
temps du Parinibbâna du Tathâgata est proche. Dans trois mois le Tathâgata
va complètement disparaître."
64. Et ayant prononcé
ces paroles, le Béni du Ciel, le Maître, prit encore une fois la parole,
en disant:
"Mes années sont
maintenant à pleine maturité, la durée de vie qui me reste est courte.
En partant, je
m'éloigne de vous, ne comptant que sur moi-même.
Soyez donc sincères,
ô bhikkhus, soyez attentifs et purs en vertu!
Avec une ferme
résolution, gardez votre propre esprit!
Qui poursuit sans
relâche le Dhamma et la Discipline
Ira au-delà de la
ronde des naissances et mettra fin à la souffrance."
Le dernier repas
du Bouddha
le regard de
l'éléphant
1. Alors le Béni du
Ciel, se préparant dans l'avant-midi, prit son bol et sa robe et partit
pour Vesali pour mendier. Après sa tournée d'aumônes et son repas, à son
retour, il regarda Vesali avec le regard de l'éléphant, [36] et dit au
Vénérable Ananda: "Ceci, Ananda, est la dernière fois que le Tathâgata
regarde Vesali. Allons, Ananda, allons à Bhandagama." "Qu'il en soit ainsi,
ô seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Bhandagama de même
qu'une grande communauté des bhikkhus.
2. Et le Béni du Ciel
s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Bhikkhus, c'est par défaut de
réalisation, par défaut de pénétration des quatre principes que vous et
moi avons subi et sommes entrés dans cette longue course de la naissance
et de la mort. Que sont ces quatre? Ce sont la noble vertu; la noble
concentration; la noble sagesse; et la noble émancipation. Mais maintenant,
bhikkhus, qu'elles ont été réalisées et pénétrées, tranché est le désir
insatiable pour l'existence, détruit est ce qui mène au renouvellement du
devenir, et il n'y a plus de nouveau devenir."
3. Et ayant prononcé
ces paroles, le Béni du Ciel, le Maître, prit encore une fois la parole,
en disant:
"La vertu, la
concentration, la sagesse, et l'émancipation inégalables --
Ce sont là les
principes réalisés par Gotama le renommé; Et, les connaissant, lui, le
Bouddha, il a enseigné le Dhamma à ses moines. Lui, le destructeur de la
souffrance, le Maître, le Voyant, est en paix."
4. Et à Bhandagama
aussi le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: "Telle
et telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et
telle est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la
concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite
vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse
lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui
est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des
pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance.."
5. Lorsque le Béni du
Ciel eut resté à Bhandagama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda: "Allons, Ananda, allons à Hatthigama." "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à
Hatthigama de même qu'une grande communauté des bhikkhus.
Et quand le Béni du
Ciel eut resté à Hatthigama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il prit
ses quartiers à Ambagama, et puis à Jambugama. Et à chacun de ces endroits
le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux bhikkhus ainsi: "Telle et
telle est la vertu; telle et telle est la concentration; et telle et telle
est la sagesse. Grand devient le fruit, grand est le gain de la
concentration lorsqu'elle est pleinement développée par la conduite
vertueuse; grand devient le fruit, grand est le gain de la sagesse
lorsqu'elle est pleinement développée par la concentration; l'esprit qui
est pleinement développé dans la sagesse est complètement libéré des
pollutions de la luxure, du devenir, et de l'ignorance.."
6. Et quand le Béni
du Ciel eut resté à Jambugama aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda: "Allons, Ananda, allons à Bhoganagara." "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à
Bhoganagara de même qu'une grande communauté des bhikkhus, et il demeura
dans le sanctuaire d'Ananda.
les quatre grandes références
7. Et là le Béni du
Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Maintenant, bhikkhus, je vais
vous faire connaître les quatre grandes références. [37] et soyez
attentifs à mes paroles." Et ces bhikkhus répondirent, en disant: "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur."
8-11. Alors le Béni
du Ciel dit: "De cette façon, bhikkhus, un bhikkhu pourrait déclarer:
'Face à face avec le Béni du Ciel, mes frères, j'ai entendu dire et j'ai
appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le
Maître'; ou: 'Dans une demeure de tel ou tel nom vit une communauté avec
anciens et un maître. Face à face avec cette communauté, j'ai entendu dire
et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a
dispensé le Maître'; ou: 'Dans une demeure de tel ou tel nom vivent
plusieurs bhikkhus qui sont anciens, qui sont instruits, qui ont accompli
leur course, qui sont des protecteurs du Dhamma, de la Discipline, et des
Sommaires. Face à face avec ces anciens, j'ai entendu dire et j'ai appris
ainsi: Ceci est le Dhamma et la Discipline, ce qu'a dispensé le Maître';
ou: 'Dans une demeure de tel ou tel nom vit un seul bhikkhu qui est un
ancien, qui est instruit, qui a accompli sa course, qui est un protecteur
du Dhamma, de la Discipline, et des Sommaires. Face à face avec cet ancien,
j'ai entendu dire et j'ai appris ainsi: Ceci est le Dhamma et la
Discipline, ce qu'a dispensé le Maître.'
"Dans un tel cas,
bhikkhus, la déclaration d'un tel bhikkhu ne doit être reçue ni avec
approbation ni avec mépris. Sans approbation et sans mépris, mais en
étudiant avec soin les phrases mot à mot, on devrait les chercher dans les
Discours et les vérifier par la Discipline. Si on ne peut les retrouver ni
dans les Discours ni vérifiables par la Discipline, on devrait conclure
ainsi: 'Certainement, ceci n'est pas une déclaration du Béni du Ciel; cela
a été malentendu par ce bhikkhu -- ou par cette communauté, ou par ces
anciens, ou par cet ancien.' De cette manière, bhikkhus, vous devriez la
rejeter. Mais si les phrases concernées peuvent être retracées dans les
Discours et vérifiées par la Discipline, alors on devrait conclure ainsi:
'Certainement, ceci est une déclaration du Béni du Ciel; cela a été bien
compris par ce bhikkhu -- ou par cette communauté, ou par ces anciens, ou
par cet ancien.' Et de cette manière, bhikkhus, vous pouvez l'accepter
d'après la première, la seconde, la troisième, ou la quatrième référence.
Ce sont là, bhikkhus, les quatre grandes références que vous devrez
préserver."
12. Et à Bhoganagara
aussi, au sanctuaire d'Ananda, le Béni du Ciel souvent donnait conseil aux
bhikkhus ainsi: "Telle et telle est la vertu; telle et telle est la
concentration; et telle et telle est la sagesse. Grand devient le fruit,
grand est le gain de la concentration lorsqu'elle est pleinement
développée par la conduite vertueuse; grand devient le fruit, grand est le
gain de la sagesse lorsqu'elle est pleinement développée par la
concentration; l'esprit qui est pleinement développé dans la sagesse est
complètement libéré des pollutions de la luxure, du devenir, et de
l'ignorance.."
13. Lorsque le Béni
du Ciel eut resté à Bhoganagara aussi longtemps qu'il lui avait plu, il
s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, allons à Pava."
"Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et le Béni du Ciel prit ses quartiers à Pava de même qu'une
grande communauté de bhikkhus, et il demeura dans le Bosquet de Manguiers
de Cunda, qui était de par sa famille un travailleur des métaux.
dernier repas
14. Et Cunda le
métallier vint à savoir: "Le Béni du Ciel, dit-on, est arrivé à Pava, et
demeure dans mon bosquet de manguiers." Et il alla trouver le Béni du Ciel,
et l'ayant salué respectueusement, s'assit d'un côté. Et le Béni du Ciel
instruisit Cunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula, l'édifia, et
le réjouit.
15. Alors Cunda
s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur,
avoir la bonté d'accepter mon invitation pour le repas de demain, ensemble
avec la communauté des bhikkhus." Et par son silence le Béni du Ciel
consentit.
16. Assuré, alors, du
consentement du Béni du Ciel, Cunda le métallier se leva de son siège,
salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son côté droit envers
lui, prit congé.
17. Et Cunda le
métallier, dès que la nuit fut passée, fit préparer des mets de choix,
durs et tendres, dans sa demeure, de même qu'une quantité de
sukara-maddava, [38] et l'annonça au Béni du Ciel, en disant: "Il est
temps, ô seigneur, le repas est prêt."
18. Là-dessus le Béni
du Ciel, dans l'avant-midi, s'étant préparé, prit son bol et sa robe et
partit avec la communauté des bhikkhus pour la maison de Cunda, et là
s'assit sur le siège préparé pour lui. Et il s'adressa à Cunda, en disant:
"Les sukara-maddava que tu as préparés, Cunda, tu peux me les servir; le
reste des mets, durs et tendres, tu peux les servir à la communauté des
bhikkhus." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et les sukara-maddava préparés
par lui, il les servit au Béni du Ciel; et les autres mets, durs et
tendres, il les servit à la communauté des bhikkhus.
19. Après cela le
Béni du Ciel s'adressa à Cunda, en disant: "Quoi qu'il reste, Cunda, des
sukara-maddava, enterre-le dans un trou. Car je ne vois pas dans tous ce
monde, avec ses dieux, Maras, et Brahmas, parmi la foule des ascètes et
des brahmanes, des dieux et des hommes, quiconque qu'on pourrait les
manger et les digérer entièrement à l'exception du seul Tathâgata." Et
Cunda le métallier répondit le Béni du Ciel en disant: "Qu'il en soit
ainsi, ô seigneur." Et ce qui restait des sukara-maddava il l'enterra dans
un trou.
20. Alors il revint
au Béni du Ciel, le salua respectueusement, et s'assit d'un côté. Et le
Béni du Ciel instruisit Cunda le métallier dans le Dhamma, et le stimula,
l'édifia, et le réjouit. Après ceci il se leva de son siège et partit.
21. Et peu après que
le Béni du Ciel eût mangé le repas fourni par Cunda le métallier, une
horrible maladie tomba sur lui, probablement la dysenterie, et il souffrit
des douleurs aiguës et mortelles. Mais le Béni du Ciel les supporta avec
attention, en état de comprendre clairement et imperturbable.
22. Alors le Béni du
Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, allons à
Kusinara." Et le Vénérable Ananda répondit: "Qu'il en soit ainsi,
Seigneur."
23. Lorsqu'il avaient
mangé la nourriture de Cunda, ai-je entendu :
Avec force morale les
mortelles douleurs il supporta.
A cause des
sukara-maddava une atroce et épouvantable maladie vint au Seigneur.
Mais les tourments de
la nature il endura. "Allons, partons pour Kusinara," fut son indomptable
parole. [39]
l'éclaircissement des eaux
24. Or, en chemin le
Béni du Ciel s'écarta de la route et s'arrêta au pied d'un arbre. Et il
dit au Vénérable Ananda: "Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre,
Ananda, et pose la par terre. Je suis fatigué et je veux me reposer un peu."
"Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et le Vénérable Ananda plia la robe en quatre et l'étendit par
terre.
25. Et le Béni du
Ciel s'assit sur le siège préparé pour lui et dit au Vénérable Ananda: "Je
t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je voudrais boire."
26. Et le Vénérable
Ananda répondit au Béni du Ciel: "Mais juste à l'instant, Seigneur, un
grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, sont passés,
et la profondeur de l'eau a été traversée par les roues, de sorte qu'elle
est maintenant trouble et boueuse. Mais la Kakuttha, Seigneur, est assez
près, et ses eaux sont claires, agréables, fraîches, et translucides. On
peut facilement s'en approcher et elle est délicieusement située. Là le
Béni du Ciel pourra étancher sa soif et rafraîchir ses membres."
27-29. Mais une
seconde fois le Béni du Ciel fit sa requête, et le Vénérable Ananda lui
répondit comme devant. Et alors pour une troisième fois le Béni du Ciel
dit: "Je t'en prie, apporte-moi de l'eau, Ananda. J'ai soif et je veux
boire."
30. Alors le
Vénérable Ananda répondit, en disant: "Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et
il prit son bol et alla au cours d'eau. Et la profondeur de l'eau, qui
avait été traversée par les roues de sorte qu'elle coulait trouble et
boueuse, était devenue claire et avait décanté, pure et agréable alors que
s'approchait le Vénérable Ananda.
31. Alors le
Vénérable Ananda se dit: "Merveilleux et bien extraordinaires sont
effectivement le pouvoir et la gloire du Tathâgata!"
32. Et il prit de
l'eau dans son bol et la rapporta au Béni du Ciel, et dit: "Merveilleux et
bien extraordinaires sont effectivement le pouvoir et la gloire du
Tathâgata! Car cette profondeur de l'eau, qui avait été traversée par les
roues de sorte qu'elle coulait trouble et boueuse, était devenue claire et
avait décanté, pure et agréable, alors que je m'en approchais. Maintenant
que le Béni du Ciel boive de l'eau. Que le Béni du Ciel boive." Et le Béni
du Ciel but de l'eau.
Pukkusa le Malla
33. Il se produisit
alors qu'un Pukkusa du clan des Mallas, qui était un disciple d' Alara
Kalama, passait par là, de Kusinara à Pava.[40]
34. Et quand il vit
le Béni du Ciel assis au pied d'un arbre, il s'approcha de lui, le salua
respectueusement, et s'assit d'un côté. Et il s'adressa au Béni du Ciel,
en disant: "Il est merveilleux, Seigneur, il est bien extraordinaire, ô
seigneur, l'état de calme dans lequel demeurent ceux qui ont quitté le
monde.
35. "Car une fois,
Seigneur, Alara Kalama était en voyage, et il s'écarta de la route et
s'assit au bord de la route au pied d'un arbre pour laisser passer la
chaleur de la journée. Et il se produisit, Seigneur, qu'un grand nombre de
chariots, peut-être même cinq cent chariots, passa près de lui, un par un.
Et alors, Seigneur, un certain homme qui suivait derrière ce train de
chariots, s'approcha et s'adressa à lui, en disant: 'Avez-vous vu,
vénérable, un grand nombre de chariots passer près de vous?' Et Alara
Kalama lui répondit: 'Je ne les ai pas vu, mon frère.' 'Mais le bruit,
vénérable, sûrement vous l'avez entendu?' 'Je ne l'ai pas entendu, mon
frère.' Alors cet homme lui demanda: 'Alors, vénérable, peut-être dormiez
vous?' 'Non, mon frère, je ne dormais pas.' 'Alors, vénérable, étiez vous
conscient?' 'Je l'étais, mon frère.' Alors cet homme dit: 'Alors,
vénérable, tout en étant conscient et éveillé vous n'avez pourtant pas vu
le grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent chariots, passer
près de vous un après l'autre, ni entendu le bruit? Pourtant, vénérable,
votre robe elle-même est recouverte de leur poussière!' Et Alara Kalama
répliqua, en disant: 'Ainsi en est-il, mon frère.'
36. "Et à cet homme,
ô seigneur, vint l'idée: 'Il est merveilleux, Seigneur, il est bien
extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux
qui ont quitté le monde!' Et là surgit en lui une grande foi en Alara
Kalama, et il reprit sa route."
37. "Alors qu'en
penses-tu, Pukkusa? Qu'est-ce qui est le plus difficile à faire, le plus
difficile à trouver -- qu'un homme, cependant que conscient et éveillé,
puisse ne pas voir un grand nombre de chariots, peut-être même cinq cent
chariots, qui ont passé près de lui un après l'autre, ni n'entendre le
bruit, ou qu'un autre, conscient et éveillé, au milieu d'une forte pluie,
avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui
tombe, puisse ni ne voir ni n'entendre le bruit?"
38. "Que sont, ô
seigneur, cinq cent chariots -- que dis-je, six, sept, huit, neuf cent, ou
mille, voire des centaines de milliers de chariots -- comparé à ceci?"
39. "Or une fois,
Pukkusa, je demeurais à Atuma, et j'avais là ma demeure dans une grange.
Et en ce temps-là il y eut une forte pluie, avec le tonnerre qui grondait,
les éclairs qui éclataient, et la foudre qui tombait. Et deux fermiers qui
étaient frères furent tués près de la grange, de même que quatre boeufs,
et une grande foule sortit d'Atuma [pour voir] l'endroit où ils furent
tués.
40. "Or en ce temps-là,
Pukkusa, j'étais sorti de la grange et j'allais et venais pensif devant la
porte. Et un certain homme de la grande foule s'approcha de moi, me salua
respectueusement, et se tint d'un côté.
41. "Et je lui
demandai: 'Pourquoi, mon frère, cette grande foule s'est-elle assemblée?'
Et il me répondit: 'Juste à l'instant, Seigneur, il y a eu une forte pluie,
avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la foudre qui
tombe. Et deux fermiers qui étaient frères ont été tués tout près de là,
de même que quatre boeufs. C'est à cause de cela que cette grande foule
s'est assemblée. Mais vous, Seigneur, où étiez vous?' "J'étais ici, mon
frère.' 'Et pourtant, Seigneur, ne l'avez-vous point vu?' 'Je ne l'ai pas
vu, mon frère.' 'Mais le bruit, Seigneur, vous l'avez sûrement entendu?' 'Je
ne l'ai pas entendu, mon frère.' Alors cet homme me demanda: 'Alors,
Seigneur, peut-être dormiez vous?' 'Non, mon frère, je ne dormais pas.' 'Alors,
Seigneur, vous étiez conscient?' 'Je l'étais, mon frère.' Alors cet homme
dit: 'Alors, Seigneur, cependant que conscient et éveillé, au milieu d'une
forte pluie, avec le tonnerre qui gronde, les éclairs qui éclatent, et la
foudre qui tombe, vous n'avez ni vu ni entendu le bruit?' Et je lui ai
répondu, en disant: 'Non, mon frère.'
42. "Et à cet homme,
Pukkusa, vint l'idée: 'Il est merveilleux, Seigneur, il est bien
extraordinaire, effectivement, l'état de calme dans lequel demeurent ceux
qui ont quitté le monde!' Et là surgit en lui une grande foi, et il me
salua respectueusement, et tenant son côté droit envers moi, il reprit sa
route."
43. Lorsque ceci eut
été dit, Pukkusa du clan des Mallas dit au Béni du Ciel: "La foi,
Seigneur, que j'avais en Alara Kalama je la disperse maintenant au vent
puissant, je la laisse se faire emporter comme par un courant d'eau!
Excellent, ô seigneur, très excellent, ô seigneur! C'est tout comme si,
Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait
ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré,
ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des
yeux puissent voir -- même ainsi le Béni du Ciel a prononcé le Dhamma de
plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô seigneur, je prend refuge dans le
Béni du Ciel, le Dhamma, et la Communauté de Bhikkhus. Puisse le Béni du
Ciel m'accepter pour son disciple, un qui a pris refuge jusqu'à la fin de
sa vie."
44. Alors Pukkusa du
clan des Mallas s'adressa à un certain homme, en disant: "Apporte moi tout
de suite, ami, deux ensembles de robes aux reflets dorés, polies et prêtes
à porter." Et l'homme lui répondit: "Qu'il en soit ainsi, vénérable."
45. Et quand les
robes furent apportées, Pukkusa du clan des Mallas les offrit au Béni du
Ciel, en disant: "Puisse le Béni du Ciel, ô seigneur, par compassion,
accepter ceci de ma part." Et le Béni du Ciel dit: "Habille-moi donc avec
l'une, Pukkusa, et avec l'autre, habille Ananda." "Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et là-dessus, il habilla le Béni du Ciel avec une, et avec
l'autre, il habilla le Vénérable Ananda.
46. Et alors le Béni
du Ciel instruisit Pukkusa du clan des Mallas dans le Dhamma, et le
stimula, l'édifia, et le réjouit. Et après cela, Pukkusa se leva de son
siège, salua respectueusement le Béni du Ciel, et tenant son côté droit
envers lui, reprit sa route.
47. Et peu après que
Pukkusa du clan des Mallas soit parti, le Vénérable Ananda arrangea
l'ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à porter, sur le
corps du Béni du Ciel. Mais quand l'ensemble de robes eut été arrangé sur
le corps du Béni du Ciel, il était devenu comme fané, et sa splendeur
avait pâli.
48. Et le Vénérable
Ananda dit au Béni du Ciel: " C'est merveilleux, Seigneur, c'est bien
extraordinaire, effectivement, comme la peau du Tathâgata semble claire et
radieuse! Cet ensemble de robes aux reflets dorés, polies et prêtes à
porter, Seigneur, maintenant qu'il est disposé sur le corps du Béni du
Ciel semble s'être fané, sa splendeur pâlie."
49. "C'est vrai,
Ananda. Il y a deux occasions, Ananda, quand la peau du Tathâgata semble
excessivement claire et radieuse. Que sont ces deux? La nuit, Ananda, où
le Tathâgata devient pleinement éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé,
et la nuit où le Tathâgata arrive à son décès final dans l'état de Nibbana
dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement. Et telles, Ananda,
sont les deux occasions où la peau du Tathâgata semble excessivement
claire et radieuse.
50. "Et aujourd'hui
maintenant, au cours de la dernière veille de cette nuit-même, Ananda,
dans le Bosquet de Salas des Mallas, aux environs de Kusinara, entre deux
arbres sala, le Tathâgata va arriver à son Parinibbâna. Donc, Ananda,
allons maintenant à la rivière Kakuttha."
51. Vêtu du cadeau de
Pukkusa, les robes d'or, la forme du Maître était radieuse à voir
A la rivière Kakuttha, le Bouddha apaise
les remords de Cunda
52. Alors le Béni du
Ciel partit pour la rivière Kakuttha de même qu'une grande communauté de
bhikkhus.
53. Et il descendit
dans l'eau et se baigna et but. Et sortant de l'eau encore une fois, il
partit pour le Bosquet des Manguiers, et là s'adressa au Vénérable Cundaka,
en disant: "Je t'en prie, plie ma robe supérieure en quatre, Cundaka, et
étend-la par terre. Je suis fatigué et voudrais me reposer un peu."
"Qu'il en soit ainsi,
Seigneur." Et Cundaka plia la robe en quatre et l'étendit par terre.
54. Et le Béni du
Ciel s'étendit sur son côté droit, dans la posture du lion, un pied posé
sur l'autre, et ainsi se disposa lui-même, attentif et en état de
comprendre clairement, avec le moment pour se lever à l'esprit. Et le
Vénérable Cundaka s'assit juste devant le Béni du Ciel.
55. Le Bouddha à la
rivière Kakuttha vint,
Où frais et limpide
coule l'agréable courant;
Là lava dans l'eau
clair sa carcasse fatiguée
Le Bouddha -- lui,
dans tous les mondes suprême!
Et s'étant baigné et
ayant bu, l'Enseignant tout droit
Traversa, les
bhikkhus se pressant dans son sillage.
Discourant de saintes
vérités, le Maître grand
Du Bosquet des
Manguiers prit le chemin.
Là à l'ancien Cundaka
il s'adressa:
"Etend ma robe, je
t'en prie, pliée en quatre."
Alors l'ancien, vif
comme l'éclair,
A la requête de
l'Enseignant se hâta d'obéir.
Fatigué, le Seigneur
s'étendit alors sur la natte,
Et Cundaka sur le sol
devant lui s'assit.
56. Alors le Béni du
Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Il pourrait arriver,
Ananda, que quelqu'un veuille causer du remords à Cunda le métallier, en
disant: 'Ce n'est pas un gain pour toi, ami Cunda, mais une perte, que que
ce soit de toi que le Tathâgata ait pris son dernier repas d'aumônes, et
qu'ensuite il ait trouvé sa fin.' Alors, Ananda, le remords de Cunda
devrait être dissipé de la manière qui suit: 'C'est un gain pour toi, ami
Cunda, c'est une bénédiction que le Tathâgata ait pris son dernier repas
d'aumônes de toi, et qu'ensuite il ait trouvé sa fin. Car, ami, face à
face avec le Béni du Ciel, je l'ai entendu dire et j'ai appris: "Il y a
deux offrandes de nourriture ce qui sont de pareil fruit, de résultat égal,
excédant en grandeur le fruit et le résultat de toute autre offrande de
nourriture. Quels deux? Celui qu'a partagé le Tathâgata avant de passer
dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement.
Par cet acte, le valeureux Cunda a accumulé un mérite qui compte pour une
longue vie, la beauté, le bien-être, la gloire, une renaissance céleste,
et souveraineté."' C'est ainsi, Ananda, que le remords de Cunda le
métallier devrait être dissipé."
57. Alors le Béni du
Ciel, comprenant le problème, proféra cette déclaration solennelle:
"Celui qui donne, ses
vertus augmentera;
Qui est bien dressé,
aucune haine ne porte;
Quiconque est habile
en vertu, le mal rejette,
Et par l'éradication
de la luxure et de la haine
Et de toute illusion,
vient à être en paix."
KUSINARA :
dernier lieu
de repos
1. Alors le Béni du
Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Allons, Ananda, traversons
de l'autre côté de la Hiraññavati, et allons au Bosquet de Salas des
Mallas, aux environs de Kusinara." "Qu'il en soit ainsi, Seigneur."
2. Et le Béni du Ciel,
de même qu'une grande compagnie de bhikkhus, partit de l'autre côté de la
Hiraññavati, au Bosquet de Salas des Mallas, aux environs de Kusinara. Et
là il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant:
3. "Je t'en prie,,
Ananda, prépare moi une couche entre entre les arbres sala jumeaux, avec
la tête au nord. Je suis fatigué, Ananda, et je veux m'étendre."[41] "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable Ananda fit comme le Béni du Ciel
lui demandait de faire. Alors le Béni du Ciel s'étendit sur son côté droit,
dans la posture du lion, un pied posé sur l'autre, et ainsi disposé
lui-même, attentif et en état de comprendre clairement.
4. A ce moment, les
arbres sala jumeaux se mirent à fleurir, quoique ce ne fut pas la saison
de leur floraison. Et les fleurs plurent sur le corps du Tathâgata et
tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour
le Tathâgata. Et des fleurs de mandarava célestes et de la poudre céleste
de bois de santal tombèrent du ciel sur le corps du Tathâgata, et
tombèrent et s'éparpillèrent et furent étalées sur lui en vénération pour
le Tathâgata. Et le son de voix célestes et d'instruments célestes fit de
la musique dans l'air par révérence pour le Tathâgata.
5. Et le Béni du Ciel
s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Ananda, les arbres sala jumeaux
sont en pleine fleur, quoique ce ne soit pas la saison de leur floraison.
Et les fleurs pleuvent sur le corps du Tathâgata et tombent et
s'éparpillent et sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et
des fleurs de corail célestes et de la poudre céleste de bois de santal
pleuvent du ciel sur le corps du Tathâgata, et tombent et s'éparpillent et
sont étalées sur lui en vénération pour le Tathâgata. Et le son de voix
célestes et instruments célestes fait de la musique dans l'air par
révérence pour le Tathâgata.
6. "Et pourtant ce
n'est pas ainsi, Ananda, que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé,
adoré, et honoré au plus haut degré. Mais, Ananda, quel que soit le
bhikkhu ou la bhikkhuni, le laïc ou la laïque, qui demeure par le Dhamma,
vit droitement dans le Dhamma, marche dans la voie du Dhamma, c'est par
une telle personne que le Tathâgata est respecté, vénéré, estimé, adoré,
et honoré au plus haut degré. En conséquence, Ananda, c'est ainsi que vous
devriez vous entraîner: 'Nous demeurerons dans le Dhamma, vivrons
droitement dans le Dhamma, marcherons dans la voie du Dhamma.'"
le chagrin des dieux
7. A ce moment le
Vénérable Upavana se tenait devant le Béni du Ciel, en train de l'éventer.
Et le Béni du Ciel le réprimanda, en disant: "Mets-toi de côté, bhikkhu,
ne te tiens pas devant moi."
8. Et au Vénérable
Ananda vint la pensée: "Ce Vénérable Upavana est au service du Béni du
Ciel depuis longtemps, associé de près avec lui et le servant. Et pourtant
maintenant, tout à la fin, le Béni du Ciel le réprimande. Quelle pourrait
donc être la raison, que pourrait-être la cause de ce que le Béni du Ciel
réprimande le Vénérable Upavana, en disant: 'Mets-toi de côté, bhikkhu, ne
te tiens pas devant moi'?"
9-10. Et le Vénérable
Ananda dit sa pensée au Béni du Ciel. Le Béni du Ciel dit: "A travers le
décuple système cosmique, Ananda, il n'y a presqu'aucun des devas qui ne
soit venu se rassembler pour voir le Tathâgata. Car sur douze yojanas de
distance tout autour du Bosquet de Salas des Mallas aux environs de
Kusinara il n'y a pas un seul endroit qu'on pourrait piquer avec le bout
d'un cheveu qui ne soit rempli de puissants devas. Et ces devas, Ananda,
se plaignent: 'De loin sommes nous venus pour voir le Tathâgata. Car rare
dans le monde est l'apparition de Tathagatas, d'Arahats, de Pleinement
Éveillés. Et en ce jour, au cours de la dernière veille de la nuit, le
Parinibbâna du Tathâgata surviendra. Mais ce bhikkhu de grand pouvoirs
s'est placé juste en face du Béni du Ciel, le cachant, de sorte que
maintenant, à la toute fin, sommes empêchés du regarder.' Ainsi, Ananda,
se plaignent les devas."
11. "De quelles
sortes de devas, Seigneur, le Béni du Ciel est-il conscient?"
12-13. "Il y a des
devas, Ananda, dans l'espace et sur terre, qui ont une mentalité terrienne;
échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre,
ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant: 'Le Béni du Ciel arrive
trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son
Parinibbâna! Trop tôt va disparaître l'Oeil du Monde, hors de vue!'
14. "Mais ceux des
devas qui sont libérés de passion, attentifs et comprenant, réfléchissent
de cette façon: 'Impermanentes sont toutes choses composées. Comment
pourrait-il en être autrement? "
Ananda
15. "Auparavant,
Seigneur, en quittant leurs quartiers après les pluies, les bhikkhus
demandaient à voir le Tathâgata, et nous avions le gain et le bénéfice de
recevoir et de nous associer avec ces très révérends bhikkhus qui venaient
demander audience au Béni du Ciel et venaient le servir. Mais, Seigneur,
après le départ du Béni du Ciel, nous n'aurons plus ce gain et ce bénéfice."
Quatre lieux de
pélerinage
16. "Il y a quatre
endroits, Ananda, qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer
avec des sentiments de révérence.[42] Que sont ces quatre?
17. "'Ici est né le
Tathâgata!'[43] Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait
visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
18. "'Ici le
Tathâgata s'est pleinement éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé!'[44]
Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et
considérer avec des sentiments de révérence.
19. "'Ici le
Tathâgata a mis en route la Roue du Dhamma sans pareille!'[45] Ceci,
Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse devrait visiter et considérer
avec des sentiments de révérence.
20. "'Ici le
Tathâgata est passé dans l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun
élément d'attachement!' Ceci, Ananda, est un lieu qu'une personne pieuse
devrait visiter et considérer avec des sentiments de révérence.
21. "Ce sont là,
Ananda, les quatre endroits qu'une personne pieuse devrait visiter et
considérer avec des sentiments de révérence. Et en vérité, viendront à ces
endroits, Ananda, de pieux bhikkhus et bhikkhunis, laïcs et laïques, en se
disant que: 'Ici est né le Tathâgata! Ici le Tathâgata s'est pleinement
éveillé dans l'Éveil suprême et insurpassé! Ici le Tathâgata a mis en
route la Roue du Dhamma sans pareille ! Ici le Tathâgata est passé dans
l'état de Nibbana dans lequel ne demeure aucun élément d'attachement !'
22. "Et quiconque,
Ananda, devrait mourir en un tel pélerinage avec son coeur établi dans la
foi, à la dissolution du corps, après la mort, renaîtra dans un domaine de
bonheur céleste."
23. Alors le
Vénérable Ananda dit au Béni du Ciel: "Comment, Seigneur, devrions-nous
nous comporter envers les femmes?" "Ne les voyez pas, Ananda." "Mais,
Seigneur, si nous les voyions?" "Ne leur parle pas, Ananda.""Mais,
Seigneur, si elles devaient nous parler?" "Alors, Ananda, il vous faudra
établir l'attention."
24. Alors le
Vénérable Ananda dit: "Comment devrions-nous agir, Seigneur, pour
respecter le corps du Tathâgata?"
"Ne vous embarassez
pas, Ananda, à honorer le corps du Tathâgata. Au contraire, efforcez-vous,
Ananda, et soyez zélés pour vous mêmes,[46] pour votre propre bien. Sans
flancher, ardemment, et résolument appliquez-vous à votre propre bien. Car
il y a, Ananda, de sages nobles, de sages brahmanes, et de sages maîtres
de maison qui sont dévoués au Tathâgata, et ce sont eux qui vont rendre
les honneurs au corps du Tathâgata."
25. Alors le
Vénérable Ananda dit: "Mais comment, Seigneur, devraient-ils agir pour
respecter le corps du Tathâgata?" "De la même manière, Ananda, que pour le
corps d'un monarque universel."[47] "Mais comment, Seigneur, font-ils pour
respecter le corps d'un monarque universel?"
26. "Le corps d'un
monarque universel, Ananda, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et
ensuite dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de
lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque
universel est placé dans un récipient à huile en fer[48], qui est enclos
dans un autre récipient en fer, on construit un bûcher funéraire de toutes
sortes de bois aromatiques, et on brûle ainsi le corps du monarque
universel; et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque universel.
C'est ainsi qu'on fait, Ananda, avec le corps d'un monarque universel. Et
donc, Ananda, ainsi qu'il est fait avec le corps d'un monarque universel,
ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un carrefour
également devrait-on élever un stupa pour le Tathâgata. Et quiconque
apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la pâte de
bois de santal, ou fera des révérences, et dont l'esprit deviendra calme à
cet endroit -- ce sera pour son bien-être et son bonheur pour longtemps.
27. "Il y a quatre
personnes, Ananda, qui sont dignes d'un stupa. Qui sont ces quatre? Un
Tathâgata, un Arahat, un Etre pleinement éveillé sont dignes d'un stupa;
l'est également un Paccekabuddha,[49] et un disciple d'un Tathâgata, ainsi
qu'un monarque universel.
28-31. "Et pourquoi,
Ananda, un Tathâgata, un Arahat, un Etre Pleinement Eveillé sont-ils
dignes d'un stupa? C'est parce que, Ananda, à la pensée: 'Ceci est le
stupa de ce Béni du Ciel, de cet Arahat, de cet Etre Pleinement Eveillé!'
les coeurs de nombreuses personnes vont être calmés et rendus heureux; et
ainsi calmés et avec leurs esprits ainsi établis dans la foi, à la
dissolution du corps, après la mort, ils vont renaître dans un domaine de
bonheur céleste. Et de même aussi à la pensée: 'Ceci est le stupa de ce
Paccekabuddha!' ou 'Ceci est le stupa d'un disciple de ce Tathâgata,
Arahat, Etre Pleinement Eveillé!' ou 'Ceci est le stupa de ce juste
monarque qui régna selon le Dhamma!' -- les coeurs de nombreuses personnes
seront calmés et rendus heureux; et ainsi calmés et avec leurs esprits
ainsi établis dans la foi, à la dissolution du corps, après la mort, ils
vont renaître dans un domaine de bonheur céleste. Et c'est à cause de cela,
Ananda, que ces quatre personnes sont dignes d'un stupa."
Le chagrin
d'Ananda
32. Alors le
Vénérable Ananda partit dans le vihara[50] et s'appuya contre
l'encadrement de la porte et pleura: "Je ne suis encore qu'un apprenti,[51]
et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais, hélas, mon
Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point de décéder!"
33. Et le Béni du
Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Où, bhikkhus, est Ananda?" "Le
Vénérable Ananda, Seigneur, est allé dans le vihara et il est là, appuyé
contre l'encadrement de la porte à pleurer: 'Je ne suis encore qu'un
apprenti, et je dois encore m'efforcer pour ma propre perfection. Mais,
hélas, mon Maître, qui était si compatissant envers moi, est sur le point
de décéder!'"
34. Alors le Béni du
Ciel demanda à un certain bhikkhu à lui amener le Vénérable Ananda, en
disant: "Va, bhikkhu, et dis à Ananda, 'Ami Ananda, le Maître t'appelle.'"
"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et ce bhikkhu partit et s'adressa au
Vénérable Ananda comme le Béni du Ciel le lui avait demandé. Et le
Vénérable Ananda alla trouver le Béni du Ciel, s'inclina vers lui, et
s'assit d'un côté.
35. Alors le Béni du
Ciel s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Cela suffit, Ananda! Ne te
chagrine pas, ne te plains pas! Car n'ai-je pas enseigné dès le tout début
qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement
changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être,
a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: 'Puisse
cela ne jamais en venir à dissolution!'? Il ne peut y avoir un tel état de
choses. Or depuis longtemps, Ananda, tu as servi le Tathâgata avec amour
et bonté en actes, en paroles et en pensées, gracieusement, gentiment, de
tout ton coeur et sans mesure. Un grand bien tu as rassemblé, Ananda!
Maintenant, il te faut faire preuve d'énergie, et bientôt, toi aussi tu
seras livre de pollutions."[52]
Louange d'Ananda
36. Alors le Béni du
Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Bhikkhus, les Bénis du Ciel, les
Arahats, les Pleinement Éveillés des temps passés avaient eux aussi
d'excellents et dévoués bhikkhus à leur service, comme c'est mon cas avec
Ananda. Et il en ira de même, bhikkhus, des Bénis du Ciel, des Arahats,
des Pleinement Éveillés des temps à venir.
37. "Capable et
judicieux est Ananda, bhikkhus, car il sait quel est le bon moment pour
les audiences des bhikkhus avec le Tathâgata, et le bon moment pour les
bhikkhunis, le bon moment pour les laïcs et les laïques; le bon moment
pour les rois et les ministres d'état; le bon moment pour les enseignants
d'autres écoles et leurs disciples.
38. "Chez Ananda,
bhikkhus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que sont ces
quatre? Si, bhikkhus, une compagnie de bhikkhus va trouver Ananda, ils se
réjouissent au voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont
réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus. Donc il en va
de même quand bhikkhunis, laïcs, ou laïques vont trouver Ananda: ils se
réjouissent au voir; et s'il leur parle ensuite du Dhamma, ils sont
réjouis par ses propos; et quand il se tait, ils sont déçus.
39. "Chez un monarque
universel, bhikkhus, on trouve quatre qualités rares et superlatives. Que
sont ces quatre? Si, bhikkhus, une compagnie de nobles va trouver le
monarque universel, ils se réjouissent au voir; et si ensuite il parle,
ils sont réjouis par son discours; et quand il se tait, ils sont déçus.
Donc il en va de même quand une compagnie de brahmanes, de maîtres de
maison, ou d'ascètes va voir un monarque universel.
40. "Et exactement de
la même manière, bhikkhus, chez Ananda on trouve ces quatre rares et
superlatives qualités."
la gloire passée de Kusinara
41. Lorsque ceci eut
été dit, le Vénérable Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "Ne
permettez pas, Seigneur, que le Béni du Ciel décède dans ce méchant
endroit, cette bourgade du milieu de la jungle, loin de la civilisation,
simple poste avancé de province. Il y a de grandes cités, Seigneur, comme
Campa, Rajagaha, Savatthi, Saketa, Kosambi, et Bénarès -- que le Béni du
Ciel ait son décès final dans une d'elles. Car dans ces cités habitent de
nombreux riches nobles, brahmanes et maîtres de maison qui sont dévots du
Tathâgata, et ils rendront les honneurs qu'ils méritent aux reliques du
Tathâgata."
42. "Ne dis pas ça,
Ananda! Ne dis pas: 'Ce méchant endroit, cette bourgade du milieu de la
jungle, loin de la civilisation, simple poste avancé de province.' Il y a
longtemps, Ananda, il y eut un roi du nom de Maha Sudassana, qui était un
monarque universel, un roi de justice, un conquérant des quatre quartiers
de la terre, dont le domaine était établi dans la sécurité, et qui était
doté des sept joyaux.[53] Et ce roi Maha Sudassana, Ananda, avait sa
résidence royale ici à Kusinara, qui s'appelait alors Kusavati, et elle
s'étendait sur douze yojanas de l'est à l'ouest, et sur sept du nord au
sud.
43. "Et puissante,
Ananda, était Kusavati, la capitale, prospère et bien peuplée, très
fréquentée par les gens, et abondamment fournie en nourriture. Tout comme
la résidence royale des devas, Alakamanda, est puissante, prospère, et
bien peuplée, largement fréquentée par les devas et abondamment fournie en
nourriture, ainsi était la capitale royale de Kusavati.
44. "Kusavati, Ananda,
résonnait sans cesse jour et nuit de dix sons -- le barrissement des
éléphants, le hennissement des chevaux, le grondement des chariots, les
battements des tambours et des timbales, de la musique et des chants, des
acclamations, des battements de mains, et des cris de 'Mangez, buvez, et
soyez gais!'
lamentations des Mallas
45. "Va maintenant,
Ananda, à Kusinara et annonce aux Mallas: 'Aujourd'hui, Vasetthas, au
cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du Tathâgata va
avoir lieu. Approchez-vous, O Vasetthas, venez tout près! Ne faites pas en
sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée: "C'est dans notre
bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons pas
été le voir à la fin!"'-"Qu'il en soit ainsi, Seigneur." Et le Vénérable
Ananda se prépara, et prenant son bol et sa robe, partit avec un compagnon
à Kusinara.
46. Or en ce temps-là
les Mallas s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour quelque
affaire publique. Et le Vénérable Ananda s'approcha d'eux et annonça: "Aujourd'hui,
Vasetthas, au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna du
Tathâgata va avoir lieu. Approchez-vous, Vasetthas, venez tout près! Ne
faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords à la pensée: 'C'est dans
notre bourgade qu'a eu lieu le Parinibbâna du Tathâgata, mais nous n'avons
pas été le voir à la fin.'"
47. Quand ils
entendirent le Vénérable Ananda prononcer ces paroles, les Mallas avec
leurs fils, leurs femmes, et les épouses de leurs fils, furent
profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et affligés; et certains,
avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés au ciel de désespoir,
pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient d'un côté à l'autre, en
geignant: "Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du
Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! L'Oeil du Monde va trop tôt
disparaître"
48. Et ainsi affligés
et remplis de chagrin, les Mallas, avec leurs fils, leurs épouses, et les
épouses de leurs fils, partirent pour le Bosquet de Salas, le parc de
détente des Mallas, à l'endroit où le Vénérable Ananda se trouvait.
49. Et la pensée vint
au Vénérable Ananda: "Si je dois laisser les Mallas de Kusinara faire des
révérences au Béni du Ciel un par un, la nuit aura laissé place à l'aube
avant qu'ils se soient tous présentés à lui. En conséquence je vais les
répartir par clans, chaque famille dans un groupe, et les présenter ainsi
au Béni du Ciel: 'Le Malla de tel ou tel nom, Seigneur, avec ses épouses
et enfants, ses serviteurs et ses amis, rend hommage aux pieds du Béni du
Ciel.'"
50. Et le Vénérable
Ananda répartit les Mallas par clans, chaque famille dans un groupe, et
les présenta au Béni du Ciel. C'est ainsi que le Vénérable Ananda fit que
les Mallas de Kusinara fussent présentés au Béni du Ciel par clans, chaque
famille dans un groupe, jusqu'au cours de la première veille de la nuit
un dernier disciple
51. Or en ce temps-là
un ascète errant nommé Subhadda habitait à Kusinara. Et Subhadda l'ascète
errant entendit dire: "Aujourd'hui dans la troisième veille de la nuit, le
Parinibbâna de l'ascète Gotama va avoir lieu."
52. Et la pensée
surgit en lui: "Je l'ai entendu dire par de vieux et vénérables ascètes
errants, maîtres d'enseignants, que l'apparition de Tathagatas, d'Arahats,
Pleinement Éveillés, est rare dans le monde. Et pourtant en ce jour même,
au cours de la dernière veille de la nuit, le Parinibbâna de l'ascète
Gotama va avoir lieu. Or il me vient là un doute; mais j'ai tellement foi
en l'ascète Gotama, qu'il pourrait m'enseigner le Dhamma en sorte de
m'enlever ce doute."
53. Alors l'ascète
errant Subhadda partit au Bosquet de Salas, le parc de détente des Mallas,
et s'approcha du Vénérable Ananda, et dit au Vénérable Ananda sa pensée.
Et il s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Ami Ananda, il serait bon
qu'on me permette d'être admis en présence de l'ascète Gotama."
54. Mais le Vénérable
Ananda lui répondit, en disant: "Suffit, ami Subhadda! Ne trouble pas le
Tathâgata. Le Béni du Ciel est fatigué."
55-56. Et pourtant
une seconde et troisième fois l'ascète errant Subhadda fit sa requête, et
une seconde et troisième fois le Vénérable Ananda lui refusa.
57. Et le Béni du
Ciel entendit la discussion entre eux, et il appela le Vénérable Ananda et
dit: "Arrête, Ananda! Ne refuse pas Subhadda. Ananda, admets Subhadda en
présence du Tathâgata. Car quoiqu'il me demande, il le demandera aux fins
de la connaissance, et ce ne sera donc pas une offense. Et la réponse que
je lui donnerai, il la comprendra facilement."
58. Là-dessus le
Vénérable Ananda dit à l'ascète errant Subhadda: "Va, dans ce cas, ami
Subhadda, le Béni du Ciel t'en donne la permission."
59. Alors l'ascète
errant Subhadda s'approcha du Béni du Ciel et le salua avec courtoisie. Et
après avoir échangé avec lui d'agréables et civiles salutations, l'ascète
errant Subhadda s'assit d'un côté et s'adressa au Béni du Ciel, en disant:
"Il y a, Vénérable Gotama, des ascètes et des brahmanes qui sont chefs de
grandes compagnies de disciples, qui ont d'énormes suites, qui sont chefs
d'écoles, bien connues et renommées, et tenus en haute estime par la
multitude, des maîtres comme Purana Kassapa, Makkhali Gosala, Ajita
Kesakambali, Pakudha Kaccayana, Sañjaya Belatthiputta, Nigantha Nataputta.
Ont-ils tous atteint la réalisation, ainsi que chacun d'eux voudrait le
faire croire, ou aucun d'entre eux, ou est-ce que certains l'ont atteint
et d'autres pas?"
60 "Suffit, Subhadda!
Laisse les faire, qu'ils aient tous atteint la réalisation, ainsi que
chacun d'eux voudrait le faire croire, ou qu'aucun d'entre eux, ou que
certains l'aient atteint et d'autres pas. Je vais t'enseigner le Dhamma,
Subhadda; écoute et sois bien attentif, et je vais parler." "Qu'il en soit
ainsi, Seigneur."
Le rugissement du
Lion
61. Et le Béni du
Ciel prit la parole, en disant: "Dans tout Dhamma et Discipline, Subhadda,
où on ne trouve pas le Noble Octuple Sentier, on ne trouvera pas de
véritable ascète du premier, second, troisième, ou quatrième degrés de
sainteté. Mais dans tout Dhamma et Discipline où on trouve le Noble
Octuple Sentier, on trouve là un véritable ascète du premier, second,
troisième, et quatrième degrés de sainteté.[54] Or dans ce Dhamma et
Discipline, Subhadda, on trouve le Noble Octuple Sentier; et en lui seul
trouve-t-on aussi de véritables ascètes du premier, second, troisième, et
quatrième degrés de sainteté. Dépourvus de véritables ascètes sont les
systèmes des autres maîtres. Mais si, Subhadda, les bhikkhus vivent
justement, le monde ne sera pas dépourvu d'arahats.
62. "En âge je
n'avais que vingt-neuf ans, Subhadda,
Lorsque je renonçai
au monde pour chercher le Bien;
Cinquante-et-un ans
ont passé depuis lors, Subhadda,
Et pendant tout ce
temps un voyageur j'ai été
Dans le domaine de la
vertu et de la vérité,
Et sauf là-dedans, il
n'est pas de saint (du premier degré).
"Et il n'y en a aucun
du second degré, ni du troisième degré, ni du quatrième degré de sainteté.
Dépourvus de véritables ascètes sont les systèmes des autres maîtres. Mais
si, Subhadda, les bhikkhus vivent justement, le monde ne sera pas dépourvu
d'arahats."
63. Lorsque ceci fut
dit, l'ascète errant Subhadda s'adressa au Béni du Ciel, en disant:
"Excellent, ô seigneur, vraiment excellent, ô seigneur! C'est comme si,
Seigneur, on avait redressé ce qui avait été renversé, ou qu'on révélait
ce qui avait été caché, ou qu'on montrait le chemin à qui s'était égaré,
ou qu'on allumait une lampe dans l'obscurité de sorte que ceux qui ont des
yeux puissent voir -- même ainsi, le Béni du Ciel a prononcé le Dhamma de
plusieurs façons. Et c'est pourquoi, ô seigneur, je prend refuge dans le
Béni du Ciel, le Dhamma, et la Communauté des Bhikkhus. Puissé-je recevoir
du Béni du Ciel l'admission dans l'Ordre et également l'ordination
supérieure."
64. "Quiconque,
Subhadda, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite
recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline,
reste en probation pour une période de quatre mois. A la fin de ces quatre
mois, si les bhikkhus en sont satisfaits, ils lui concèdent l'admission et
l'ordination supérieure en tant que bhikkhu. Et pourtant dans cette
affaire, je reconnais des différences de personnalités."
65. "Si, ô seigneur,
quiconque, ayant été auparavant un disciple d'une autre croyance, souhaite
recevoir admission et ordination supérieure dans ce Dhamma et Discipline,
reste en probation pour une période de quatre mois, et qu'à la fin de ces
quatre mois, si les bhikkhus en sont satisfaits, ils lui concèdent
l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhikkhu -- alors je
resterai en probation pour une période de quatre années. Et à la fin de
ces quatre années, si les bhikkhus sont satisfaits de moi, alors qu'ils me
concèdent l'admission et l'ordination supérieure en tant que bhikkhu."
66. Mais le Béni du
Ciel appela le Vénérable Ananda et lui dit: "Ananda, qu'il soit accordé à
Subhadda l'admission dans l'ordre." Et le Vénérable Ananda répliqua: "Qu'il
en soit ainsi, Seigneur."
67. Alors l'ascète
errant Subhadda dit au Vénérable Ananda: "C'est un gain pour toi, ami
Ananda, c'est une bénédiction, qu'en présence du Maître lui-même tu aies
reçu l'aspersion de l'ordination en tant que disciple."
68. Donc il se
produisit qu'à l'ascète errant Subhadda, en présence du Béni du Ciel, fut
donné l'admission et l'ordination supérieure. Et à partir du moment de son
ordination, le Vénérable Subhadda demeura seul, reclus, attentif, ardent,
et résolu. Et avant longtemps, il atteint au but pour lequel un homme
digne quitte le domicile pour le sans-domicile-fixe, le but suprême de la
vie sainte; et l'ayant par lui-même réalisé avec la connaissance
supérieure, il y demeura. Il sut que: "Détruite est la naissance; la vie
supérieure est accomplie; il ne reste plus rien à faire, et au-delà de
cette vie plus rien ne reste." Et le Vénérable Subhadda devint encore un
autre parmi les arahats, et il fut le dernier disciple converti par le
Béni du Ciel lui-même.
les dernières paroles du Bouddha
1. Or le Béni du Ciel
s'adressa au Vénérable Ananda, en disant: "Il se pourrait, Ananda, qu'à
certains d'entre vous vienne l'idée: 'Terminée est la parole du Maître;
nous n'avons plus de Maître.' Mais il ne faudrait pas, Ananda, voir les
choses comme cela. Car ce que j'ai proclamé et fait connaître comme le
Dhamma et la Discipline, c'est là ce qui sera votre Maître quand je serai
parti.
2. "Et, Ananda, alors
que maintenant les bhikkhus s'adressent les uns aux autres ainsi 'ami,'
que ce ne soit plus le cas quand je serai parti. Les bhikkhus anciens,
Ananda, pourront s'adresser aux plus jeunes par leur nom, leur nom de
famille, ou ainsi 'ami'; mais les bhikkhus plus jeunes devront s'adresser
aux plus anciens ainsi 'vénérable vénérable' ou 'révérend.'[55]
3. "Si on le souhaite,
Ananda, le Sangha pourra, quand je serai parti, abolir les règles mineures
et moins importantes.[56]
4. "Ananda, quand je
serai parti, imposez la pénalité la plus grande au bhikkhu Channa."[57]
"Mais quelle est,
Seigneur, la pénalité la plus grande?"
"Le bhikkhu Channa,
Ananda, pourra dire ce qu'il voudra, mais les bhikkhus ne devront ni
converser avec lui, ni l'exhorter, ni l'admonester."
5. Alors le Béni du
Ciel s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Il se pourrait, bhikkhus, qu'un
de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au
Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Alors posez vos
questions, bhikkhus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords
avec la pensée: 'Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à
face nous ne lui avons pas demandé.'"
6. Mais quand ceci
fut dit, les bhikkhus gardèrent le silence. Et pourtant une seconde et une
troisième fois le Béni du Ciel leur dit: "Il se pourrait, bhikkhus, qu'un
de vous soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au
Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Alors posez vos
questions, bhikkhus! Ne faites pas en sorte d'avoir plus tard des remords
avec la pensée: 'Le Maître était avec nous face à face, et pourtant face à
face nous ne lui avons pas demandé.'"
Et pour une seconde
et troisième fois les bhikkhus gardèrent le silence. Alors le Béni du Ciel
leur dit: "Il se pourrait, bhikkhus, que par respect pour le Maître vous
ne lui posiez pas de questions. Alors, bhikkhus, que l'ami le communique à
l'ami." Et pourtant toujours les bhikkhus gardèrent le silence.
7. Et le Vénérable
Ananda s'adressa au Béni du Ciel, en disant: "C'est merveilleux, ô
seigneur, vraiment c'est vraiment extraordinaire! Cette foi que j'ai dans
la communauté des bhikkhus, que pas même un bhikkhu ne soit dans le doute
ou la perplexité par rapport au Bouddha, au Dhamma, ou au Sangha, au
sentier ou à la pratique."
"C'est par foi,
Ananda, que tu parles ainsi. Mais ici, Ananda, le Tathâgata sait avec
certitude que parmi cette communauté de bhikkhus il n'y a pas même un
bhikkhu qui soit dans le doute ou la perplexité par rapport au Bouddha, au
Dhamma, ou au Sangha, au sentier ou à la pratique. Car, Ananda, parmi ces
cinq cent bhikkhus même le plus bas est un entré-dans-le-courant, à l'abri
de la chute, assuré, et en marche vers l'éveil."
8. Et le Béni du Ciel
s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Soyez attentifs maintenant, bhikkhus,
je vous y exhorte: Toutes choses composées sont sujettes à disparaître.
Efforcez-vous avec sincérité!"[58]
Ce furent les
dernières paroles du Tathâgata.
le passage en nibbana
9. Et le Béni du Ciel
entra dans le premier jhâna. En sortant du premier jhâna, il entra dans le
second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le troisième jhâna.
En sortant du troisième jhâna, il entra dans le quatrième jhâna. Et en
sortant du quatrième jhâna, il entra dans la sphère de l'espace infini. En
sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra dans la sphère
de la conscience infinie. En sortant de l'accès à la sphère de la
conscience infinie, il entra dans la sphère de la vacuité. En sortant de
l'accès à la sphère de la vacuité, il entra dans la sphère de la
ni-perception-ni-non-perception. Et en sortant de l'accès à la sphère de
la ni-perception-ni-non-perception, il atteint à la cessation de la
perception et de la sensation.
10. Et le Vénérable
Ananda s'adressa au Vénérable Anuruddha, en disant: "Vénérable Anuruddha,
le Béni du Ciel est décédé."
"Non, ami Ananda, le
Béni du Ciel n'a pas disparu. Il est entré dans l'état de la cessation de
la perception et de la sensation."[59]
11. Alors le Béni du
Ciel, sortant de la cessation de la perception et de la sensation, entra
dans la sphère de la ni-perception-ni-non-perception. En sortant de
l'accès à la sphère de la ni-perception-ni-non-perception, il entra dans
la sphère de la vacuité. En sortant de l'accès à la sphère de la vacuité,
il entra dans la sphère de la conscience infinie. En sortant de l'accès à
la sphère de la conscience infinie, il entra dans la sphère de l'espace
infini. En sortant de l'accès à la sphère de l'espace infini, il entra
dans le quatrième jhâna. En sortant du quatrième jhâna, il entra dans le
troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le second
jhâna. En sortant du second jhâna, il entra dans le premier jhâna.
En sortant du premier
jhâna, il entra dans le second jhâna. En sortant du second jhâna, il entra
dans le troisième jhâna. En sortant du troisième jhâna, il entra dans le
quatrième jhâna. Et, en sortant du quatrième jhâna, le Béni du Ciel
immédiatement trépassa.
l'écho du monde
12. Et quand le Béni
du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna se produisit un
terrible tremblement de terre, épouvantable et abasourdissant, et le
tonnerre roula à travers les cieux.
13. Et quand le Béni
du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Brahma
Sahampati[60] prononça cette stance:
"Tout doit partir --
tous les êtres qui ont la vie. Doivent quitter leur aggrégat des formes.
Oui, même quelqu'un,
Un Maître tel que lui,
un être sans pareil,
Puissant dans la
sagesse, l'Éveillé, est décédé."
14. Et quand le Béni
du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, Sakka, roi des
dieux,[61] prononça cette stance:
"Transitoires sont
les choses composées,
Sujettes à survenir
et à disparaître;
Etant venues à
l'existence elles disparaissent;
Bonne est la paix
quand elles cessent pour toujours."
15. Et quand le Béni
du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable
Anuruddha prononça cette stance:
"Sans mouvement de la
respiration, mais d'un coeur assuré,
Libéré du désir et
tranquille -- c'est ainsi que le sage
Arrive à sa fin. Par
les affres de la mort inébranlé,
Son esprit, tel une
flamme éteinte, trouve la libération."
16. Et quand le Béni
du Ciel eut trépassé, simultanément avec son Parinibbâna, le Vénérable
Ananda prononça cette stance:
"Alors terreur il y
eut, et les cheveux se hérissèrent, quand lui,
Le Tout-accompli, le
Bouddha, trépassa."
17. Alors, quand le
Béni du Ciel eut trépassé, certains bhikkhus, pas encore libérés de la
passion, levèrent leurs bras au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant
par terre, se roulèrent d'un côté à l'autre et pleurèrent, en geignant:
"Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive
trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre
vue!"
Mais les bhikkhus qui
étaient libérés de la passion, attentifs et en état de comprendre
clairement, réfléchirent comme suit: "Impermanentes sont toutes choses
composées. Comment pourrait-il en être autrement?"
18. Et le Vénérable
Anuruddha s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Suffit, amis! Ne vous
chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas
déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement
changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être,
a été composé et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: 'Puisse
cela ne jamais en venir à dissolution!'? Les devas, amis, sont affligés."
"Mais, vénérable, de
quels devas le Vénérable Anuruddha est-il conscient?"
"Il y a des devas,
ami Ananda, dans l'espace et sur la terre qui ont une mentalité terrienne;
échevelés ils pleurent, les bras au ciel ils pleurent; se jetant par terre,
ils se roulent d'un côté à l'autre, en geignant: 'Le Béni du Ciel arrive
trop tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son
Parinibbâna! Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!' Mais ceux
des devas qui sont libérés de la passion, attentifs et en état de
comprendre clairement, réfléchissent de cette façon: 'Impermanentes sont
toutes choses composées. Comment pourrait-il en être autrement?'"
19. Or le Vénérable
Anuruddha et le Vénérable Ananda passèrent le reste de la nuit à parler du
Dhamma. Alors le Vénérable Anuruddha s'adressa au Vénérable Ananda, en
disant: "Va maintenant, ami Ananda, à Kusinara, et annonce aux Mallas: 'Le
Béni du Ciel, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme bon vous
semble.'" "Qu'il en soit ainsi, vénérable," Et le Vénérable Ananda se
prépara dans l'avant-midi, et prenant son bol et sa robe, partit avec un
compagnon pour Kusinara.
20. A ce moment les
Mallas de Kusinara s'étaient rassemblés dans la salle du conseil pour
considérer cette affaire-même. Et le Vénérable Ananda s'approcha d'eux et
annonça: "Le Béni du Ciel, Vasetthas, est décédé. Faites maintenant comme
bon vous semble." Et quand ils entendirent le Vénérable Ananda dire ces
paroles, les Mallas avec leurs fils, leurs épouses, et les épouses de
leurs fils, furent profondément touchés, touchés jusqu'au coeur et
affligés; et certains, avec leurs cheveux tout ébouriffés, les bras levés
au ciel de désespoir, pleurèrent; se jetant par terre, ils se roulaient
d'un côté à l'autre, en geignant: "Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son
Parinibbâna! "Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna! Trop tôt
l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!"
Hommage aux restes
et partage des reliques :
21. Alors les Mallas
de Kusinara donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant: "Rassemblez
maintenant tous les parfums, les guirlandes de fleurs, et les musiciens,
même tous qui sont dans Kusinara." Et les Mallas, avec les parfums, les
guirlandes de fleurs, et les musiciens, et avec cinq cent ensembles de
vêtements, partirent pour le Bosquet de Salas, le parc de détente des
Mallas, et s'approchèrent du corps du Béni du Ciel. Et s'en étant
approchés, ils rendirent hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses,
des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et
érigeant baldaquins et pavillons, ils passèrent la journée à montrer
respect, honneur, et vénération au corps du Béni du Ciel. Et alors la
pensée leur vint: "Maintenant la journée est trop avancée pour que nous
puissions incinérer le corps du Béni du Ciel. Demain nous le ferons."
Et un second jour, et
un troisième, un quatrième, un cinquième, et un sixième jour, ils
rendirent hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de
la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et érigeant baldaquins
et pavillons, ils passèrent la journée à montrer respect, honneur, et
vénération au corps du Béni du Ciel.
Mais le septième jour
la pensée leur vint: "Nous avons rendu hommage au corps du Béni du Ciel
avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et
du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération;
transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le sud, dans la
partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Béni du Ciel
au sud du bourg."
Et huit Mallas des
meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de
vêtements neufs, avec la pensée: "Nous soulèverons le corps du Béni du
Ciel," tentèrent de le faire mais ne le purent pas.
22. Alors les Mallas
s'adressèrent au Vénérable Anuruddha, en disant: "Quelle est la cause,
Vénérable Anuruddha, quelle est la raison de ces huit Mallas des
meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de
vêtements neufs, avec la pensée: 'Nous soulèverons le corps du Béni du
Ciel,' tentent de le faire mais n'y arrivent pas?"
"Vous autres,
Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre."
"Alors, vénérable,
quel est le propos des devas?"
"Votre propos,
Vasetthas, est celui-ci: 'Nous avons rendu hommage au corps du Béni du
Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de fleurs,
et du parfum, et lui avons montré respect, honneur, et vénération;
transportons maintenant le corps du Béni du Ciel vers le sud, dans la
partie sud du bourg et au-delà, et là incinérons le corps du Béni du Ciel
au sud du bourg.' Mais le propos des devas, Vasetthas, est celui-ci: 'Nous
avons rendu hommage au corps du Béni du Ciel avec des danses célestes, des
chants, de la musique, des guirlandes de fleurs, et du parfum, et lui
avons montré respect, honneur, et vénération; transportons maintenant le
corps du Béni du Ciel vers le nord dans la partie nord du bourg; et
l'ayant porté par la porte nord, passons par le centre du bourg, et
ensuite vers l'est, à l'est du bourg; et ayant passé par la porte est,
transportons le au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là incinérons le
corps du Béni du Ciel.'" "Comme le voudront les devas, vénérable, qu'il en
soit ainsi."
23. A ce moment-là,
tout Kusinara, même les tas de poussière et les tas d'ordures, fut
recouvert à hauteur de genoux de mandarava célestes.[62] Et les devas
aussi bien que les Mallas de Kusinara rendaient hommage au corps du Béni
du Ciel. Avec des danses, des chants, de la musique, des guirlandes de
fleurs, et du parfum, autant divins qu'humains, on montrait respect,
honneur, et vénération. Et ils transportèrent le corps du Béni du Ciel
vers le nord dans la partie nord du bourg; et l'ayant porté par la porte
nord, ils repartirent par le centre du bourg, et ensuite vers l'est à
l'est du bourg; et ayant passé par la porte est, ils transportèrent le
corps du Béni du Ciel au cetiya des Mallas, Makuta-bandhana, et là
l'étendirent par terre.
24. Alors les Mallas
de Kusinara s'adressèrent au Vénérable Ananda, en disant: "Comment
devrions-nous faire, Vénérable Ananda, par respect pour le corps du
Tathâgata?" "De la même manière, Vasetthas, que pour le corps d'un
monarque universel." "Mais comment fait-on, vénérable Ananda, pour
respecter le corps d'un monarque universel?" "Le corps d'un monarque
universel, Vasetthas, est d'abord enveloppé dans du lin neuf, et ensuite
dans du coton peigné. Et encore il est enveloppé dans du lin neuf, et
encore dans du coton peigné, et ce à concurrence de cinq cent couches de
lin et cinq cent de coton. Lorsque c'est fait, le corps du monarque
universel est placé dans un récipient à huile en fer, qui est enclos dans
un autre récipient en fer et on construit un bûcher funéraire de toutes
sortes de bois aromatiques, et c'est ainsi qu'on brûle le corps du
monarque universel. Et à un carrefour on élève un stupa pour le monarque
universel. C'est ainsi qu'on fait, Vasetthas, avec le corps d'un monarque
universel. "Et même, Vasetthas, ainsi qu'avec le corps d'un monarque
universel, ainsi doit-on faire avec le corps du Tathâgata; et à un
carrefour il faut également élever un stupa pour le Tathâgata. Et
quiconque apportera à cet endroit des guirlandes ou de l'encens ou de la
pâte de bois de santal, ou fera des révérences, et dont le l'esprit
devient calme à cet endroit -- ce sera pour son bien-être et son bonheur
pendant longtemps."
25. Alors les Mallas
donnèrent des ordres à leurs hommes, en disant: "Rassemblez maintenant
tout le coton peigné des Mallas!" Et les Mallas de Kusinara enveloppèrent
le corps du Béni du Ciel dans du lin neuf, et ensuite dans du coton peigné.
Et ils l'enveloppèrent encore dans du lin neuf, et encore dans du coton
peigné, et ce jusqu'à cinq cent couches de lin et cinq cent de coton.
Lorsque cela fut fait, ils placèrent le corps du Béni du Ciel dans un
récipient à huile en fer, lui-même enclos dans un autre récipient en fer,
et ils construisirent un bucher funéraire de toutes sortes de bois
aromatiques, et sur lui ils étendirent le corps du Béni du Ciel.
26. Or en ce temps-là
le Vénérable Maha Kassapa[63] se déplaçait de Pava à Kusinara de même
qu'une grande compagnie de cinq cent bhikkhus. Et en chemin, le Vénérable
Maha Kassapa s'écarta de la route et s'assit au pied d'un arbre. Et un
certain Ajivaka passa par là, en route pour Pava, et il avait pris une
fleur de mandarava de Kusinara. Et le Vénérable Maha Kassapa vit l'Ajivaka
venir de loin, et comme il arrivait tout près il s'adressa à lui, en
disant: "Savez-vous, ami, quoi que ce soit de notre Maître?" "Oui, ami, je
sais. Il y a maintenant sept jours que l'ascète Gotama a disparu. C'est de
là que j'ai apporté cette fleur de mandarava."
27. Là-dessus
certains bhikkhus, pas encore libérés de la passion, levèrent leurs bras
au ciel et pleurèrent; et certains, se jetant par terre, se roulèrent d'un
côté à l'autre et pleurèrent, en geignant: "Le Béni du Ciel arrive trop
tôt à son Parinibbâna! Le Béni du Ciel arrive trop tôt à son Parinibbâna!
Trop tôt l'Oeil du Monde a disparu de notre vue!"
28. Or en ce temps-là,
un certain Subhadda, qui n'avait renoncé que dans sa vieillesse, était
assis dans l'assemblée.[64] Et il s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Suffit,
amis! Ne vous chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Nous sommes bien
débarrassés de ce grand ascète. Trop longtemps, amis, avons-nous été
opprimés par par lui qui disait: 'Ceci est approprié pour vous; cela n'est
pas approprié pour vous.' Maintenant nous pourrons faire à notre gré, et
ce dont nous n'avons pas envie, nous ne le ferons pas."
Mais le Vénérable
Maha Kassapa s'adressa aux bhikkhus, en disant: "Suffit amis! Ne vous
chagrinez pas, ne vous lamentez pas! Car le Béni du Ciel n'a-t-il pas
déclaré qu'avec tout ce qui est cher et bien-aimé, il y un nécessairement
changement, séparation et rupture? De ce qui est né, qui est venu à être,
qui a été composé, et qui est sujet à flétrissure, comment peut-on dire: 'Puisse
cela ne jamais en venir à dissolution!'?"
29. Or en ce temps-là
quatre Mallas des meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête
et vêtus de vêtements neufs, avec la pensée: "Nous allons allumer le le
bûcher du Béni du Ciel," tentèrent de le faire mais ne le purent pas. Et
les Mallas s'adressèrent au Vénérable Anuruddha, en disant: "Quelle est la
cause, Vénérable Anuruddha, quelle est la raison que ces quatre Mallas des
meilleures familles, lavés jusqu'au sommet de leur tête et vêtus de
vêtements neufs, avec la pensée: "Nous allons allumer le le bûcher du Béni
du Ciel,' tentent de le faire mais n'y arrivent pas?" "Vous autres,
Vasetthas, avez un propos, les devas en ont un autre."
"Alors, vénérable,
quel est le propos des devas?" "Le propos des devas, Vasetthas, est
celui-ci: 'Le Vénérable Maha Kassapa est en route de Pava à Kusinara de
même qu'une grande compagnie de cinq cent bhikkhus. Ne permettons pas que
le bûcher du Béni du Ciel soit allumé avant que le Vénérable Maha Kassapa
n'ait rendu hommage aux pieds du Béni du Ciel.'"
"Comme le voudront
les devas, vénérable, qu'il en soit ainsi."
30. Et le Vénérable
Maha Kassapa s'approcha du bûcher du Béni du Ciel, au cetiya
des Mallas,
Makuta-bandhana, dans Kusinara. Et il arrangea sa robe supérieure sur une
épaule, et avec ses mains jointes élevées en salutation, il marcha trois
fois autour du bûcher, tenant son côté droit envers le corps du Béni du
Ciel, et il rendit hommage aux pieds du Béni du Ciel. Et il en alla de
même des cinq cent bhikkhus.
Et quand le Vénérable
Maha Kassapa et les cinq cent bhikkhus eurent rendu hommage, le bûcher du
Béni du Ciel éclata en flammes de lui-même.
31. Et il se
produisit que quand le corps du Béni du Ciel eut été brûlé, on ne vit ni
cendres ni particules de ce qui avaient été peau, tissus, chair, nerfs, ou
fluides; seuls restèrent des os. Tout comme lorsque on brûle du beurre
clarifié ou de l'huile, cela ne laisse ni particules ni cendres derrière,
de même quand le corps du Béni du Ciel eut été brûlé, ni cendres ni
particules ne purent être vues de ce qui avaient été peau, tissus, chair,
nerfs, et fluides; seuls restèrent des os. Et des cinq cent enveloppes de
lin, seuls deux ne furent pas consumées, la plus intérieure et la plus
extérieure.
32. Et quand le corps
du Béni du Ciel eut été brûlé, de l'eau plut du ciel et éteingnit le
bûcher du Béni du Ciel, et des arbres sala de l'eau sortit, et les Mallas
de Kusinara apportèrent de l'eau parfumée avec plusieurs sortes de parfums,
et eux aussi éteignirent le bûcher du Béni du Ciel.
Et les Mallas de
Kusinara déposèrent les reliques du Béni du Ciel dans leur salle du
conseil, et les entourèrent d'un treillis de lancent et les encerclèrent
d'une clôture d'arcs; et là pendant sept jours ils rendirent hommage aux
reliques du Béni du Ciel avec des danses, des chants, de la musique, des
guirlandes de fleurs, et du parfum, et montrèrent respect, honneur, et
vénération aux reliques du Béni du Ciel.
Partition des
Reliques
33. Alors le roi de
Magadha, Ajatasattu, fils de la reine Videhi, vint à savoir qu'à Kusinara
le Béni du Ciel avait trépassé. Et il envoya un message aux Mallas de
Kusinara, en disant: "Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et
je le suis aussi. Je suis digne de recevoir une portion des reliques du
Béni du Ciel. Je vais ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et
tenir un festival en leur honneur."
34. Et les Licchavis
de Vesali vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé.
Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni
du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous
sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous
allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un
festival en leur honneur."
35. Et les Sakyas de
Kapilavatthu vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé.
Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni
du Ciel était le plus grand de notre clan. Nous sommes dignes de recevoir
une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons ériger un stupa sur
les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur."
36. Et les Bulis de
Allakappa vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé.
Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni
du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous
sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous
allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un
festival en leur honneur."
37. Et les Kolis de
Ramagama vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et
ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni du
Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes
dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons
ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en
leur honneur."
38. Et le brahmane
Vethadipa vint à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et
il envoya un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni du Ciel
était de la caste des guerriers, et je suis un brahmane. Je suis digne de
recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Je vais ériger un stupa
sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en leur honneur."
39. Et les Mallas de
Pava vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait trépassé. Et ils
envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant: "Le Béni du Ciel
était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi. Nous sommes
dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel. Nous allons
ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un festival en
leur honneur."
40. Mais quand ils
entendirent ces paroles, les Mallas de Kusinara s'adressèrent à
l'assemblée, en disant: "Le Béni du Ciel est décédé dans notre bourgade.
Nous ne nous séparerons d'aucune portion des reliques du Béni du Ciel."
Alors le brahmane Dona s'adressa à l'assemblée, en disant:
"Un mot de moi, je
vous prie, d'écouter!
Notre Bouddha nous a
toujours enseigné à nous garder;
Inconvenant ce serait
si querelle survenait
Et guerre et sang
versé, à propos de la garde
De ses restes, qui
fut le meilleur des hommes!
Mettons nous tous,en
amitié d'accord
Pour partager huit
portions -- en sorte que de tous côtés
Des stupas puissent
surgir, et que les voyant, l'humanité
La foi dans le
Parfaitement-Eveillé puisse trouver!"
"Qu'il en soit ainsi,
brahmane! Divise toi-même les reliques en huit égales portions."
Et le brahmane Dona
dit à l'assemblée: "Qu'il en soit ainsi." Et il divisa justement en huit
égales portions les reliques du Béni du Ciel, et ayant ainsi fait, il
s'adressa à l'assemblée, en disant: "Que cette urne me soit donnée. Sur
cette urne je vais ériger un stupa, et en son honneur je vais tenir un
festival." Et l'urne fut donnée au brahmane Dona.
41. Alors les Moriyas
de Pipphalivana vinrent à savoir qu'à Kusinara le Béni du Ciel avait
trépassé. Et ils envoyèrent un message aux Mallas de Kusinara, en disant:
"Le Béni du Ciel était de la caste des guerriers, et nous le sommes aussi.
Nous sommes dignes de recevoir une portion des reliques du Béni du Ciel.
Nous allons ériger un stupa sur les reliques du Béni du Ciel et tenir un
festival en leur honneur." "Il ne reste aucune portion des reliques du
Béni du Ciel; les reliques du Béni du Ciel ont été partagées. Mais prenez
d'ici les cendres." Et ils prirent de là les cendres.
42. Et le roi de
Magadha, Ajatasattu, fils de la reine Videhi, érigea un stupa sur les
reliques du Béni du Ciel à Rajagaha, et en leur honneur tint un festival.
Les Licchavis de Vesali érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du
Ciel à Vesali, et en leur honneur tinrent un festival. Les Sakyas de
Kapilavatthu érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à
Kapilavatthu, et en leur honneur tinrent un festival. Les Bulis de
Allakappa érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Allakappa,
et en leur honneur tinrent un festival. Les Kolis de Ramagama érigèrent un
stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Ramagama, et en leur honneur
tinrent un festival. Le brahmane Vethadipa érigea un stupa sur les
reliques du Béni du Ciel à Vethadipa, et en leur honneur tint un festival.
Les Mallas de Pava érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à
Pava, et en leur honneur tinrent un festival. Les Mallas de Kusinara
érigèrent un stupa sur les reliques du Béni du Ciel à Kusinara, et en leur
honneur tinrent un festival. Le brahmane Dona érigea un stupa sur l'urne,
et en son honneur tint un festival. Et les Moriyas de Pipphalivana
érigèrent un stupa sur les cendres à Pipphalivana, et en leur honneur
tinrent un festival.
Il se produisit donc
qu'il y eut huit stupas pour les reliques, un neuvième pour l'urne, et un
dixième pour les cendres.
Et ainsi il en alla
dans les jours anciens.
43. Huit portions il
y eut de ses reliques,
Celui-qui-Voit-Tout,
le plus grand des hommes.
Sept dans Jambudipa
sont honorées, et une l'est
Dans Ramagama, par
les rois de la race des Nagas.
Une dent est honorée
dans le ciel de Tavatimsa,
Une l'est dans le
royaume de Kalinga, et une par les rois Nagas.
De leur clarté cette
terre généreuse
De ses vraiment
excellents cadeaux est dotée;
Car ainsi les
reliques de Celui-qui-Voit-Tout sont le mieux honorées
Par ceux qui sont
dignes d'honneurs -- par dieux et Nagas
Et seigneurs des
hommes, oui, par le meilleur de l'humanité.
Rendez hommage à
mains jointes! Car dur effectivement c'est à travers des centaines d'âges
de rencontrer un Parfaitement-Eveillé![65]
Le Maha-parinibbana
Sutta est terminé.
NOTES
[Les
références à l'Anguttara Nikaya (= AN) sont par collection suivie par
numéro de sutta; celles au Digha Nikaya (= DN) et au Majjhima Nikaya (=
MN) le sont par numéro de sutta.]
1. Bhagava:
également rendu par "l'Auspicieux" ou "l'Exalté"; appellation vraiment
très fréquente du Bouddha, quoique non restreinte à l'usage bouddhiste.
2. Ajatasattu
Vedehiputta. Le Comm. dit que la mère d'Ajatasattu était une princesse du
Kosala et pas la fille du roi Vedehi. Ce qui fait que le Comm. explique
vedehiputta par "fils d'une sage mère." Ajatasattu était devenu roi du
puissant état de Magadha après avoir assassiné son père, le roi Bimbisara
(voir DN 2).
3. Tathâgata:
litt. "Ainsi-allé" ou "Ainsi-venu"; une autre appellation du Bouddha,
généralement utilisée quand il parlait de lui-même.
4. Ananda
était un cousin du Bouddha et son serviteur personnel pendant vingt-quatre
années. Il atteint l'état d'arahat après la disparition du Bouddha, juste
avant le début du Premier Concile, où il fut le récitant du Digha Nikaya
et l'autorité pour le Sutta Pitaka.
5. Le
discours ici désigné est AN VII.19.
6. Les noms
de groupe, qui sont pas dans l'original, sont fournis par d'autres
références aux qualités concernées; ici satta saddhamma, à propos duquel
voir AN VII.63; MN 53. Dans le Comm. à MN 8 ils sont appelés "l'équipement
complet requis pour la pénétration" (BPS Wheel No. 61/62, p.48).
7. Satta
bojjhanga. Voir Piyadassi Thera, The Seven Factors for Awakening (BPS
Wheel No. 1).
8. Saraniya
dhamma: également à MN 48, AN VI.11, 12.
9. La vertu (sila),
la concentration (samadhi), et la sagesse (pañña) sont les trois divisions
du Noble Octuple Sentier. Notre texte insiste encore et encore sur
l'importance d'un plein développement de toutes les trois pour la
libération finale.
10. Asava:
ces facteurs de souillure -- le désir sensuel, la soif inextinguible
d'existence, et l'ignorance -- premiers responsables du maintien de
l'enchaînement au cycle des renaissances. Egalement traduit par "chancres"
ou "corruptions." Des textes ultérieurs en ajoutent un quatrième, la
souillure de vues erronées.
11. Sariputta
était le principal disciple du Bouddha et celui qui excellait en sagesse.
Pour un compte-rendu complet de la vie et des oeuvres de cette illustre
personnage, voir Nyanaponika Thera, The Life de Sariputta (BPS Wheel No.
90/92).
12.
Evam-dhamma. Comm. & Sous-comm.: Ceci fait référence à la concentration et
aux qualités mental qui appartiennent à la concentration (samadhipakkhiya
dhamma) telles que l'énergie, l'attention, etc. Le Comm. explique "s'en
tenant à" (vihara) comme s'en tenant à l'accès à la cessation (nirodha-samapatti).
13.
Evam-vimutta: leur délivrance des souillures et des futures renaissances.
14. Sur les
cinq empêchements, voir Nyanaponika Thera, The Five Mental Hindrances (BPS
Wheel No. 26).
15. Sur les
quatre fondations de l'attention, voir ci-dessous, II:14. Les sept
facteurs de l'éveil sont énumérés dans I:9.
16.
Puta-bhedanam. Le Comm. l'explique comme l'ouverture, le déballage, de
boîtes (puta) de marchandises à fins de distribution. Mais il renvoie
probablement à l'éclatement de la coque des semences de la fleur de patali.
17. Le stage
d'l'état d'arahat, le dernier des quatre stages de la délivrance. Les
prochains trois paragraphes font référence à des disciples des trois
stades inférieurs, respectivement, le non-revenant, le
ne-revient-qu'une-fois, et l'entré-dans-le-courant (anagami, sakadagami,
sotapanna).
18. Ou: "non
retardé (dans ses résultats)."
19. Animitta
cetosamadhi. Le Comm. explique ici ce terme comme faisant référence à
l'accès au fruit de l'état d'arahat (phalasamapatti), dans lequel le
Bouddha devient absorbé dans l'expérience directe du Nibbana et ne
s'occupe plus d'objets extérieurs ni ne ressent de sensations mondaines.
Dans un autre contexte cela peut signifier la concentration développée par
la pénétration intensive.
20. Tamatagge:
un mot difficile. Le Comm. le tient pour la forme superlative, aggatama, "supérieure,"
mais fait également allusion au mot Pali tama, "obscurité." Il est assez
difficile d'accepter qu'un suffixe superlatif puisse être fait précéder la
parole qu'il qualifie. Des parallèles tibétains et chinois (Waldschmidt,
Das Mahaparinirvana-sutra Berlin, 1950-51) pp. 200 ff.) pointent dans la
direction du sens "supérieur." Dans les fragments de la version sanscrite
de Turfan, ces paroles ne sont pas préservées. Le Comm. dit: "Tamatagge =
tama-agge; le 't' au milieu est inséré pour des raisons d'euphonie. Le
sens en est: ceux-ci sont les plus hauts, les vraiment éminents (ime
aggatama tamatagga). Ayant tranché tout lien avec l'obscurité (tama-yoga),
ces miens bhikkhus seront au tout sommet, au plus haut rang (ativiya agge
uttamabhave). Parmi eux seront juste au sommet (ati-agge) ceux qui sont
désireux d'entraînement; et ceux dont le ressort est les quatre fondations
de l'attention seront au tout sommet d'entre-eux."
21. Kappam va
tittheyya kappavasesam va. Le Comm. ne prend pas kappa comme "période-monde"
ni "éon," mais comme ayu-kappa, "la durée de vie," et explique avasesa (habituellement
"reste") par "en excès."
Comm.: "Il
peut rester en vie en complétant la durée de vie qui appartient aux hommes
au temps donné. (Sous-Comm.: la durée de vie maximum.) Kappavasesa: 'en
excès' (atireka), c-à-d., plus ou moins au-dessus des cent années qu'on
dit être l'espérance de vie normalement la plus élevée."
Parmi les
nombreux sens du mot kappa, il y a, en fait, celui du temps en général (kala)
et pas seulement la durée d'un éon; mais le sens "la durée de vie" semble
avoir été attribué à lui seul dans ce passage. De même, le sens "en excès"
pour avasesa (habituellement "reste") est inhabituel.
Les quatre
composantes des pouvoirs psychiques (iddhipada) sont la concentration due
au zèle, à l'énergie, à la pureté de l'esprit, et à l'investigation.
22. Selon le
Comm., l'esprit d'Ananda avait été influencé (pariyutthitacitto) par Mara
qui lui avait montré une vision effrayante ayant distrait son attention,
l'empêchant de saisir la suggestion du Bouddha.
23. "Convainquant
et libératoire." Ceci traduit le seul mot Pali sappatihariya, tentative de
rendre les deux connotations de ce mot selon les commentaires et dans le
contexte d'autres occurrences dans le Canon. Les commentaires le font
dériver du verbe patiharati, "enlever," et l'expliquent par (1)
l'enlèvement de ce qui est contraire, par ex., l'opposition et les
objections (couvertes par "convainquant"), et (2) l'enlèvement des
obstructions intérieures, c-à-d., les souillures tel que l'avidité, etc.,
qu'effectue l'état d'arahat. C'est probablement pour pointer ce dernier
sens que le commentaire à notre présent texte paraphrase notre passage
comme suit: "jusqu'à ce qu'ils soient capables de prêcher l'Enseignement
dans sa capacité libératoire (niyyanika)."
24. Tulam
atulañca sambhavam: litt. "la cause productive mesurable et
incommensurable cause (de la vie)," c-à-d., l'action volitionelle qui
cause une renaissance dans la sphère confinée, ou des sens limités, ou
dans les sphères sans limites matérielle fine et immatérielle.
25.
Bhavasankhara: la force formative du devenir, au sens de ces formes
d'existence.
26. Kavacam
iv'attasambhavam. Comm.: "Il rompt à cause de l'entier réseau des
souillures qui enveloppe l'existence individuelle comme une cotte de
maille; il rompt les souillures comme un grand guerrier rompt son armure
après une battaille." La version sanscrite donne "comme une coquille
d'oeuf" (kosam iv' anda-sambhavam).
27. Comm.: "Juste
pour cela, le Vénérable Ananda était conscient du fait: 'Sûrement,
aujourd'hui le Béni du Ciel a renoncé à sa volonté de survivre.' Quoique
le Béni du Ciel ai su que le Vénérable Ananda en était conscient, il ne
lui a pas donné d'autre opportunité de lui demander de rester pendant le
reste de sa durée de vie, mais il s'adressa à lui à propos d'autres
groupes de huit termes commençant avec les huit assemblées." Sub. Comm.: "Certains
soutiennent que le Bouddha l'a fait afin de distraire le Vénérable Ananda
et d'empêcher que le chagrin ne naisse en lui."
28. Voir
également le Maha-sihanada Sutta (MN 12).
29.
Abhibhayatana.
30. C'est -à-dire,
"percevant des formes sur son propre corps." Ceci fait référence à la
concentration préliminaire.
31. Ceci fait
référence au kasina-nimitta, l'après-image qui survient avec la pleine
concentration.
32. Il dérive
le "signe" d'objets extérieurs à son corps.
33. Attha
vimokkha.
34. Rupi.
Ceci fait référence à l'absorption de la sphère des formes (rupajjhana)
qu'on obtient avec des objets-forme de son propre corps.
35. Subhan
tveva adhimutto hoti. Comm.: "Par là-même, l'absorption méditative (jhana),
obtenue grâce aux kasinas bleues, etc., est indiquée par des couleurs très
pures."
36. Le Comm.
dit que les Bouddhas, quand ils regardent derrière eux, se retournent de
tout leur corps comme le fait un éléphant.
37. Dans la
précédente édition de ce travail, mahapadesa était rendu par "grandes
autorités." On sait maintenant que le sens exact d'apadesa n'est pas "autorité,"
mais "référence" ou "source." De plus, dans ce passage il est clair qu'il
n'y a que deux seules "autorités" réelles -- les Discours (Suttas) et la
Discipline (Vinaya).
38.
Sukara-maddava: terme controversé qu'on a donc laissé sans traduction.
Sukara = porc; maddava = tendre, moëlleux, délicat. D'où il ressort que
deux renditions alternatives du composé sont possibles: (1) les parties
tendres d'un cochon ou d'un sanglier; (2) celles qui sont appréciées par
les cochons et les sangliers. Dans ce dernier sens, on a pensé que ce
terme faisait référence à un champignon ou à une truffe, ou encore à un
igname ou autre tubercule. K.E. Neumann, dans la préface à sa traduction
allemande du Majjhima Nikaya, tire d'un compendium indien de plantes
médicinales, le Rajanigantu, les noms de plusieurs plantes commençant par
sukara.
Le
commentaire à notre texte donne trois explications alternatives: (1) la
chair d'un seul cochon (sauvage) premier-né, ni trop jeune ni trop vieux,
qui aurait été disponible naturellement, c-à-d., sans avoir été tué
intentionellement; (2) une préparation de riz bouilli moëlleux cuit avec
les cinq produits de la vache; (3) une sorte d'élixir alchimique (rasayanavidhi).
Dhammapala, dans son commentaire à l'Udana VIII.5, donne, en plus, de
jeunes pousses de bambou piétinées par les cochons (sukarehi
maddita-vamsakaliro).
39. Comm.: "Ces
versets, et d'autres à la suite, furent insérés par les anciens qui
colligeaient le Dhamma (les textes, au Premier Concile)."
40. Alara
Kalama était un des enseignants du Bouddha avant son Eveil. Il enseigna au
Bodhisatta comment atteindre la sphère de la vacuité, mais ne put pas lui
montrer le sentier du Nibbana.
41. Comm.: "Du
bourg de Pava il y a trois gavutas (approx. cinq milles / 9km ) jusqu'à
Kusinara. Après avoir marché cette distance avec grand effort et s'être
assis à vingt-cinq endroits en chemin, le Béni du Ciel atteint le Bosquet
de Salas au crépuscule quand le soleil se fut déjà couché. Ainsi vient la
maladie à l'homme, écrasant toute sa santé. Comme s'il avait voulu
souligner ce fait, le Béni du Ciel prononça ces paroles qui émurent
profondément le monde entier: 'Je suis fatigué, Ananda, et je veux
m'étendre.'"
42. Voir The
Four Sacred Shrines, par Piyadassi Thera (BPS Bodhi Leaves Non. 8).
43. A Lumbini,
près de Kapilavatthu, siège ancestral des Sakyas au pied des Himalayas. Un
pilier d'Asoka signale l'endroit.
44. A
Bodh-Gaya, dans le Bihar.
45. A
Isipatana près de Bénarès (la moderne Sarnath).
46. Sadatthe.
Comm.: "pour propos le plus élevé, l'objectif de l'état d'arahat." Il
existe une leçon différente, saratthe, "pour un besoin essential."
47.
Cakkavatti-raja: l'idéal du roi de justice selon la tradition bouddhiste.
48. Ayasa:
généralement "fait de fer," a ici selon le Comm. le sens de "fait d'or,"
pour lequel il y a également confirmation par l'usage sanscrit du mot.
49.
Paccekabuddha est quelqu'un d'éveillé pour lui seul. Ces Paccekabuddhas
surviennent aux époques où il n'y a pas d'Etre Pleinement Eveillé (samma-sambuddha).
Comme ce dernier, ils arrivent à l'Eveil par leurs propres efforts, mais
au contraire d'eux, ils ne sont pas capables à conduire d'autres personnes
à la délivrance. Voir Ria Kloppenberg, The Paccekabuddha: A Buddhist
Ascetic (BPS Wheel No. 305/307).
50. Le mot
vihara, donné dans le texte, ne peut pas faire ici référence à un
monastère ou à des lieux de vie pour les moines. Le Comm. l'explique comme
un pavilion (mandala-mala). Si la localité servait de point de rencontre
pour le clan, comme le mentionne le Comm., il aurait bien pu y avoir là
une sorte d'abri. La couche au grand air, que le Maître demanda à Ananda
de lui préparer, était probablement un siège pour les chefs du clan des
Mallas installé à cet endroit.
51. Sekha.
Ceci signifie ceux qui étaient aux trois étapes inférieures de
l'émancipation, avant d'atteindre l'état d'arahat. Ananda, en ce temps-là,
avait atteint la première de ces étapes, l'entrée dans le courant.
52. Anasavo:
c'est-à-dire, un arahat.
53. Les "sept
joyaux" d'un monarque universel sont: la roue magique, emblème de sa
souveraineté, par laquelle il conquiert la terre sans faire usage de la
force; son merveilleux éléphant; son cheval; sa belle épouse; sa gemme
précieuse; son trésorier; et son conseiller. Tout sont dotés
d'extraordinaires propriétés. Pour plus de détails sur Maha Sudassana,
voir le sutta qui porte son nom, DN 17.
54. Les
quatre degré de sainteté sont l'entré-dans-le-courant (sotapanna),
celui-qui-reviendra-une-fois (sakadagami), celui-qui-ne-reviendra-pas (anagami),
et l'arahat.
55. "Ami," en
Pali est avuso, "vénérable monsieur" = bhante, "révérend" = ayasma.
56. Comme
Ananda, à ce point, ne demanda pas quelles étaient les règles mineures, le
Sangha décida de n'abolir aucune des règles du Vinaya.
57. Channa
avaient été le conducteur de char du Bouddha quand ce dernier était encore
un prince vivant au palais. A cause de sa connexion antérieure avec le
Bouddha, il était obstiné et refusait de se soumettre à la discipline.
Cette imposition de la "pénalité la plus élevée" (brahmadanda) le
transforma en un moine obéissant.
58. Handa
dani bhikkhave amantayami vo: Vayadhamma sankhara appamadena sampadetha.
Earnestness (appamada) s'explique comme "présence de l'attention." Le
Comm.: "'Vous devriez accomplir tous vos devoirs sans premettre à
l'attention de se relâcher!' C'est ainsi que le Béni du Ciel, sur son lit
de Parinibbâna, résuma de ce seul mot sur la sincérité le conseil qu'il
avait donné tout au long de ces quarante-cinq années."
59. Anuruddha,
le frère aîné d'Ananda, devait savoir cela grâce au pouvoir supra-normal
de lecture dans l'esprit des autres, qu'il possédait.
60. Brahma
Sahampati était une haute divinité du monde de Brahma. C'était lui qui
avait à l'origine demandé au Bouddha nouvellement éveillé d'enseigner le
Dhamma au monde. Voir MN 26.
61. Sakka est
le roi des dieux dans ciel Tavatimsa, et est donc dans la hiérarchie
cosmologique une figure inférieure à Brahma Sahampati.
62. Une fleur
céleste qui n'apparait sur terre qu'en de très spéciales occasions, en
particulier en rapport avec les principaux événements de la vie du Bouddha.
Son apparition entre les mains de l'ascète Ajivaka ascète signalait au
Vénérable Maha Kassapa que le Parinibbâna du Bouddha avait déjà eu lieu. (Voir
ci-dessous, Section 26.)
63. C'était
un des plus éminents disciples du Bouddha et il fut le président du
Premier Grand Concile qui se tint peu après le Parinibbâna du Bouddha.
Voir Helmuth Hecker, Maha Kassapa: Father of the Sangha (BPS Wheel No.
345).
64. Ce
Subhadda est une autre personne que le vagabond Subhadda qui était devenu
le dernier disciple personnel du Bouddha.
65. Le Comm.
attribue ces versets aux "Anciens de l'Ile de Tambapanni (Sri Lanka)."
|