Photo d'arbre >> Tipiṭaka >> Sutta Piṭaka >> Majjhima Nikāya

MN 51
Kandaraka Sutta
— La question de Kandaraka —

Kandaraka loue le calme des bhikkhus, et Pessa, un cornac, contribue à la conversation avec son expérience des animaux. Finalement, le Bouddha expose à tous les quatre types de personnes, selon qu'elles infligent ou non des souffrances aux êtres.



Evaṃ me sutaṃ:

En une occasion, le Bhagavā séjournait à Campā, au bord du lac Gaggarā, avec un grand sangha de bhikkhus. Pessa, un fils de cornac, et l'ascète Kandaraka allèrent voir le Bhagavā. Pessa le fils de cornac rendit hommage au Bhagavā et s'assit d'un côté, et Kandaraka l'ascète échangea des salutations amicales avec le Bhagavā et se tint debout sur un côté. Alors qu'il était là debout, il observa le sangha des bhikkhus assis en silence complet, et il dit au Bhagavā:

– C'est magnifique, bho Gotama, la manière dont laquelle le sangha des bhikkhus a été mené à pratiquer de la manière correcte par bho Gotama. Ceux qui étaient des arahants, des sammāsambuddhas dans le passé faisaient-ils pratiquer leur sangha de bhikkhus de la même manière? Et ceux qui dans le futur seront des arahants, des sammāsambuddhas, entraîneront-ils leur sangha de bhikkhus de la même manière?

– Oui, Kandaraka, les arahants, les sammāsambuddhas du passé faisaient pratiquer leur sangha de bhikkhus de la même manière. Les arahants, les sammāsambuddhas du futur feront pratiquer leur sangha de bhikkhus de la même manière. Kandaraka, dans ce sangha de bhikkhus, il y a ceux qui sont parfaits, ayant détruit leurs désirs, ayant vécu la vie sainte, ayant déposé le fardeau, ayant détruits les entraves de l'existence, et qui sont complètement libérés par la connaissance finale. Dans ce sangha de bhikkhus, il y a des bhikkhus ayant entrepris l'entraînement supérieur, à la vertu constante, vivant une vie de vertu constante, sagaces, vivant une vie de constante sagacité.

Ils demeurent avec un esprit bien établi dans les quatre satipaṭṭhānas. Quels sont ces quatre? Ici, Kandaraka, un bhikkhu demeure ardent, attentif et sampajāno, observant le corps en lui-même, mettant de côté appétence et aversion envers le monde. Il demeure ardent, attentif et sampajāno, observant les sensations en elles-mêmes, mettant de côté appétence et aversion envers le monde. Il demeure ardent, attentif et sampajāno, observant l'esprit en lui-même, mettant de côté appétence et aversion envers le monde. Il demeure ardent, attentif et sampajāno, observant les contenus de l'esprit en eux-mêmes, mettant de côté appétence et aversion envers le monde.

Lorsque cela fut dit, Pessa, le fils de cornac, dit:

– C'est magnifique, Bhante, la manière dont laquelle le Bhagavā a fait connaître les quatre satipaṭṭhānas pour la purification des êtres, pour vaincre le chagrin et les lamentations, pour mettre fin à la souffrance et à la douleur, pour marcher sur le sentier de la vérité, pour la réalisation de Nibbāna. Bhante, en tant que disciple séculier portant des habits blancs, je séjourne aussi de temps en temps avec un esprit bien établi dans les quatre satipaṭṭhānas. Je demeure ardent, attentif et sampajāno, observant le corps en lui-même... les sensations... l'esprit... observant les contenus de l'esprit en eux-mêmes, mettant de côté appétence et aversion envers le monde.

C'est magnifique, Bhante, la manière dont vous qui vivez au milieu de la confusion des hommes, tolérant leurs corruptions et leurs tromperies, savez ce qui est bon et ce qui est mauvais pour les humains. Car les humains sont pleins de confusion, mais les animaux sont relativement ouverts. Bhante, je peux dresser un éléphant, et dans l'intervalle de temps qu'il faut pour aller à Campā et en revenir, l'éléphant montrera toutes les sortes de tromperies, de duplicité, de travers et de fraudes [dont il est capable]. Mais ceux qui sont appelés nos esclaves, nos messagers et servants se comportent d'une certaine manière avec le corps, d'une autre en parole, et leur esprit fonctionne d'une manière encore différente. C'est magnifique, Bhante, la manière dont vous qui vivez au milieu de la confusion des hommes, tolérant leurs corruptions et leurs tromperies, savez ce qui est bon et ce qui est mauvais pour les humains. Car les humains sont pleins de confusion, mais les animaux sont relativement ouverts.

– Il en est ainsi, Pessa, il en va ainsi. On trouve dans le monde quatre types d'individus. Quels sont ces quatre? Il y a le cas où une certaine personne se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même. Il y a le cas où une certaine personne tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres. Il y a le cas où une certaine personne se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres. Il y a le cas où une personne ne se tourmente pas elle-même et ne se voue pas à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps ne tourmente pas les autres et ne se voue pas à la pratique de torturer les autres. Ne se tourmentant pas elle-même et ne tourmentant pas les autres, elle séjourne dans l'ici et maintenant libérée de la faim, détachée et rafraîchie, ressentant du bonheur, ayant un esprit semblable à Brahmā. Passa, de ces quatre personnes, laquelle est celle qui satisfait ton esprit?

Bhante, la personne qui se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même ne satisfait pas mon esprit. La personne qui tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres ne satisfait pas mon esprit. La personne qui se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres ne satisfait pas mon esprit. Mais la personne qui ne se tourmente pas elle-même et ne se voue pas à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps ne tourmente pas les autres et ne se voue pas à la pratique de torturer les autres est celle qui satisfait mon esprit.

– Mais, Pessa, pourquoi les trois premières personnes ne satisfont-elles pas ton esprit?

Bhante, la personne qui se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même se tourmente et se torture bien qu'elle désire le plaisir et qu'elle éprouve de l'aversion envers la douleur. Voici pourquoi cette personne ne satisfait pas mon esprit. La personne qui tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres, tourmente et torture les autres, qui désirent le plaisir et éprouvent de l'aversion envers la douleur. Voici pourquoi cette personne ne satisfait pas mon esprit. Et la personne qui se tourmente elle-même, et se voue à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps tourmente les autres, et se voue à la pratique de torturer les autres, se tourmente et se torture elle-même et aussi les autres, qui tous désirent le plaisir et éprouvent de l'aversion envers la douleur. Voici pourquoi cette personne ne satisfait pas mon esprit. Mais la personne qui ne se tourmente pas elle-même et ne se voue pas à la pratique de se torturer elle-même, et en même temps ne tourmente pas les autres et ne se voue pas à la pratique de torturer les autres, et qui, ne se tourmentant pas elle-même et ne tourmentant pas les autres, séjourne dans l'ici et maintenant libérée de la faim, détachée et rafraîchie, ressentant du bonheur, ayant un esprit semblable à Brahmā, celle-là ne se tourmente pas et ne se torture pas elle-même ni les autres, qui tous désirent le plaisir et éprouvent de l'aversion envers la douleur. Voici pourquoi cette personne satisfait mon esprit. Et maintenant, Bhante, nous devons y aller, car nous sommes occupés et nous avons beaucoup à faire.

– Il est temps, Pessa, d'agir selon ce qui te semble approprié.

Alors Pessa le fils de cornac, ayant apprécié et s'étant réjoui des paroles du Bhagavā, se leva de son siège, rendit hommage au Bhagavā, et en le conservant sur sa droite, il partit. Peu après son départ, le Bhagavā s'adressa aux bhikkhus ainsi:

Bhikkhus, Pessa le fils de cornac est sage, il est doué d'une grande sagesse. S'il était resté un peu plus longtemps, jusqu'à ce que j'aie expliqué pour lui en détail ces quatre types de personnes, il en aurait grandement bénéficié. Il en a cependant déjà bien bénéficié.

– Il est temps, O Bhagavā, il temps O sublime, que le Bhagavā explique en détail ces quatre types de personnes. L'ayant entendu du Bhagavā, les bhikkhus s'en souviendront.

– Alors, bhikkhus, écoutez et faites bien attention, je vais parler.

– Oui, Bhante.

Bhikkhus, quel est l'individu qui se tourmente lui-même et qui se voue à la pratique de se torturer lui-même? Il s'agit d'un ascète qui est sans vêtements. Il rejette les conventions, se lèche les mains, ne vient pas lorsqu'on l'appelle, il ne reste pas lorsqu'on le lui demande. Il n'accepte pas la nourriture qu'on lui apporte, ou la nourriture qui lui est dédiée, ou une invitation à un repas. Il n'accepte rien qui vienne d'un plat ou d'un bol. Il n'accepte rien qui lui parvienne à travers le seuil d'une maison, rien qui soit passé par le bâton ou par le pilon. Il n'accepte rien de la part de deux personnes mangeant ensemble, d'une femme enceinte, d'une femme qui allaite, d'une femme qui vit avec un homme, d'un endroit où il est annoncé que de la nourriture sera distribuée, d'un endroit où un chien attend ou des mouches bourdonnent. Il ne prend pas de poisson ni de viande. Il ne boit pas de spiritueux, ni de vin, ni de boissons fermentées. Il se contente d'une maison et d'un petit morceau par jour, ou bien deux maisons et deux petits morceaux... ou bien sept maisons et sept petits morceaux. Il vit de [de la contenance] d'un saucier par jour, deux sauciers par jour... sept sauciers par jour. Ils prend de la nourriture une fois par jour, une fois tous les deux jours... une fois tous les sept jours, et ainsi de suite jusqu'à une demi lune. Il se voue à la pratique de ne manger qu'à des intervalles définis.

Il adopte un régime de légumes verts ou de millet ou de riz sauvage, ou de pelures, ou de mousse, ou de son de riz, ou d'eau de riz, ou de farine de sésame, ou d'herbe ou de bouse de vache. Il vit de racines et de fruits forestiers. Il mange des fruits tombés [des arbres]. Il s'habille de chanvre, de chanvre tressé, de linceuls, de chiffons abandonnés, d'écorce d'arbre, de cuir d'antilope, de lambeaux de cuir d'antilope, de laine de cheveux, de laine animale, d'ailes de hibou. C'est quelqu'un qui s'arrache les cheveux et la barbe, voué à la pratique de s'arracher les cheveux et la barbe. C'est quelqu'un qui se tient continuellement debout, rejetant les sièges. C'est quelqu'un qui se tient continuellement accroupi, voué à la pratique de se tenir continuellement accroupi. C'est quelqu'un qui utilise un matelas de pics, qui fait son lit d'un matelas de pics. Il s'adonne à la pratique de se baigner trois fois par jour, dont une fois la nuit. Ainsi, de ces nombreuses manières, il se voue à la pratique de tourmenter et de persécuter le corps. Voici ce qu'on appelle un individu qui se tourmente lui-même et qui se voue à la pratique de se torturer lui-même.

Et quel est l'individu qui tourmente les autres et qui se voue à la pratique de torturer les autres? Il y a le cas où un certain individu est un abatteur de moutons, un abatteur de cochons, un abatteur de volailles, un piégeur, un chasseur, un pêcheur, un voleur, un bourreau, un gardien de prison, ou quiconque poursuit une quelconque occupation sanglante. Voici ce qu'on appelle un individu qui tourmente les autres et qui se voue à la pratique de torturer les autres.

Et quel est celui qui se tourmente lui-même et qui se voue à la pratique de se torturer lui-même et qui en même temps tourmente les autres et se voue à la pratique de torturer les autres? Il y a le cas où un individu est un roi noble-guerrier à la tête ointe, ou un brahmane très riche. Ayant fait construire un nouveau temple sacrificiel à l'est de la ville, s'étant rasé les cheveux et la barbe, s'étant habillé de cuir brut, ayant enduit son corps de ghee et d'huile, et se meurtrissant le dos avec une corne de cerf, il entre dans le nouveau temple avec sa reine principale et son haut prêtre brahmane. Là, il fait son lit sur des herbes éparpillées à même le sol. Le roi vit du lait de la première mamelle d'une vache, avec un veau de même couleur; la reine vit du lait de la seconde mamelle, le haut prêtre brahmane vit du lait de la troisième mamelle. Le lait de la quatrième mamelle, ils le versent dans le feu. Le veau vit de ce qui reste.

Il dit: 'Qu'on égorge tant et tant de taureaux pour le sacrifice. Qu'on égorge tant et tant de boeufs... de vachettes... de chèvres... de moutons... Qu'on égorge tant et tant de chevaux pour le sacrifice. Qu'on abatte tant et tant d'arbres pour en faires les poteaux de sacrifice. Qu'on fauche tant et tant d'herbe pour l'herbe du sacrifice'. Et ses esclaves, ses servants et employés font les préparations, en pleurant avec le visage en larmes, contraints par des menaces de punition et par la peur. Voici ce qu'on appelle un individu qui se tourmente lui-même et qui se voue à la pratique de se torturer lui-même et qui en même temps tourmente les autres et se voue à la pratique de torturer les autres.

Et quel est l'individu qui ne se tourmente pas lui-même ni ne se voue à la pratique de se torturer lui-même, et en même temps ne tourmente pas les autres ni ne se voue à la pratique de torturer les autres, et qui, ne se tourmentant pas lui même et ne tourmentant pas les autres, séjourne dans l'ici et maintenant libéré de la faim, détaché et rafraîchi, ressentant du bonheur, ayant un esprit semblable à Brahmā?

Il y a le cas où un Tathāgata apparaît dans le monde, un arahant, un sammāsambuddha, parfaitement accompli en connaissance et en conduite, sublime connaisseur des mondes, entraîneur sans égal de ceux qui sont prêt à être dressés, instructeur des devas et des humains, un Bouddha, un Bhagavā. L'ayant lui-même réalisé par connaissance directe, il fait connaître ce monde avec ses devas, ses Māras, ses Brahmās, cette génération avec ses samanas et brahmanes, ses dirigeants et ses peuples. Il enseigne le Dhamma qui est bénéfique au début, bénéfique au milieu et bénéfique à la fin, avec l'expression et la signification correctes, et il révèle une vie sainte qui est entièrement parfaite et pure.

Un maître de maison ou son fils, entendant le Dhamma, développe une conviction envers le Tathāgata et pense: 'La vie de foyer est confinée et poussiéreuse. La vie sans foyer c'est le grand air. Il n'est pas facile, en vivant au foyer, de pratiquer la vie sainte qui est entièrement parfaite et pure, comme une coque polie. Et si, en me rasant les cheveux et la barbe et en vêtissant les robes ocres, je quittais la vie de foyer pour entrer dans la vie sans foyer?

Alors, au bout de quelques temps, il abandonne la masse de ses richesses, grande ou petite; il abandonne le cercle de ses amis, grand ou petit; il se rase les cheveux et la barbe et, revêtant les robes ocres, il quitte la vie de foyer pour la vie sans foyer.

(Vertu)

Ayant quitté la vie de foyer et ayant en sa possession le mode de vie et l'entraînement des bhikkhus, abandonnant la destruction de la vie, il s'abstient de détruire la vie. Laissant de côté le bâton et les armes, bienveillant et aimable, il demeure avec compassion pour tous les êtres vivants.

Abandonnant la saisie de ce qui n'a pas été donné, il s'abstient de prendre ce qui n'a pas été donné. Il ne prend que ce qui est donné, n'accepte que ce qui est donné, il ne vit pas par la ruse, mais au moyen d'un soi devenu pur. Abandonnant le non-célibat, il vit une vie chaste, retirée, s'abstenant de la pratique vulgaire de l'acte sexuel.

Abandonnant les paroles fausses, il s'abstient de prononcer de telles paroles. Il dit la vérité, il soutient la vérité, il est ferme, fiable, il ne trompe pas son monde.

Abandonnant les paroles qui sèment le désaccord, il s'abstient de prononcer de telles paroles. Il ne rapporte pas là-bas ce qu'il a entendu ici dans le but de fomenter un désaccord entre ceux-ci et ceux-là, et il ne rapporte pas ici ce qu'il a entendu là-bas dans le but de fomenter un désaccord entre ceux-là et ceux-ci. Ainsi, réunissant ceux qui se sont divisés et promouvant l'amitié, il aime la concorde, se plaît dans la concorde, se réjouit de la concorde, et il prononce des paroles qui mènent à la concorde.

Abandonnant les paroles dures, il s'abstient de telles paroles. Il prononce des paroles qui sont aimables, agréables à entendre et bienveillantes, qui vont aux coeur, qui sont courtoises, attrayantes et agréables pour le grand nombre.

Abandonnant les discussions inutiles, il s'abstient de telles discussions. Il parle au moment opportun, il parle de ce qui est réel, de ce qui est bon, du Dhamma, du Vinaya. Il prononce des paroles au moment opportun, des paroles qui méritent d'être retenues, raisonnables, modérées et utiles.

Il s'abstient de détruire des graines et des plantes. Il ne mange qu'une seule fois par jour, s'abstenant de manger le soir et au mauvais moment de la journée (après midi). Il s'abstient de danser, chanter, d'écouter la musique instrumentale et d'assister à des divertissements. Il s'abstient de porter des guirlandes, et de se parer avec des parfums et des cosmétiques. Il s'abstient d'utiliser des lits et des sièges élevés et luxueux.

Il s'abstient d'accepter de l'or ou de l'argent. Il s'abstient d'accepter des graines non cuisinées... de la viande crue... des femmes et des filles... des esclaves masculins et féminins... des chèvres et des moutons... des volailles et des cochons... des éléphants... du bétail... des chevaux... des ânesses... des champs et des terrains.

Il s'abstient d'envoyer des messages... d'acheter et de vendre... de falsifier les poids, les métaux et les mesures. Il s'abstient de corrompre, de tromper et de frauder.

Il s'abstient de mutiler, d'exécuter, d'emprisonner, de commettre des vols de grand chemin, de cambrioler et de recourrir à la violence.

Il se satisfait d'un ensemble de robes pour son corps et d'aumônes de nourriture pour sa faim. Tout comme un oiseau, où qu'il aille, vole avec ses ailes comme seul fardeau, de la même manière, il se satisfait d'un ensemble de robes pour son corps et d'aumônes de nourriture pour sa faim. Où qu'il aille, il n'emmène avec lui que ce qui lui est absolument nécessaire.

Doué de ce noble agrégat de vertu, il ressent en lui le plaisir qu'on éprouve à être sans reproche.


(Restreinte des sens)

Lorsqu'il voit une forme avec l'oeil, il n'en saisit aucune caractéristique ou détail. Puisque, s'il ne demeurait pas restreint en rapport à la faculté de l'oeil, des états mentaux mauvais et malsains tels que le désir et l'affliction pourraient l'envahir, il pratique la restreinte et surveille la faculté de l'oeil, il entreprend la restreinte de la faculté de l'oeil. En entendant un son avec l'oreille... En sentant une odeur avec le nez... En goûtant une saveur avec la langue... En ayant une sensation tactile avec le corps... En percevant un objet mental avec l'esprit, il n'en saisit aucune caractéristique ou détail. Puisque, s'il ne demeurait pas restreint en rapport à la faculté de l'esprit, des états mentaux mauvais et malsains tels que le désir et l'affliction pourraient l'envahir, il pratique la restreinte et surveille la faculté de l'esprit, il entreprend la restreinte de la faculté de l'esprit. Doté de cette noble restreinte des facultés sensorielles, il ressent intérieurement un plaisir qui n'est pas souillé.


(Sampajañña)

Lorsqu'il va ou qu'il vient, il le fait avec sampajañña. Lorsqu'il regarde devant ou sur le côté, il le fait avec sampajañña. Lorsqu'il plie ou qu'il étend ses membres... Lorsqu'il porte ses robes, son manteau et son bol... Lorsqu'il mange, qu'il boit, qu'il mâche, qu'il goûte... Lorsqu'il urine ou défèque... Lorsqu'il marche, qu'il se tient debout, qu'il s'assoit, qu'il s'endort, qu'il se réveille, qu'il parle, qu'il demeure silencieux, il le fait avec sampajañña.


(Abandon des obstacles)

Une fois doté de ce noble ensemble de vertu, de cette noble restreinte des facultés sensorielles, de cette noble attention accompagnée de sampajañña, il cherche un endroit isolé: dans un coin de forêt, au pied d'un arbre, une montagne, un ravin, une grotte sur une colline, un charnier, un coin de jungle, un espace ouvert, un tas de paille. Après son repas, de retour de sa collecte d'aumônes, il s'assoit jambes croisées, tient son corps droit et fixe son attention juste au-dessus de la bouche.

Abandonnant le désir envers le monde, il demeure avec un esprit libéré de la convoitise, et il purifie son esprit du désir. Abandonnant la malveillance et la colère, il demeure avec un esprit libéré de la malveillance, compatissant pour le bien-être de tous les êtres vivants, et il purifie son esprit de la malveillance et de la colère. Abandonnant la paresse et la somnolence, il demeure avec un esprit libéré de la paresse et de la somnolence, attentif, sampajāno, percevant la lumière, et il purifie son esprit de la paresse et de la somnolence. Abandonnant l'agitation et l'anxiété, il demeure imperturbé, son esprit étant intérieurement calmé, et il purifie son esprit de l'agitation et l'anxiété. Abandonnant le doute, il demeure en étant allé au-delà du doute, sans perplexité en ce qui concerne les états mentaux sains, et il purifie son esprit du doute.


(Les quatre jhānas)

Ayant abandonné ces cinq obstacles, imperfections de l'esprit qui affaiblissent la sagesse, relativement détourné de la sensualité, détourné des états mentaux malsains, entre et demeure dans le premier jhāna, qui est accompagné d'un plaisir et de pīti nés de l'isolement, et de vitakka-vicāra.

Puis, avec l'apaisement de vitakka-vicāra, il entre et demeure dans le second jhāna, qui est accompagné de tranquillité intérieure, d'un plaisir et d'une béatitude nés de la concentration, ainsi que d'une unité de l'attention, libérée de vitakka et de vicāra.

Ensuite, avec l'atténuation de pīti, demeurant équanime, attentif et sampajāno, ressentant du plaisir dans le corps, il entre et demeure dans le troisième jhāna, dont les êtres nobles déclarent: 'upekkhako satimā sukhavihārī.'

Ensuite, avec l'abandon du plaisir et de la douleur, après la disparition préalable de la joie et de la tristesse, il entre et demeure dans le quatrième jhāna, qui est accompagné d'une purification de l'attention par l'équanimité et de l'absence de plaisir et de douleur.


(Les trois connaissances)

Lorsque l'esprit est ainsi concentré, purifié, clair, sans tache, débarrassé des souillures, souple, malléable, ferme, et établi dans l'imperturbabilité, il l'oriente vers la capacité à se rappeler ses multiples vies passées, i.e. une naissance, deux naissances, trois naissances, quatre, cinq, dix, vingt, trente, quarante, cinquante, cent, mille, cent mille, plusieurs éons de contraction cosmique, plusieurs éons d'expansion cosmique, plusieurs éons de contraction et d'expansion cosmiques, [se rappelant:] 'Là j'avais tel nom, j'appartenais à tel clan, j'avais telle apparence. Je mangeais telle nourriture, telle fut mon expérience du plaisir et de la douleur, j'eus telle fin de vie. Quittant cet état, je renaquis là. Là aussi j'avais tel nom, j'appartenais à tel clan, j'avais telle apparence. Je mangeais telle nourriture, telle fut mon expérience du plaisir et de la douleur, et telle fut la fin de ma vie. Quittant cet état, je renaquis ici.' Ainsi se rappelle-t-il ses multiples vies passées dans leurs modes et détails.

Lorsque l'esprit est ainsi concentré, purifié, clair, sans tache, débarrassé des souillures, souple, malléable, ferme, et établi dans l'imperturbabilité, il l'oriente vers la connaissance du trépas et de la réapparition des êtres. Il voit, au moyen de l'oeil divin, purifié et surpassant l'humain, les êtres décédant et renaissant, et il distingue de quelle manière ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en rapport à leur kamma: 'Ces êtres - qui étaient dotés d'une mauvaise conduite, corporellement, en paroles et en esprit, qui avaient avili les êtres nobles, qui soutenaient des vues erronées et entreprenaient des actions sous l'influence de vues erronées - au moment de la séparation du corps, après la mort, ont réapparu dans le plan d'existence de la privation, la mauvaise destination, les domaines inférieurs, en enfer. Mais ces êtres - qui étaient dotés d'une bonne conduite, corporellement, en paroles et en esprit, qui n'avaient pas avili les êtres nobles, qui soutenaient des vues correctes et entreprenaient des actions sous l'influence de des vues correctes - au moment de la séparation du corps, de la mort, ont réapparu dans les bonnes destinations, dans les mondes célestes.' Ainsi - au moyen de l'oeil divin, purifié et surpassant l'humain - il voit des êtres décédant et renaissant, et il distingue de quelle manière ils sont inférieurs et supérieurs, beaux et laids, fortunés et infortunés en rapport à leur kamma.

Lorsque l'esprit est ainsi concentré, purifié, clair, sans tache, débarrassé des souillures, souple, malléable, ferme, et établi dans l'imperturbabilité, il l'oriente vers la connaissance de la destruction des impuretés mentales. la connaissance de la destruction des impuretés mentales. Il comprend, tel que c'est réellement: 'Ceci est la souffrance... Ceci est l'origine de la souffrance... Ceci est la cessation de la souffrance... Ceci est le chemin qui mène à la cessation de la souffrance... Voici les impuretés mentales... Ceci est l'origine des impuretés mentales... Ceci est la cessation des impuretés mentales... Ceci est le chemin qui mène à la cessation des impuretés mentales.' Son esprit, sachant cela, voyant cela, est libéré de l'impureté de la sensualité, libéré de l'impureté du devenir, libéré de l'impureté de l'ignorance. Avec la libération, il y a la connaissance: 'libéré'. Il comprend: 'La naissance est terminée, la vie sainte vécue à son terme, la tâche accomplie. Il n'y a rien de plus à réaliser dans ce monde.'

Bhikkhus, voici ce qu'on appelle un individu qui ne se tourmente pas lui-même ni ne se voue à la pratique de se torturer lui-même, et en même temps ne tourmente pas les autres ni ne se voue à la pratique de torturer les autres, et qui, ne se tourmentant pas lui même et ne tourmentant pas les autres, séjourne dans l'ici et maintenant libéré de la faim, détaché et rafraîchi, ressentant du bonheur, ayant un esprit semblable à Brahmā.

Voici ce que dit le Bhagavā. Les bhikkhus étaient satisfaits et ils se réjouirent de la parole du Bhagavā.





Bodhi leaf



Traduction proposée par le webmestre,
d'après le travail effectué à partir du Pali par Soeur Upalavanna
et Middle length discourses of the Buddha de Bhikkhu Ñāṇamoli et Bhikkhu Bodhi
Et la traduction d'un sutta similaire par Thanissaro Bhikkhu.

———oOo———
Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives.
Toute réutilisation de ce contenu doit citer ses sources originales.