[ padīpa: lampe | opama: allégorie, comparaison ]
Le Bouddha expose l'attention portée à la respiration (ānāpānassati) comme la voie qu'il a lui-même suivie pour parvenir à l'éveil, comme un moyen d'accéder à tous les jhānas et à la maîtrise des sensations.
Bhikkhus, samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati, lorsqu'il est développé et cultivé, porte de nombreux fruits, apporte de grands bienfaits. Et comment samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati est-il développé et cultivé de telle manière qu'il porte de nombreux fruits et apporte de grands bienfaits?
En cela, un bhikkhu, étant allé dans une forêt, ou au pied d’un arbre, ou dans une pièce vide, s’assoit jambes croisées, maintient son corps droit et fixe son attention sur la zone autour de la bouche. Avec cette attention, il inspire; avec cette attention, il expire.
Lorsqu’il inspire longuement, il comprend correctement: 'Je suis en train d’inspirer longuement.' Lorsqu’il expire longuement, il comprend correctement: 'Je suis en train d’expirer longuement.' Lorsqu’il inspire courtement, il comprend correctement: 'Je suis en train d’inspirer courtement.' Lorsqu’il expire courtement, il comprend correctement: 'Je suis en train d’expirer courtement.' Il s’entraîne: 'Percevant le corps tout entier, j'inspire.' 'Percevant le corps tout entier, j'expire.' Il s’entraîne: 'Avec les activités corporelles calmées, j'inspire.' 'Avec les activités corporelles calmées, j'expire.' Ainsi s’entraîne-t-il.
Il s’entraîne: 'Percevant pīti, j'inspire.' 'Percevant pīti, j'expire.' Il s’entraîne: 'Percevant sukha, j'inspire.' 'Percevant sukha, j'expire.' Il s’entraîne: 'Percevant les saṅkhāras mentaux, j'inspire.' 'Percevant les saṅkhāras mentaux, j'expire.' Il s’entraîne: 'Calmant les saṅkhāras mentaux, j'inspire.' 'Calmant les saṅkhāras mentaux, j'expire.'
Il s’entraîne: 'Percevant l'esprit, j'inspire.' 'Percevant l'esprit, j'expire.' Il s’entraîne: 'Satisfaisant l'esprit, j'inspire.' 'Satisfaisant l'esprit, j'expire.' Il s’entraîne: 'Stabilisant l'esprit, j'inspire.' 'Stabilisant l'esprit, j'expire.' Il s’entraîne: 'Délivrant l'esprit, j'inspire.' 'Délivrant l'esprit, j'expire.'
Il s’entraîne: 'Observant anicca, j'inspire.' 'Observant anicca, j'expire.' Il s’entraîne: 'Observant la disparition, j'inspire.' 'Observant la disparition, j'expire.' Il s’entraîne: 'Observant la cessation, j'inspire.' 'Observant la cessation, j'expire.' Il s’entraîne: 'Observant l'abandon, j'inspire.' 'Observant l'abandon, j'expire.'
Voici comment samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati est développé et cultivé de telle manière qu'il porte de nombreux fruits et apporte de grands bienfaits.
Moi-même, bhikkhus, avant ma sambodhi, alors que je n'étais qu'un bodhisatta non encore éveillé, je séjournais souvent dans cette demeure [méditative] et ni mon corps ni mes yeux n'étaient fatigués et mon esprit, par absence d'attachement, je fus délivré des āsavas.
C'est pourquoi, bhikkhus, si un bhikkhu souhaite: 'Que ni mon corps ni mes yeux ne soient fatigués et que mon esprit, par absence d'attachement, soit délivré des āsavas', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissent les souvenirs et les intentions liés à la vie de foyer être abandonnés en moi', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je demeurer à percevoir le répugnant dans ce qui n'est pas répugnant', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati. Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je demeurer à percevoir le répugnant dans ce qui n'est pas répugnant'... à percevoir le non-répugnant dans ce qui est répugnant... à percevoir le répugnant dans ce qui est répugnant et dans ce qui n'est pas répugnant... à percevoir le non-répugnant dans ce qui est répugnant et dans ce qui n'est pas répugnant... Si un bhikkhu souhaite: 'Evitant à la fois le répugnant et le non-répugnant, puissé-je demeurer équanime, attentif et sampajāno', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, relativement détourné de la sensualité, détourné des états mentaux malsains, entrer et demeurer dans le premier jhāna, qui est accompagné de sukha et de pīti engendrés par l'isolement, et de vitakka-vicāra', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec l'apaisement de vitakka-vicāra, entrer et demeurer dans le second jhāna, qui est accompagné de tranquillité intérieure, de sukha et de pīti engendrés par la concentration, ainsi que d'une unité de l'attention, délivrée de vitakka et de vicāra', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec l'atténuation de pīti, demeurant équanime, attentif et sampajāno, ressentant sukha dans le corps, entrer et demeurer dans le troisième jhāna, dont les êtres nobles déclarent: 'upekkhako satimā sukhavihārī'.', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec l'abandon du plaisir et de la douleur, après la disparition préalable de la joie et de la tristesse, entrer et demeurer dans le quatrième jhāna, qui est accompagné d'une purification de l'attention par l'équanimité et de l'absence de plaisir et de douleur', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'avec la transcendance complète de la perception de la matière, avec la disparition de la perception des impressions sensorielles, avec la non-attraction envers la perception de la diversité, [percevant:] 'l'espace est infini', entrer et demeurer dans la sphère de l'infinité de l'espace', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'avec la transcendance complète de la sphère de l'infinité de l'espace, [percevant:] 'la conscience est infinie', entre et demeure dans la sphère de l'infinité de la conscience', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec la transcendance complète de la sphère de l'infinité de la conscience, [percevant:] 'il n'y a rien', entre et demeure dans la sphère du vide', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec la transcendance complète de la sphère du vide, entre et demeure dans la sphère de ni perception ni non perception', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Si un bhikkhu souhaite: 'Puissé-je, avec la transcendance complète de la sphère de ni perception ni non perception, entre et demeure dans la cessation des perceptions et des sensations', alors il devrait se consacrer de près à ce même samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati.
Lorsque samādhi pratiqué au moyen d'ānāpānassati a été ainsi développé et cultivé, s'il ressent une sensation agréable, il comprend: 'Ceci est anicca'; il comprend: 'Ceci n'est pas empoigné'; il comprend: 'Ceci n'est pas un objet de complaisance'. S'il ressent une sensation désagréable, il comprend: 'Ceci est anicca'; il comprend: 'Ceci n'est pas empoigné'; il comprend: 'Ceci n'est pas un objet de complaisance'. S'il ressent une sensation neutre, il comprend: 'Ceci est anicca'; il comprend: 'Ceci n'est pas empoigné'; il comprend: 'Ceci n'est pas un objet de complaisance'.
S'il ressent une sensation agréable, il la ressent en étant détaché d'elle. S'il ressent une sensation désagréable, il la ressent en étant détaché d'elle. S'il ressent une sensation neutre, il la ressent en étant détaché d'elle. Lorsqu'il ressent une sensation qui cesse en même temps que le corps, il comprend: 'Je ressens une sensation qui cesse en même temps que le corps'; lorsqu'il ressent une sensation qui cesse en même temps que la vie, il comprend: 'Je ressens une sensation qui cesse en même temps que la vie'; il comprend: 'Lors de la séparation du corps, après la consommation complète de la vie, tout ce qui est ressenti, n'étant pas un objet de complaisance, s'apaisera ici-même.'
Tout comme une lampe à huile brûle en dépendant de l'huile et de la mèche, et comme avec la consommation complète de l'huile et de la mèche, elle s'éteint par manque de combustible, de la même manière, lorsqu'un bhikkhu ressent une sensation qui cesse en même temps que le corps, il comprend: 'Je ressens une sensation qui cesse en même temps que le corps'; lorsqu'il ressent une sensation qui cesse en même temps que la vie, il comprend: 'Je ressens une sensation qui cesse en même temps que la vie'; il comprend: 'Lors de la séparation du corps, après la consommation complète de la vie, tout ce qui est ressenti, n'étant pas un objet de complaisance, s'apaisera ici-même.
d'après le travail effectué à partir du Pali par Thanissaro Bhikkhu
et Connected Discourses of the Buddha de Bhikkhu Bodhi.
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