MN 13
Mahā Dukkhakkhandha Sutta
— Le long discours sur la masse de souffrance —
[ mahā: grand, long | dukkha: souffrance | khandha: masse ]

Des renonçants ayant d'autres convictions demandent à un groupe de bhikkhus quelle est la différence entre l'enseignement de leur maître en ce qui concerne la compréhension complète de la sensualité, de la forme matérielle et des ressentis, et celui du Bouddha. Les bhikkhus vont demander conseil à ce dernier, qui leur fait un exposé à la fois technique et pittoresque sur le sujet, à grand renfort d'allégories poignantes. Un incontournable du Majjhima Nikāya.



Pāḷi



Evaṃ me sutaṃ:

Français



Ainsi ai-je entendu:

Ekaṃ samayaṃ bhagavā sāvatthiyaṃ viharati jetavane anāthapiṇḍikassa ārāme. Atha kho sambahulā bhikkhū pubbaṇhasamayaṃ nivāsetvā pattacīvaramādāya sāvatthiṃ piṇḍāya pāvisiṃsu. Atha kho tesaṃ bhikkhūnaṃ etadahosi: ‘atippago kho tāva sāvatthiyaṃ piṇḍāya carituṃ, yaṃ nūna mayaṃ yena aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo tenupasaṅkameyyāmā’ ti.

En une occasion, le Bhagavā demeurait à Sāvatthī, dans le bois de Jeta, le parc d'Anāthapiṇḍika. En cette occasion, le matin, plusieurs bhikkhus enfilèrent leur robe et, emportant leur bol et leur robe extérieure, se rendirent à Sāvatthī pour les aumônes de nourriture. Mais ils se dirent: 'Il est encore trop tôt pour entrer dans Sāvatthī et y collecter des aumônes; visitons le parc des renonçants ayant d'autres convictions'.

Atha kho te bhikkhū yena aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo tenupasaṅkamiṃsu; upasaṅkamitvā tehi aññatitthiyehi paribbājakehi saddhiṃ sammodiṃsu; sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekamantaṃ nisīdiṃsu. Ekamantaṃ nisinne kho te bhikkhū te aññatitthiyā paribbājakā etadavocuṃ:

Alors ils se dirigèrent vers le parc des renonçants ayant d'autres convictions. A leur arrivée, ils échangèrent de courtoises et amicales salutations avec les renonçants ayant d'autres convictions. Après un échange de courtoises et amicales salutations, ils s'assirent d'un côté. Lorsqu'ils furent assis là, les renonçants ayant d'autres convictions leur dirent:

– Samaṇo, āvuso, gotamo kāmānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi kāmānaṃ pariññaṃ paññapema; samaṇo, āvuso, gotamo rūpānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi rūpānaṃ pariññaṃ paññapema; samaṇo, āvuso, gotamo vedanānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi vedanānaṃ pariññaṃ paññapema; idha no, āvuso, ko viseso, ko adhippayāso, kiṃ nānākaraṇaṃ samaṇassa vā gotamassa amhākaṃ vā yadidaṃ dhammadesanāya vā dhammadesanaṃ, anusāsaniyā vā anusāsani nti?

Samana Gotama, amis, décrit la compréhension complète de la sensualité. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète de la sensualité. Il décrit la compréhension complète de la forme matérielle. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète de la forme matérielle. Il décrit la compréhension complète des ressentis. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète des ressentis. Quelle est donc la différence, la distinction, la divergence entre son enseignement du Dhamma et le nôtre, entre son message et le nôtre?

Atha kho te bhikkhū tesaṃ aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ bhāsitaṃ neva abhinandiṃsu, nappaṭikkosiṃsu; anabhinanditvā appaṭikkositvā uṭṭhāyāsanā pakkamiṃsu: ‘bhagavato santike etassa bhāsitassa atthaṃ ājānissāmā’ ti.

Les bhikkhus, sans approuver ni désapprouver de ces paroles des renonçants ayant d'autres convictions, se levèrent de leurs sièges et partirent [en pensant:] 'Nous comprendrons la signification de ces paroles en la présence du Bhagavā'.

Atha kho te bhikkhū sāvatthiyaṃ piṇḍāya caritvā pacchābhattaṃ piṇḍapātapaṭikkantā yena bhagavā tenupasaṅkamiṃsu; upasaṅkamitvā bhagavantaṃ abhivādetvā ekamantaṃ nisīdiṃsu. Ekamantaṃ nisinnā kho te bhikkhū bhagavantaṃ etadavocuṃ:

Alors après avoir été mendier à Sāvatthī, après leur repas, de retour de leur quête d'aumônes, les bhikkhus approchèrent le Bhagavā. S'étant approchés, ils lui rendirent hommage et s'assirent d'un côté. S'étant assis là, ils lui dirent:

Idha mayaṃ, bhante, pubbaṇhasamayaṃ nivāsetvā pattacīvaramādāya sāvatthiṃ piṇḍāya pāvisimha. Tesaṃ no, bhante, amhākaṃ etadahosi – ‘atippago kho tāva sāvatthiyaṃ piṇḍāya carituṃ, yaṃ nūna mayaṃ yena aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo tenupasaṅkameyyāmā’ti. Atha kho mayaṃ, bhante, yena aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ ārāmo tenupasaṅkamimha; upasaṅkamitvā tehi aññatitthiyehi paribbājakehi saddhiṃ sammodimha; sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekamantaṃ nisīdimha. Ekamantaṃ nisinne kho amhe, bhante, te aññatitthiyā paribbājakā etadavocuṃ – ‘samaṇo, āvuso, gotamo kāmānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi kāmānaṃ pariññaṃ paññapema. Samaṇo, āvuso, gotamo rūpānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi rūpānaṃ pariññaṃ paññapema. Samaṇo, āvuso, gotamo vedanānaṃ pariññaṃ paññapeti, mayampi vedanānaṃ pariññaṃ paññapema. Idha no, āvuso, ko viseso, ko adhippayāso, kiṃ nānākaraṇaṃ samaṇassa vā gotamassa amhākaṃ vā, yadidaṃ dhammadesanāya vā dhammadesanaṃ anusāsaniyā vā anusāsani’nti. Atha kho mayaṃ, bhante, tesaṃ aññatitthiyānaṃ paribbājakānaṃ bhāsitaṃ neva abhinandimha, nappaṭikkosimha; anabhinanditvā appaṭikkositvā uṭṭhāyāsanā pakkamimha – ‘bhagavato santike etassa bhāsitassa atthaṃ ājānissāmā’’’ti.

Ce matin, Bhante, ayant enfilé notre robe et, emportant notre bol et notre robe extérieure, nous nous sommes rendus à Sāvatthī pour les aumônes de nourriture. Mais nous nous sommes dits: 'Il est encore trop tôt pour entrer dans Sāvatthī et y collecter des aumônes; visitons le parc des renonçants ayant d'autres convictions'. Alors nous nous sommes dirigés vers le parc des renonçants ayant d'autres convictions. A notre arrivée, nous avons échangé de courtoises et amicales salutations avec les renonçants ayant d'autres convictions. Après un échange de courtoises et amicales salutations, nous nous sommes assis d'un côté. Alors que nous étions assis là, les renonçants ayant d'autres convictions nous ont dit: 'Samana Gotama, amis, décrit la compréhension complète de la sensualité. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète de la sensualité. Il décrit la compréhension complète de la forme matérielle. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète de la forme matérielle. Il décrit la compréhension complète des ressentis. Nous aussi, nous décrivons la compréhension complète des ressentis. Quelle est donc la différence, la distinction, la divergence entre son enseignement du Dhamma et le nôtre, entre son message et le nôtre?' Sans approuver ni désapprouver de ces paroles des renonçants ayant d'autres convictions, nous nous sommes levés de nos sièges et sommes partis [en pensant:] 'Nous comprendrons la signification de ces paroles en la présence du Bhagavā'.

Evaṃvādino, bhikkhave, aññatitthiyā paribbājakā evamassu vacanīyā: ‘ko panāvuso, kāmānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇaṃ? Ko rūpānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇaṃ? Ko vedanānaṃ assādo, ko ādīnavo, kiṃ nissaraṇa’nti? Evaṃ puṭṭhā, bhikkhave, aññatitthiyā paribbājakā na ceva sampāyissanti, uttariñca vighātaṃ āpajjissanti. Taṃ kissa hetu? Yathā taṃ, bhikkhave, avisayasmiṃ. Nāhaṃ taṃ, bhikkhave, passāmi sadevake loke samārake sabrahmake sassamaṇabrāhmaṇiyā pajāya sadevamanussāya yo imesaṃ pañhānaṃ veyyākaraṇena cittaṃ ārādheyya, aññatra tathāgatena vā tathāgatasāvakena vā, ito vā pana sutvā.

Bhikkhus, lorsque les renonçants ayant d'autres convictions disent cela, ils devraient être questionnés de cette manière: 'Quels sont donc, amis, la satisfaction, le danger et l'émancipation par rapport à la sensualité? Quels sont donc, amis, la satisfaction, le danger et l'émancipation par rapport à la forme matérielle? Quels sont donc, amis, la satisfaction, le danger et l'émancipation par rapport aux ressentis? En étant ainsi questionnés, les renonçants ayant d'autres convictions ne parviendront pas à répondre, et de plus ils rencontreront des difficultés. Pourquoi cela? Parce que cela se trouve au-delà de leur territoire. Bhikkhus, dans ce monde avec ses devas, Māras et Brahmās, dans cette génération avec ses renonçants et ses brahmanes, ses dirigeants et ses peuples, je ne vois personne qui soit capable de satisfaire l'esprit en répondant à ces questions, mis à part le Tathāgata, ses disciples, ou quelqu'un qui l'aurait appris par eux.

(Kāma)

Ko ca, bhikkhave, kāmānaṃ assādo? Pañcime, bhikkhave, kāmaguṇā. Katame pañca? Cakkhuviññeyyā rūpā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kāmūpasaṃhitā rajanīyā. Sota-viññeyyā saddā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Ghāna-viññeyyā gandhā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Jivhā-viññeyyā rasā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Kāya-viññeyyā phoṭṭhabbā iṭṭhā kantā manāpā piyarūpā kām'ūpasaṃhitā rajanīyā. Ime kho, bhikkhave, pañca kāmaguṇā. Yaṃ kho, bhikkhave, ime pañca kāmaguṇe paṭicca uppajjati sukhaṃ somanassaṃ, ayaṃ kāmānaṃ assādo.

(La sensualité)

Et, qu'est-ce, bhikkhus, que la satisfaction de la sensualité? Ce sont ces cinq cordes de la sensualité. Quelles sont ces cinq? Les formes connaissables par l'oeil qui sont agréables, plaisantes, attachantes, entretenant la sensualité, royales; les sons connaissables par l'oreille qui sont agréables, plaisants, attachants, entretenant la sensualité, royaux; les odeurs connaissables par le nez qui sont agréables, plaisantes, attachantes, entretenant la sensualité, royales; les saveurs connaissables par la langue qui sont agréables, plaisantes, attachantes, entretenant la sensualité, royales; les phénomènes corporels connaissables par le corps qui sont agréables, plaisants, attachants, entretenant la sensualité, royaux. Le bien-être et le plaisir mental, bhikkhus, qui apparaissent sur la base de ces cinq cordes de la sensualité, voici quelle est la satisfaction de la sensualité.

Ko ca, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo? Idha, bhikkhave, kulaputto yena sippaṭṭhānena jīvikaṃ kappeti: yadi muddāya yadi gaṇanāya yadi saṅkhānena yadi kasiyā yadi vaṇijjāya yadi gorakkhena yadi issatthena yadi rājaporisena yadi sippaññatarena, sītassa purakkhato uṇhassa purakkhato ḍaṃsamakasavātātapasarīṃsapasamphassehi rissamāno khuppipāsāya mīyamāno; ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Et qu'est-ce que le danger inhérent à la sensualité? Il y a le cas où, à cause de l'occupation par laquelle un homme de clan gagne sa vie: que ce soit de vérifier, de compter, de calculer, de labourer, de commercer, d'élever du bétail, de pratiquer le tir à l'arc, d'être au service du roi, ou quelque soit son occupation, il doit faire face au froid, à la chaleur, il souffre du contact des moustiques et des taons, du soleil et du vent, des rampants, risquant de mourir de faim et de soif. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Tassa ce, bhikkhave, kulaputtassa evaṃ uṭṭhahato ghaṭato vāyamato te bhogā nābhinipphajjanti. So socati kilamati paridevati urattāḷiṃ kandati, sammohaṃ āpajjati: ‘moghaṃ vata me uṭṭhānaṃ, aphalo vata me vāyāmo’ti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Si l'homme de clan ne gagne pas de biens en travaillant ainsi, en luttant ainsi, en faisant de tels efforts, il est peiné, il est affligé, il se lamente, il bat sa poitrine, il devient angoissé: 'Mon travail est vain! Mes efforts sont inutiles!' Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Tassa ce, bhikkhave, kulaputtassa evaṃ uṭṭhahato ghaṭato vāyamato te bhogā abhinipphajjanti. So tesaṃ bhogānaṃ ārakkhādhikaraṇaṃ dukkhaṃ domanassaṃ paṭisaṃvedeti: ‘kinti me bhoge neva rājāno hareyyuṃ, na corā hareyyuṃ, na aggi daheyya, na udakaṃ vaheyya, na appiyā dāyādā hareyyu’nti. Tassa evaṃ ārakkhato gopayato te bhoge rājāno vā haranti, corā vā haranti, aggi vā dahati, udakaṃ vā vahati, appiyā vā dāyādā haranti. So socati kilamati paridevati urattāḷiṃ kandati, sammohaṃ āpajjati: ‘yampi me ahosi tampi no natthī’ti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Si l'homme de clan gagne des biens en travaillant ainsi, en luttant ainsi, en faisant de tels efforts, il éprouve de la douleur et du chagrin en les protégeant: 'Comment faire pour que ni les rois ni les voleurs n'emportent mes biens, pour que le feu ne les brûle pas, que l'eau ne les emporte pas, et que des héritiers indésirables ne les emportent pas?' Et alors qu'il garde et surveille ainsi ses biens, des rois ou des voleurs les emportent, ou bien le feu les brûle, ou l'eau les emporte, ou bien des héritiers indésirables les emportent. Et il est peiné, il est affligé, il se lamente, il bat sa poitrine, il devient angoissé: 'Ce qui était mien ne l'est plus!' Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu rājānopi rājūhi vivadanti, khattiyāpi khattiyehi vivadanti, brāhmaṇāpi brāhmaṇehi vivadanti, gahapatīpi gahapatīhi vivadanti, mātāpi puttena vivadati, puttopi mātarā vivadati, pitāpi puttena vivadati, puttopi pitarā vivadati, bhātāpi bhātarā vivadati, bhātāpi bhaginiyā vivadati, bhaginīpi bhātarā vivadati, sahāyopi sahāyena vivadati. Te tattha kalahaviggahavivādāpannā aññamaññaṃ pāṇīhipi upakkamanti, leḍḍūhipi upakkamanti, daṇḍehipi upakkamanti, satthehipi upakkamanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que les rois se querellent avec les rois, les nobles avec les nobles, les brahmanes avec les brahmanes, les maîtres de maison avec les maîtres de maison, les mères avec les enfants, les enfants avec leur mère, les pères avec leurs enfants, les enfants avec leur père, les frères avec leurs frères, les soeurs avec leurs soeurs, les frères avec leurs soeurs, les soeurs avec leurs frères, les amis avec les amis. Et dans leurs querelles, leurs bagarres et leurs disputes, ils s'attaquent les uns les autres avec les poings ou avec des bâtons, des couteaux, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortelles. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu asicammaṃ gahetvā, dhanukalāpaṃ sannayhitvā, ubhatobyūḷhaṃ saṅgāmaṃ pakkhandanti usūsupi khippamānesu, sattīsupi khippamānāsu, asīsupi vijjotalantesu. Te tattha usūhipi vijjhanti, sattiyāpi vijjhanti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), prenant épée et bouclier, emportant arcs et carquois, chargent dans les batailles en colonnes doubles, pendant que les flèches et les lances volent et que les épées étincellent. Et là ils sont blessés par les flèches et les lances, leurs têtes sont coupées par les épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortelles. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu asicammaṃ gahetvā, dhanukalāpaṃ sannayhitvā, addāvalepanā upakāriyo pakkhandanti usūsupi khippamānesu, sattīsupi khippamānāsu, asīsupi vijjotalantesu. Te tattha usūhipi vijjhanti, sattiyāpi vijjhanti, chakaṇakāyapi osiñcanti, abhivaggenapi omaddanti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), prenant épée et bouclier, et emportant arcs et carquois, attaquent des bastions glissants, pendant que les flèches et les lances volent et que les épées étincellent. Et là, ils sont aspergés de bouses de vache bouillantes, et écrasés sous des poids lourds, leurs têtes sont coupées par les épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortelles. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu sandhimpi chindanti, nillopampi haranti, ekāgārikampi karonti, paripanthepi tiṭṭhanti, paradārampi gacchanti. Tamenaṃ rājāno gahetvā vividhā kammakāraṇā kārenti: kasāhipi tāḷenti, vettehipi tāḷenti, aḍḍhadaṇḍakehipi tāḷenti; hatthampi chindanti, pādampi chindanti, hatthapādampi chindanti, kaṇṇampi chindanti, nāsampi chindanti, kaṇṇanāsampi chindanti.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), brisent les fenêtres, pillent, commettent des vols, tendent des embuscades sur les chemins, commettent l'adultère, et lorsqu'ils sont capturés, les rois les font torturer de nombreuses manières: ils les font fouetter, battre avec des bâtons, battre avec des matraques. Ils leur font couper les mains, couper les pieds, couper les mains et les pieds. Ils leur font couper les oreilles, couper le nez, couper les oreilles et le nez.

Bilaṅgathālikampi karonti, saṅkhamuṇḍikampi karonti, rāhumukhampi karonti, jotimālikampi karonti, hatthapajjotikampi karonti, erakavattikampi karonti, cīrakavāsikampi karonti, eṇeyyakampi karonti, baḷisamaṃsikampi karonti, kahāpaṇikampi karonti, khārāpatacchikampi karonti, palighaparivattikampi karonti, palālapīṭhakampi karonti, tattenapi telena osiñcanti, sunakhehipi khādāpenti, jīvantampi sūle uttāsenti, asināpi sīsaṃ chindanti. Te tattha maraṇampi nigacchanti, maraṇamattampi dukkhaṃ. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo sandiṭṭhiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

Ils leurs font subir la 'casserole à porridge', le 'rasement du coquillage poli', la 'bouche de Rahu', la 'guirlande de feu', la 'main enflammée', les 'épées d'herbe', le 'vêtement d'écorces', 'l'antilope enflammée', les 'crochets à viande', le 'gravage de pièces', le 'décapage à la lessive', le 'pivot sur un pieu', le 'lit enroulé'. Ils les font asperger d'huile brûlante, les font dévorer par des chiens, les font empaler vivants sur des pieux. Leurs têtes sont coupées par des épées, et ils s'exposent à la mort ou à des douleurs mortelles. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance visible ici et maintenant, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Puna caparaṃ, bhikkhave, kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu kāyena duccaritaṃ caranti, vācāya duccaritaṃ caranti, manasā duccaritaṃ caranti. Te kāyena duccaritaṃ caritvā, vācāya duccaritaṃ caritvā, manasā duccaritaṃ caritvā, kāyassa bhedā paraṃ maraṇā apāyaṃ duggatiṃ vinipātaṃ nirayaṃ upapajjanti. Ayampi, bhikkhave, kāmānaṃ ādīnavo samparāyiko, dukkhakkhandho kāmahetu kāmanidānaṃ kāmādhikaraṇaṃ kāmānameva hetu.

De plus, c'est avec la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité, que (les hommes), s'engagent dans la méconduite corporelle, la méconduite verbale, la méconduite mentale. S'étant engagés dans la méconduite corporelle, la méconduite verbale, la méconduite mentale, lors de la séparation du corps, après la mort, ils réapparaissent dans un plan d'existence de privation, une mauvaise destination un monde inférieur, l'enfer. Maintenant, ce danger inhérent à la sensualité, cette masse de souffrance dans l'existence future, a lui aussi la sensualité comme cause, la sensualité comme source, la sensualité pour base, la cause étant simplement la sensualité.

Kiñca, bhikkhave, kāmānaṃ nissaraṇaṃ? Yo kho, bhikkhave, kāmesu chandarāgavinayo chandarāgappahānaṃ: idaṃ kāmānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce, bhikkhus, que l'émancipation par rapport à la sensualité? L'apaisement de l'excitation du désir vis-à-vis de la sensualité, l'abandon de l'excitation du désir vis-à-vis de la sensualité: voici quelle est l'émancipation par rapport à la sensualité.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ kāmānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ nappajānanti te vata sāmaṃ vā kāme parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno kāme parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ kāmānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ pajānanti, te vata sāmaṃ vā kāme parijānissanti paraṃ vā tathattāya samādapessantntti yathā paṭipanno kāme parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjati.

Que les renonçants et brahmanes qui ne comprennent pas, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente à la sensualité en tant que satisfaction, le danger inhérent à la sensualité en tant que danger, l'émancipation par rapport à la sensualité en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce qu'est la sensualité ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce qu'est la sensualité, est une chose impossible. Mais que les renonçants et brahmanes qui comprennent, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente à la sensualité en tant que satisfaction, le danger inhérent à la sensualité en tant que danger, l'émancipation par rapport à la sensualité en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce qu'est la sensualité ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce qu'est la sensualité, est une chose possible.

(Rūpa)

Ko ca, bhikkhave, rūpānaṃ assādo? Seyyathāpi, bhikkhave, khattiyakaññā vā brāhmaṇakaññā vā gahapatikaññā vā pannarasavassuddesikā vā soḷasavassuddesikā vā, nātidīghā nātirassā nātikisā nātithūlā nātikāḷī nāccodātā paramā sā, bhikkhave, tasmiṃ samaye subhā vaṇṇanibhāti?

(La forme matérielle)

Et qu'est-ce, bhikkhus, que la satisfaction inhérente aux formes matérielles? Supposez qu'il y ait une jeune femme de noble caste, ou de la caste des brahmanes, ou de la caste des maîtres de maison, âgée de quinze ou seize ans, ni trop grande ni trop petite, ni trop fine ni trop ronde, ni trop sombre ni trop pâle. A ce moment-là, sa beauté et son charme ne sont-ils pas à leur apogée?

– Evaṃ, bhante’

– Yaṃ kho, bhikkhave, subhaṃ vaṇṇanibhaṃ paṭicca uppajjati sukhaṃ somanassaṃ: ayaṃ rūpānaṃ assādo.

– Oui, Bhante.

– Le bien-être et le plaisir mental qui apparaissent sur la base de cette beauté et de ce charme: voici quelle est la satisfaction inhérente aux formes matérielles.

Ko ca, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo? Idha, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya aparena samayena āsītikaṃ vā nāvutikaṃ vā vassasatikaṃ vā jātiyā, jiṇṇaṃ gopānasivaṅkaṃ bhoggaṃ daṇḍaparāyanaṃ pavedhamānaṃ gacchantiṃ āturaṃ gatayobbanaṃ khaṇḍadantaṃ palitakesaṃ, vilūnaṃ khalitasiraṃ valinaṃ tilakāhatagattaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

Et qu'est-ce que le danger inhérent aux formes matérielles? Il y a le cas où on verrait cette même femme plus tard, lorsqu'elle est âgée de quatre-vingt, quatre-vingt dix, cent ans: âgée, tordue comme un crochet de toit, courbée, supportée par une canne, tremblante, misérable, aux dents cassées, aux cheveux gris, aux cheveux rares, chauve, ridée, le corps couvert de taches. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya ābādhikaṃ dukkhitaṃ bāḷhagilānaṃ, sake muttakarīse palipannaṃ semānaṃ, aññehi vuṭṭhāpiyamānaṃ, aññehi saṃvesiyamānaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, il se pourrait qu'on voie cette même femme affligée, souffrante et sérieusement malade, couchée souillée de sa propre urine et ses excréments, relevée par certains et couchée par d'autres. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: ekāhamataṃ vā dvīhamataṃ vā tīhamataṃ vā, uddhumātakaṃ vinīlakaṃ vipubbakajātaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, il se pourrait qu'on voie cette même femme comme un cadavre jeté dans un charnier: morte depuis un jour, deux jours, trois jours, gonflée, livide et suintante. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: kākehi vā khajjamānaṃ, kulalehi vā khajjamānaṃ, gijjhehi vā khajjamānaṃ, kaṅkehi vā khajjamānaṃ, sunakhehi vā khajjamānaṃ, byagghehi vā khajjamānaṃ, dīpīhi vā khajjamānaṃ, siṅgālehi vā khajjamānaṃ, vividhehi vā pāṇakajātehi khajjamānaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave: yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, il se pourrait qu'on voie cette même femme comme un cadavre jeté dans un charnier: dévoré par les corbeaux, dévoré par les faucons, dévoré par les vautours, dévoré par les hérons, dévoré par les chiens, dévoré par les hyènes, dévoré par les panthères, dévoré par les chacals, et dévoré par diverses sortes d'êtres vivants. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhika-saṅkhalikaṃ samaṃ-salohitaṃ nhāru-sambandhaṃ, aṭṭhika-saṅkhalikaṃ nimaṃ-salohita-makkhitaṃ nhāru-sambandhaṃ, aṭṭhika-saṅkhalikaṃ apagatamaṃ-salohitaṃ nhāru-sambandhaṃ, aṭṭhikāni apagata-sambandhāni disā-vidisā-vikkhittāni: aññena hatthaṭṭhikaṃ, aññena pādaṭṭhikaṃ, aññena gopphakaṭṭhikaṃ, aññena jaṅghaṭṭhikaṃ, aññena ūruṭṭhikaṃ, aññena kaṭiṭṭhikaṃ, aññena phāsukaṭṭhikaṃ, aññena piṭṭhiṭṭhikaṃ, aññena khandhaṭṭhikaṃ, aññena gīvaṭṭhikaṃ, aññena hanukaṭṭhikaṃ, aññena dantaṭṭhikaṃ, aññena sīsakaṭāhaṃ. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, il se pourrait qu'on voie cette même femme comme un cadavre jeté dans un charnier: un squelette enduit de chair et de sang, maintenu par les tendons, un squelette sans chair enduit de sang, maintenu par les tendons, un squelette sans chair ni sang, maintenu par les tendons, des os détachés de leurs tendons et éparpillés dans toutes les directions: ici un os de la main et là un os du pied, ici un tibia et là un os de la cuisse, ici un os de la hanche et là un os du dos, ici une côte et là un os de la poitrine, ici un os de l'épaule et là un os du cou, ici un os de la mâchoire et là une dent, et là le squelette. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Puna caparaṃ, bhikkhave, tameva bhaginiṃ passeyya sarīraṃ sivathikāya chaḍḍitaṃ: aṭṭhikāni setāni saṅkhavaṇṇapaṭibhāgāni, aṭṭhikāni puñjakitāni terovassikāni, aṭṭhikāni pūtīni cuṇṇakajātāni. Taṃ kiṃ maññatha, bhikkhave, yā purimā subhā vaṇṇanibhā sā antarahitā, ādīnavo pātubhūtoti?

De plus, il se pourrait qu'on voie cette même femme comme un cadavre jeté dans un charnier: les os ayant tourné au blanc, comme des coquillages, les os entassés, vieux de plus d'un an, les os décomposés en poudre. Qu'en pensez-vous, bhikkhus: sa beauté et son charme antérieurs n'ont-ils pas disparu et le danger n'est-il pas devenu évident?

– Evaṃ, bhante.

– Ayampi, bhikkhave, rūpānaṃ ādīnavo.

– Oui, Bhante.

– Ceci, bhikkhus, est un danger inhérent aux formes matérielles.

Kiñca, bhikkhave, rūpānaṃ nissaraṇaṃ? Yo, bhikkhave, rūpesu chandarāgavinayo chandarāgappahānaṃ: idaṃ rūpānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce, bhikkhus, que l'émancipation par rapport à forme matérielle? L'apaisement de l'excitation du désir vis-à-vis de la forme matérielle, l'abandon de l'excitation du désir vis-à-vis de la forme matérielle: voici quelle est l'émancipation par rapport à la forme matérielle.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ rūpānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ nappajānanti te vata sāmaṃ vā rūpe parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno rūpe parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ rūpānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ pajānanti te vata sāmaṃ vā rūpe parijānissanti paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno rūpe parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjati.

Que les renonçants et brahmanes qui ne comprennent pas, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente à la forme matérielle en tant que satisfaction, le danger inhérent à la forme matérielle en tant que danger, l'émancipation par rapport à la forme matérielle en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce qu'est la forme matérielle ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce qu'est la forme matérielle, est une chose impossible. Mais que les renonçants et brahmanes qui comprennent, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente à la forme matérielle en tant que satisfaction, le danger inhérent à la forme matérielle en tant que danger, l'émancipation par rapport à la forme matérielle en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce qu'est la forme matérielle ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce qu'est la forme matérielle, est une chose possible.

(Vedanā)

Ko ca, bhikkhave, vedanānaṃ assādo? Idha, bhikkhave, bhikkhu

(Les ressentis)

Et qu'est-ce, bhikkhus, que la satisfaction inhérente aux ressentis? En cela, bhikkhus,un bhikkhu

vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

détaché du désir sensuel, détaché des états mentaux désavantageux, ayant pénétré dans le premier jhāna, y demeure, avec application initiale et application soutenue de l'esprit, avec béatitude et bien-être engendrés par le détachement.

Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

Au moment, bhikkhus, où un bhikkhu, détaché du désir sensuel, détaché des états mentaux désavantageux, ayant pénétré dans le premier jhāna, y demeure, avec application initiale et application soutenue de l'esprit, avec béatitude et bien-être engendrés par le détachement, il n'oeuvre pas à sa propre affliction, ni à l'affliction de quelqu'un d'autre, ni à l'affliction des deux. Il ressent seulement des ressentis libérés de l'affliction. La plus haute satisfaction des ressentis, je vous le dis, est l'absence d'affliction.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu

De plus, bhikkhus, un bhikkhu,

vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

avec l'apaisement de l'application initiale et l'application soutenue de l'esprit, ayant pénétré dans le second jhāna, il y demeure avec tranquillisation intérieure, unification de l'esprit, sans application initiale ni application soutenue de l'esprit, avec béatitude et bien-être engendrés par la concentration.

Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

Au moment, bhikkhus, où un bhikkhu, avec l'apaisement de l'application initiale et l'application soutenue de l'esprit, ayant pénétré dans le second jhāna, il y demeure avec tranquillisation intérieure, unification de l'esprit, sans application initiale ni application soutenue de l'esprit, avec béatitude et bien-être engendrés par la concentration, il n'oeuvre pas à sa propre affliction, ni à l'affliction de quelqu'un d'autre, ni à l'affliction des deux. Il ressent seulement des ressentis libérés de l'affliction. La plus haute satisfaction des ressentis, je vous le dis, est l'absence d'affliction.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu

De plus, bhikkhus, un bhikkhu,

pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

avec l'indifférence envers la béatitude, il demeure équanime, présent d'esprit et doué de compréhension minutieuse, il ressent dans le corps le bien-être que les êtres nobles décrivent: 'celui qui est équanime et attentif demeure dans [ce] bien-être', et ayant pénétré dans le troisième jhāna, il y demeure.

Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

Au moment, bhikkhus, où un bhikkhu, avec l'indifférence envers la béatitude, il demeure équanime, présent d'esprit et doué de compréhension minutieuse, il ressent dans le corps le bien-être que les êtres nobles décrivent: 'celui qui est équanime et attentif demeure dans [ce] bien-être', et ayant pénétré dans le troisième jhāna, il y demeure, il n'oeuvre pas à sa propre affliction, ni à l'affliction de quelqu'un d'autre, ni à l'affliction des deux. Il ressent seulement des ressentis libérés de l'affliction. La plus haute satisfaction des ressentis, je vous le dis, est l'absence d'affliction.

Puna caparaṃ, bhikkhave, bhikkhu

De plus, bhikkhus, un bhikkhu,

sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.

abandonnant le plaisir et abandonnant la douleur, le plaisir mental et la douleur mentale ayant auparavant disparus, sans plaisir ni douleur, avec la pureté de l'équanimité et de la présence d'esprit, ayant pénétré dans le quatrième jhāna, il y demeure.

Yasmiṃ samaye, bhikkhave, bhikkhu sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati, neva tasmiṃ samaye attabyābādhāyapi ceteti, na parabyābādhāyapi ceteti, na ubhayabyābādhāyapi ceteti; abyābajjhaṃyeva tasmiṃ samaye vedanaṃ vedeti. Abyābajjhaparamāhaṃ, bhikkhave, vedanānaṃ assādaṃ vadāmi.

Au moment, bhikkhus, où un bhikkhu, abandonnant le plaisir et abandonnant la douleur, le plaisir mental et la douleur mentale ayant auparavant disparus, sans plaisir ni douleur, avec la pureté de l'équanimité et de la présence d'esprit, ayant pénétré dans le quatrième jhāna, il y demeure, il n'oeuvre pas à sa propre affliction, ni à l'affliction de quelqu'un d'autre, ni à l'affliction des deux. Il ressent seulement des ressentis libérés de l'affliction. La plus haute satisfaction des ressentis, je vous le dis, est l'absence d'affliction.

Ko ca, bhikkhave, vedanānaṃ ādīnavo? Yaṃ, bhikkhave, vedanā aniccā dukkhā vipariṇāmadhammā: ayaṃ vedanānaṃ ādīnavo.

Et qu'est-ce, bhikkhus, que le danger inhérent aux ressentis? Le fait que les ressentis soient impermanents, insatisfaisants, et sujets au changement: voici quel est le danger inhérent aux ressentis.

Kiñca, bhikkhave, vedanānaṃ nissaraṇaṃ? Yo, bhikkhave, vedanāsu chandarāgavinayo, chandarāgappahānaṃ: idaṃ vedanānaṃ nissaraṇaṃ.

Et qu'est-ce que l'émancipation par rapport aux ressentis? L'apaisement de l'excitation du désir vis-à-vis des ressentis, l'abandon de l'excitation du désir vis-à-vis des ressentis: voici quelle est l'émancipation par rapport aux ressentis.

Ye hi keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ vedanānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ nappajānanti, te vata sāmaṃ vā vedanaṃ parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno vedanaṃ parijānissatīti, netaṃ ṭhānaṃ vijjati. Ye ca kho keci, bhikkhave, samaṇā vā brāhmaṇā vā evaṃ vedanānaṃ assādañca assādato ādīnavañca ādīnavato nissaraṇañca nissaraṇato yathābhūtaṃ pajānanti te vata sāmaṃ vā vedanaṃ parijānissanti, paraṃ vā tathattāya samādapessanti yathā paṭipanno vedanaṃ parijānissatīti, ṭhānametaṃ vijjatī ti.

Que les renonçants et brahmanes qui ne comprennent pas, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente aux ressentis en tant que satisfaction, le danger inhérent aux ressentis en tant que danger, l'émancipation par rapport aux ressentis en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce que sont les ressentis ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce que sont les ressentis, est une chose impossible. Mais que les renonçants et brahmanes qui comprennent, tels qu'ils sont réellement, la satisfaction inhérente aux ressentis en tant que satisfaction, le danger inhérent aux ressentis en tant que danger, l'émancipation par rapport aux ressentis en tant qu'émancipation, puissent comprendre eux-mêmes ce que sont les ressentis ou puissent instruire quelqu'un d'autre de telle manière qu'il comprenne ce que sont les ressentis, est une chose possible.

Idamavoca bhagavā. Attamanā te bhikkhū bhagavato bhāsitaṃ abhinandunti.

Voici ce que dit le Bhagavā. Satisfaits, les bhikkhus se réjouirent des paroles du Bhagavā.



Bodhi leaf



Traduction proposée par le webmestre,
d'après le travail effectué à partir du Pali par Thanissaro Bhikkhu
et Middle length discourses of the Buddha de Bhikkhu Ñāṇamoli et Bhikkhu Bodhi.

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