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— La question de Gaṇaka Moggallāna — Ce sutta, dans lequel un brahmane s'enquiert auprès du Bouddha de la progression didactique qu'il a adoptée, contient une explication détaillée de l'Anupubba Paṭipadā, et est à l'origine de cette dernière expression, laquelle y est adoptée par le brahmane Gaṇaka Moggallāna. La dernière partie du texte offre un exemple de la manière magistrale dont le Bouddha se fait comprendre par ceux qui le questionnent. |
Pāḷi
Evaṃ me sutaṃ:
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Français
Ainsi ai-je entendu:
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Ekaṃ samayaṃ bhagavā sāvatthiyaṃ viharati pubbārāme migāramātupāsāde. Atha kho gaṇakamoggallāno brāhmaṇo yena bhagavā tenupasaṅkami; upasaṅkamitvā bhagavatā saddhiṃ sammodi. Sammodanīyaṃ kathaṃ sāraṇīyaṃ vītisāretvā ekamantaṃ nisīdi. Ekamantaṃ nisinno kho gaṇakamoggallāno brāhmaṇo bhagavantaṃ etadavoca:
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En une occasion, le Bhagavā séjournait près de Sāvatthī, dans le palais de la mère de Migāra, dans l'ermitage de l'est. En cette occasion, le brahmane Gaṇaka Moggallāna vint voir le Bhagavā. S'étant approché, il échangea des salutations avec lui. Ayant conversé d'une manière amicale et courtoise, il s'assit d'un côté. Lorsqu'il fut assis d'un côté, le brahmane Gaṇaka Moggallāna s'adressa ainsi au Bhagavā:
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Seyyathāpi, bho gotama, imassa migāramātupāsādassa dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ yāva pacchimasopānakaḷevarā imesampi hi, bho gotama, brāhmaṇānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ ajjhene imesampi hi, bho gotama, issāsānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ issatthe. Amhākampi hi, bho gotama, gaṇakānaṃ gaṇanājīvānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ saṅkhāne.
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Tout comme, bho Gotama, dans ce palais de la mère de Migāra un entraînement (travail) graduel, un accomplissement graduel, une voie graduelle [pour construire le palais] jusqu'au dernier pallier sont apprents, de la même manière, bho Gotama, chez ces brahmanes, un entraînement graduel, un accomplissement graduel, une voie graduelle sont apprents, c'est-à-dire dans l'étude [des Vedas]; ainsi également, chez ces archers, un entraînement graduel, un accomplissement graduel, une pratique graduelle sont apparents, c'est-à-dire en archerie; et pour nous aussi, dont le moyen de subsistance est le calcul, un entraînement graduel, un accomplissement graduel sont apparents, c'est-à-dire n comptabilité.
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Seyyathāpi, bho gotama, imassa migāramātupāsādassa dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ: yāva pacchimasopānakaḷevarā imesampi hi, bho gotama, brāhmaṇānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ: ajjhene imesampi hi, bho gotama, issāsānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ: issatthe. Amhākampi hi, bho gotama, gaṇakānaṃ gaṇanājīvānaṃ dissati anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā yadidaṃ: saṅkhāne.
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Lorsque nous avons un apprenti, bho Gotama, nous lui faisons d'abord calculer: 'Premièrement, un, deuxièmement, deux, troisièmement, trois, quatrièmement, quatre, cinquièmement, cinq, sixièmement, six, septièmement, sept, huitièmement, huit, neuvièmement, neuf, dixièmement dix'. Et nous le faisons ainsi calculer, bho Gotama, jusqu'à cent. N'est-il pas possible, bho Gotama, de décrire un entraînement graduel similaire, un accomplissement graduel, une pratique graduelle en ce qui concerne ce Dhamma et cette Discipline?
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Sakkā, brāhmaṇa, imasmimpi dhammavinaye anupubbasikkhā anupubbakiriyā anupubbapaṭipadā paññapetuṃ. Seyyathāpi, brāhmaṇa, dakkho assadammako bhaddaṃ assājānīyaṃ labhitvā paṭhameneva mukhādhāne kāraṇaṃ kāreti, atha uttariṃ kāraṇaṃ kāreti; evameva kho, brāhmaṇa, tathāgato purisadammaṃ labhitvā paṭhamaṃ evaṃ vineti:
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Il est possible, brahmane, de décrire un entraînement graduel, un accomplissement graduel, une pratique graduelle en ce qui concerne ce Dhamma et cette Discipline. Tout comme un bon entraîneur de chevaux, brahmane, ayant pris un beau pur-sang, commence en premier lieu par l'habituer à l'entraînement concernant le port du mors, et ensuite l'habitue aux entraînements plus avancés; de même, brahmane, le Tathāgata, ayant pris un homme à dresser, commence en premier lieu par le discipliner ainsi:
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| (Sīlasampatti)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, sīlavā hohi: pātimokkhasaṃvarasaṃvuto viharāhi ācāragocarasampanno aṇumattesu vajjesu bhayadassāvī, samādāya sikkhassu sikkhāpadesū’ ti.
| (Accomplissement en vertu)
'Viens, bhikkhu, sois vertueux: demeure restreint par la restreinte du Pātimokkha, accompli en [bonne] conduite et en sphère [d'activité], voyant le danger dans la moindre des fautes, et, les ayant entrepris, entraîne-toi avec les préceptes de l'entraînement.'
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Yato kho, brāhmaṇa, bhikkhu sīlavā hoti, pātimokkhasaṃvarasaṃvuto viharati ācāragocarasampanno aṇumattesu vajjesu bhayadassāvī, samādāya sikkhati sikkhāpadesu, tamenaṃ tathāgato uttariṃ vineti:
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Lorsque, brahmane, le bhikkhu est vertueux, qu'il demeure restreint par la restreinte du Pātimokkha, qu'il est accompli en [bonne] conduite et en sphère [d'activité], voyant le danger dans la moindre des fautes, et, les ayant entrepris, qu'il s'entraîne avec les préceptes de l'entraînement, le Tathāgata le discipline plus avant:
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| (Indriyesu Guttadvāratā)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, indriyesu guttadvāro hoh: cakkhunā rūpaṃ disvā mā nimittaggāhī hohi mānubyañjanaggāhī. Yatvādhikaraṇamenaṃ cakkhundriyaṃ asaṃvutaṃ viharantaṃ abhijjhādomanassā pāpakā akusalā dhammā anvāssaveyyuṃ tassa saṃvarāya paṭipajjāhi; rakkhāhi cakkhundriyaṃ, cakkhundriye saṃvaraṃ āpajjāhi.
| (Surveillance à l'entrée des facultés sensorielles)
'Viens, bhikkhu, garde l'entrée de tes facultés sensorielles: ayant vu une forme avec l'oeil, ne saisis pas un nimitta, ne saisis pas un détail sur la base duquel, si tu demeurais sans restreindre la faculté de l'oeil, de la convoitise, de l'affliction, ainsi que des états mentaux mauvais et désavantageux pourraient t'envahir, poursuis la voie de sa restreinte; garde la faculté de l'oeil; entreprends la restreinte de la faculté de l'oeil.
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Yato kho, brāhmaṇa, bhikkhu indriyesu guttadvāro hoti, tamenaṃ tathāgato uttariṃ vineti:
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Lorsque, brahmane, le bhikkhu surveille l'entrée des facultés sensorielles, le Tathāgata le discipline plus avant:
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| (Bhojane Mattaññutā)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, bhojane mattaññū hohi: paṭisaṅkhā yoniso āhāraṃ āhāreyyāsi, neva davāya na madāya na maṇḍanāya na vibhūsanāya, yāvadeva imassa kāyassa ṭhitiyā yāpanāya vihiṃsūparatiyā brahmacariyānuggahāya; iti purāṇañca vedanaṃ paṭihaṅkhāmi, navañca vedanaṃ na uppādessāmi, yātrā ca me bhavissati anavajjatā ca phāsuvihāro cā’ ti.
| (Modération avec la Nourriture) |
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Yato kho, brāhmaṇa, bhikkhu bhojane mattaññū hoti, tamenaṃ tathāgato uttariṃ vineti:
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Lorsque, brahmane, le bhikkhu est modéré avec la nourriture, le Tathāgata le discipline plus avant:
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| (Jāgariyaṃ Anuyoga)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, jāgariyaṃ anuyutto viharāhi: divasaṃ caṅkamena nisajjāya āvaraṇīyehi dhammehi cittaṃ parisodhehi, rattiyā paṭhamaṃ yāmaṃ caṅkamena nisajjāya āvaraṇīyehi dhammehi cittaṃ parisodhehi, rattiyā majjhimaṃ yāmaṃ dakkhiṇena passena sīhaseyyaṃ kappeyyāsi pāde pādaṃ accādhāya sato sampajāno uṭṭhānasaññaṃ manasikaritvā, rattiyā pacchimaṃ yāmaṃ paccuṭṭhāya caṅkamena nisajjāya āvaraṇīyehi dhammehi cittaṃ parisodhehī’ ti.
| (Dévouement à la vigilance)
'Viens, bhikkhu, demeure voué à la vigilance: pendant la journée, en faisant les cent pas et ou en étant assis, purifie l'esprit des états mentaux obstructifs; durant la première partie de la nuit, len faisant les cent pas ou en étant assis, purifie l'esprit des états mentaux obstructifs; durant la partie médiane de la nuit, tu devrais te coucher sur le côté droit dans la posture du lion, ayant placé un pied sur l'autre pied, attentif et doué de compréhension minutieuse, ayant fixé ton esprit sur la perception du zèle; durant la dernière partie de la nuit, après t'être levé, en faisant les cent pas ou en étant assis, purifie l'esprit des états mentaux obstructifs.'
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Yato kho, brāhmaṇa, bhikkhu jāgariyaṃ anuyutto hoti, tamenaṃ tathāgato uttariṃ vineti
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Lorsque, brahmane, le bhikkhu est voué à la vigilance, le Tathāgata le discipline plus avant:
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| (Satisampajañña)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, satisampajaññena samannāgato hohi: abhikkante paṭikkante sampajānakārī, ālokite vilokite sampajānakārī, samiñjite pasārite sampajānakārī, saṅghāṭipattacīvaradhāraṇe sampajānakārī, asite pīte khāyite sāyite sampajānakārī, uccārapassāvakamme sampajānakārī, gate ṭhite nisinne sutte jāgarite bhāsite tuṇhībhāve sampajānakārī’ ti.
| (Présence d'esprit et compréhension minutieuse)
'Viens, bhikkhu, sois doué de présence d'esprit et de compréhension minutieuse: lorsque tu t'approches et lorsque tu t'en vas, agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu regardes devant et lorsque tu regardes alentours, agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu fléchis et lorsque tu étends, agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu portes les robes, la robe du haut et le bol, agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu manges, lorsque tu bois, lorsque tu mâches, lorsque tu goûtes [la nourriture], agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu t'occupes des actes de déféquer et d'uriner, agis avec une compréhension minutieuse; lorsque tu marches, lorsque tu te tiens debout, lorsque tu es assis, lorsque tu dors, lorsque tu es éveillé, lorsque tu parles et lorsque tu es silencieux, agis avec une compréhension minutieuse.'
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Yato kho, brāhmaṇa, bhikkhu satisampajaññena samannāgato hoti, tamenaṃ tathāgato uttariṃ vineti:
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Lorsque, brahmane, le bhikkhu est doué de présence d'esprit et de compréhension minutieuse, le Tathāgata le discipline plus avant:
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| (Nīvaraṇānaṃ Pahāna)
‘Ehi tvaṃ, bhikkhu, vivittaṃ senāsanaṃ bhajāhi: araññaṃ rukkhamūlaṃ pabbataṃ kandaraṃ giriguhaṃ susānaṃ vanapatthaṃ abbhokāsaṃ palālapuñja’nti. So vivittaṃ senāsanaṃ bhajati: araññaṃ rukkhamūlaṃ pabbataṃ kandaraṃ giriguhaṃ susānaṃ vanappatthaṃ abbhokāsaṃ palālapuñjaṃ. So pacchābhattaṃ piṇḍapātapaṭikkanto nisīdati pallaṅkaṃ ābhujitvā, ujuṃ kāyaṃ paṇidhāya, parimukhaṃ satiṃ upaṭṭhapetvā.
| (Abandon des obstructions)
'Viens, bhikkhu, aie recours à un lieu de séjour isolé: une forêt, la racine d'un arbre, une colline, une grotte, une caverne, un cimetière, la forêt profonde, le ciel ouvert, un tas de paille.' Il a [donc] recours à un lieu de séjour isolé: une forêt, la racine d'un arbre, une colline, une grotte, une caverne, un cimetière, la forêt profonde, le ciel ouvert, un tas de paille. De retour des aumônes de nourriture, après le repas, il s'assoit, fléchissant les jambes en les croisant, dressant le corps droit, et fixant la présence de l'esprit autour des narines.
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| (Cattāro Jhānā)
So ime pañca nīvaraṇe pahāya cetaso upakkilese paññāya dubbalīkaraṇe vivicceva kāmehi vivicca akusalehi dhammehi savitakkaṃ savicāraṃ vivekajaṃ pītisukhaṃ paṭhamaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Vitakkavicārānaṃ vūpasamā ajjhattaṃ sampasādanaṃ cetaso ekodibhāvaṃ avitakkaṃ avicāraṃ samādhijaṃ pītisukhaṃ dutiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Pītiyā ca virāgā upekkhako ca viharati sato ca sampajāno, sukhañca kāyena paṭisaṃvedeti yaṃ taṃ ariyā ācikkhanti: ‘upekkhako satimā sukhavihārī’ti tatiyaṃ jhānaṃ upasampajja viharati. Sukhassa ca pahānā dukkhassa ca pahānā pubbeva somanassa-domanassānaṃ atthaṅgamā adukkham-asukhaṃ upekkhā-sati-pārisuddhiṃ catutthaṃ jhānaṃ upasampajja viharati.
| (Les quatre jhānas) |
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Ye kho te, brāhmaṇa, bhikkhū sekkhā apattamānasā anuttaraṃ yogakkhemaṃ patthayamānā viharanti tesu me ayaṃ evarūpī anusāsanī hoti. Ye pana te bhikkhū arahanto khīṇāsavā vusitavanto katakaraṇīyā ohitabhārā anuppattasadatthā parikkhīṇabhavasaṃyojanā sammadaññā vimuttā tesaṃ ime dhammā diṭṭhadhammasukhavihārāya ceva saṃvattanti, satisampajaññāya cā’ ti.
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Pour les bhikkhus, brahmane, qui sont en entraînement, décidés à [atteindre] ce qui n'a pas été atteint et aspirant au complet soulagement des attachements, telle est mon instruction. Et pour les bhikkhus qui sont des arahants, ayant détruits les corruptions de l'esprit, ayant atteint la perfection, ayant fait ce qui devait l'être, ayant déposé le fardeau, qui ont atteint le bien-être, ont épuisé l'entrave du devenir, ayant compris correctement, délivrés, pour eux ces choses conduisent à un séjour agréable dans les phénomènes visibles et à la présence d'esprit accompagnée de compréhension minutieuse.
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| Evaṃ vutte, gaṇakamoggallāno brāhmaṇo bhagavantaṃ etadavoca: | Lorsque cela fut dit, le Brahmane Gaṇaka Moggallāna dit au Bhagavā: |
| – Kiṃ nu kho bhoto gotamassa sāvakā bhotā gotamena evaṃ ovadīyamānā evaṃ anusāsīyamānā sabbe accantaṃ niṭṭhaṃ Nibbānaṃ ārādhenti udāhu ekacce nārādhentī ti? | – Les disciples de bho Gotama, ayant ainsi été instruits et conseillés par bho Gotama, atteignent-ils tous la complète perfection, Nibbāna, ou bien y en a-t-il qui ne l'atteignent pas? |
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Appekacce kho, brāhmaṇa, mama sāvakā mayā evaṃ ovadīyamānā evaṃ anusāsīyamānā accantaṃ niṭṭhaṃ Nibbānaṃ ārādhenti, ekacce nārādhentī ti.
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Certains de mes disciples, brahmane, ayant ainsi été instruits et conseillés par moi atteignent la complète perfection, Nibbāna, et certains ne l'atteignent pas.
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Ko nu kho, bho gotama, hetu ko paccayo yaṃ tiṭṭhateva Nibbānaṃ, tiṭṭhati Nibbānagāmī maggo, tiṭṭhati bhavaṃ gotamo samādapetā; atha ca pana bhoto gotamassa sāvakā bhotā gotamena evaṃ ovadīyamānā evaṃ anusāsīyamānā appekacce accantaṃ niṭṭhaṃ Nibbānaṃ ārādhenti, ekacce nārādhentī ti?
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Quelle est la cause, bho Gotama, quelle est raison pour laquelle, puisque le Nibbāna existe, puisque la voie menant au Nibbāna existe, puisque bho Gotama existe en tant que conseiller, y a-t-il des disciples de bho Gotama qui, ayant ainsi été instruits et conseillés par bho Gotama, atteignent la complète perfection, Nibbāna, tandis que certains ne l'atteignent pas?
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| – Tena hi, brāhmaṇa, taṃyevettha paṭipucchissāmi. Yathā te khameyya tathā naṃ byākareyyāsi. Taṃ kiṃ maññasi, brāhmaṇa, kusalo tvaṃ rājagahagāmissa maggassā ti? | – Bien, brahmane, je vais te questionner sur ce point en guise de réponse. Tu me répondras comme il te plaira. Qu'en penses-tu, brahmane? Est-ce que tu connais bien le chemin menant à Rājagaha? |
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Evaṃ, bho, kusalo ahaṃ rājagahagāmissa maggassā ti.
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Il en est ainsi, bho, je connais bien le chemin menant à Rājagaha.
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Taṃ kiṃ maññasi, brāhmaṇa, idha puriso āgaccheyya rājagahaṃ gantukāmo. So taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘icchāmahaṃ, bhante, rājagahaṃ gantuṃ; tassa me rājagahassa maggaṃ upadisā’ti. Tamenaṃ tvaṃ evaṃ vadeyyāsi: ‘ehambho purisa, ayaṃ maggo rājagahaṃ gacchati. Tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi amukaṃ nāma gāmaṃ, tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi amukaṃ nāma nigamaṃ; tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi rājagahassa ārāmarāmaṇeyyakaṃ vanarāmaṇeyyakaṃ bhūmirāmaṇeyyakaṃ pokkharaṇīrāmaṇeyyaka’nti. So tayā evaṃ ovadīyamāno evaṃ anusāsīyamāno ummaggaṃ gahetvā pacchāmukho gaccheyya.
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Qu'en penses-tu, brahmane? Suppose qu'un homme vienne, voulant aller à Rājagaha. S'étant approché de toi, il te demanderait: 'Je veux aller à Rājagaha, bhante. Montrez-moi le chemin qui mène à Rājagaha'. Tu lui répondrais ainsi: 'Hé bien, mon cher, cette route mène à Rājagaha. Suis-la pendant quelque temps, et lorsque tu l'auras suivie pendant quelques temps, tu verras un village; continue à la suivre pendant quelques temps, et lorsque tu l'auras suivie pendant quelques temps, tu verras une ville marchande; continue à la suivre pendant quelques temps, et lorsque tu auras continué pendant quelque temps, tu verras Rājagaha avec ses parcs agréables, ses forêts agréables, ses champs agréables, ses mares agréables'. Mais bien qu'il ait été ainsi instruit et conseillé par toi, il pourrait prendre la mauvaise route et aller vers l'ouest.
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| Atha dutiyo puriso āgaccheyya rājagahaṃ gantukāmo. So taṃ upasaṅkamitvā evaṃ vadeyya: ‘icchāmahaṃ, bhante, rājagahaṃ gantuṃ; tassa me rājagahassa maggaṃ upadisā’ti. Tamenaṃ tvaṃ evaṃ vadeyyāsi: ‘ehambho purisa, ayaṃ maggo rājagahaṃ gacchati. Tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi amukaṃ nāma gāmaṃ; tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi amukaṃ nāma nigamaṃ; tena muhuttaṃ gaccha, tena muhuttaṃ gantvā dakkhissasi rājagahassa ārāmarāmaṇeyyakaṃ vanarāmaṇeyyakaṃ bhūmirāmaṇeyyakaṃ pokkharaṇīrāmaṇeyyaka’nti. So tayā evaṃ ovadīyamāno evaṃ anusāsīyamāno sotthinā rājagahaṃ gaccheyya. Ko nu kho, brāhmaṇa, hetu ko paccayo yaṃ tiṭṭhateva rājagahaṃ, tiṭṭhati rājagahagāmī maggo, tiṭṭhasi tvaṃ samādapetā; atha ca pana tayā evaṃ ovadīyamāno evaṃ anusāsīyamāno eko puriso ummaggaṃ gahetvā pacchāmukho gaccheyya, eko sotthinā rājagahaṃ gaccheyyā ti? | Alors un deuxième homme viendrait, voulant aller à Rājagaha. S'étant approché de toi, il te demanderait: 'Je veux aller à Rājagaha, bhante. Montrez-moi le chemin qui mène à Rājagaha'. Tu lui répondrais ainsi: 'Hé bien, mon cher, cette route mène à Rājagaha. Suis-la pendant quelque temps, et lorsque tu l'auras suivie pendant quelques temps, tu verras un village; continue à la suivre pendant quelques temps, et lorsque tu l'auras suivie pendant quelques temps, tu verras une ville marchande; continue à la suivre pendant quelques temps, et lorsque tu auras continué pendant quelque temps, tu verras Rājagaha avec ses parcs agréables, ses forêts agréables, ses champs agréables, ses mares agréables'. Ainsi instruit et conseillé par toi, il se pourrait qu'il aille jusqu'à Rājagaha en toute sûreté. Quelle est la cause, brahmane, pour quelle raison, puisque Rājagaha existe, puisque le chemin menant à Rājagaha existe, puisque tu existes en tant que conseiller, y a-t-il un homme qui, bien qu'ayant été ainsi instruit et conseillé par toi, prend la mauvaise route et va vers l'ouest, tandis que l'autre va jusqu'à Rājagaha en toute sûreté? |
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Ettha kyāhaṃ, bho gotama, karomi? Maggakkhāyīhaṃ, bho gotamā ti.
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Que puis-je y faire, bho Gotama? Je ne suis que celui qui montre le chemin, bho Gotama.
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Evameva kho, brāhmaṇa, tiṭṭhateva Nibbānaṃ, tiṭṭhati Nibbānagāmī maggo, tiṭṭhāmahaṃ samādapetā; atha ca pana mama sāvakā mayā evaṃ ovadīyamānā evaṃ anusāsīyamānā appekacce accantaṃ niṭṭhaṃ Nibbānaṃ ārādhenti, ekacce nārādhenti. Ettha kyāhaṃ, brāhmaṇa, karomi? Maggakkhāyīhaṃ, brāhmaṇa, tathāgato ti.
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De la même manière, brahmane, Nibbāna existe, le chemin menant à Nibbāna existe, et j'existe en tant que conseiller. Certains
de mes disciples, ayant ainsi été instruits et conseillés par moi, atteignent la complète perfection, Nibbāna, tandis que d'autres ne l'atteignent pas. Que puis-je y faire, brahmane? Le Tathāgata, brahmane, n'est que celui qui montre le chemin.
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| Evaṃ vutte, gaṇakamoggallāno brāhmaṇo bhagavantaṃ etadavoca: | Lorsque cela fut dit, le brahmane Gaṇaka Moggallāna dit au Bhagavā: |
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Yeme, bho gotama, puggalā assaddhā jīvikatthā na saddhā agārasmā anagāriyaṃ pabbajitā saṭhā māyāvino ketabino uddhatā unnaḷā capalā mukharā vikiṇṇavācā indriyesu aguttadvārā bhojane amattaññuno jāgariyaṃ ananuyuttā sāmaññe anapekkhavanto sikkhāya na tibbagāravā bāhulikā sāthalikā okkamane pubbaṅgamā paviveke nikkhittadhurā kusītā hīnavīriyā muṭṭhassatino asampajānā asamāhitā vibbhantacittā duppaññā eḷamūgā, na tehi bhavaṃ gotamo saddhiṃ saṃvasati.
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Bho Gotama, les individus qui ont quitté sans conviction la vie de foyer pour la vie sans foyer, non par conviction mais à la recherche d'une situation, et qui sont frauduleux, trompeurs, agités, arrogants, versatiles, bavards, ayant un discours dissolu, qui ne surveillent pas l'entrée de leurs facultés sensorielles, qui ne sont pas modérés avec la nourriture, qui ne sont pas dévoués à la vigilance, qui n'attendent rien de la vie de renoncement, qui n'ont pas de respect pour l'entraînement, vivant dans l'abondance, négligents, les premiers à rechuter, ayant abandonné la tâche de l'isolement, indolents, de faible énergie, oublieux de la présence d'esprit, sans compréhension minutieuse, distraits, d'esprit vagabond, sots, sourds-muets,{1} bho Gotama n'est pas associé à eux.
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Ye pana te kulaputtā saddhā agārasmā anagāriyaṃ pabbajitā asaṭhā amāyāvino aketabino anuddhatā anunnaḷā acapalā amukharā avikiṇṇavācā indriyesu guttadvārā bhojane mattaññuno jāgariyaṃ anuyuttā sāmaññe apekkhavanto sikkhāya tibbagāravā nabāhulikā nasāthalikā okkamane nikkhittadhurā paviveke pubbaṅgamā āraddhavīriyā pahitattā upaṭṭhitassatino sampajānā samāhitā ekaggacittā paññavanto aneḷamūgā, tehi bhavaṃ gotamo saddhiṃ saṃvasati.
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Bho Gotama, les individus qui ont quitté par conviction la vie de foyer pour la vie sans foyer, et qui ne sont pas frauduleux, ni trompeurs, ni agités, ni arrogants, ni versatiles, ni bavards, n'ayant pas un discours dissolu, qui surveillent l'entrée de leurs facultés sensorielles, qui sont modérés avec la nourriture, qui sont dévoués à la vigilance, qui ont des aspirations dans la vie de renoncement, qui ont du respect pour l'entraînement, ne vivant pas dans l'abondance, n'étant pas négligents, voués à éviter la rechute, les premiers à s'isoler, énergétiques, résolus, d'une présence d'esprit toujours prête, doués de compréhension minutieuse, concentrés, d'esprit unifié, sages, qui ne sont pas sourds-muets, bho Gotama est associé à eux.
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Seyyathāpi, bho gotama, ye keci mūlagandhā, kālānusāri tesaṃ aggamakkhāyati; ye keci sāragandhā, lohitacandanaṃ tesaṃ aggamakkhāyati; ye keci pupphagandhā, vassikaṃ tesaṃ aggamakkhāyati; evameva bhoto gotamassa ovādo paramajjadhammesu.
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Tout comme, bho Gotama, la gomme noire est considérée comme le meilleur des parfums issus de racines, que le bois de Santal rouge est considéré comme le meilleur des parfums issus de bois, que le jasmin est considéré comme le meilleur des parfums issus de fleurs, de la même manière, l'instruction de bho Gotama est la plus haute parmi les enseignements d'aujourd'hui.
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Abhikkantaṃ, bho gotama, abhikkantaṃ, bho gotama! Seyyathāpi, bho gotama, nikkujjitaṃ vā ukkujjeyya, paṭicchannaṃ vā vivareyya, mūḷhassa vā maggaṃ ācikkheyya, andhakāre vā telapajjotaṃ dhāreyya: ‘cakkhumanto rūpāni dakkhantī’ti; evamevaṃ bhotā gotamena anekapariyāyena dhammo pakāsito. Esāhaṃ bhavantaṃ gotamaṃ saraṇaṃ gacchāmi dhammañca bhikkhusaṅghañca. Upāsakaṃ maṃ bhavaṃ gotamo dhāretu ajjatagge pāṇupetaṃ saraṇaṃ gata nti.
| Magnifique, bho Gotama, magnifique! Comme s'il avait remis en place ce qui s'était renversé, comme s'il avait révélé ce qui était caché, comme s'il avait indiqué le chemin à quelqu'un qui se serait perdu, ou comme s'il apportait une lampe dans le noir pour que ceux qui ont des yeux puissent voir les formes, de la même manière bho Gotama a clarifié le Dhamma de nombreuses manières. Je vais en refuge à maître Gotama, au Dhamma et au Sangha. Que maître Gotama m'accepte comme un disciple séculier ayant pris le refuge à compter de ce jour, et pour aussi longtemps que durera sa vie. |
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Note1. sourds-muets: eḷa-mūgā il s'agit vraisemblablement d'une référence à la pratique d'une secte particulière. Voir l'introduction de MN 152 pour un exemple de doctrine de ce type. d'après le travail effectué à partir du Pali par I.B. Horner et Middle length discourses of the Buddha de Bhikkhu Ñāṇamoli et Bhikkhu Bodhi. ———oOo——— Publié comme un don du Dhamma, pour être distribué librement, à des fins non lucratives. Toute réutilisation de ce contenu doit citer ses sources originales. |
